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cívílísatiun matérielle et morale, de la ricbesse ou de

l'aisan~e

publique et pri–

vée, le cercle du nécessaire -et de !'otile s'agrandit incessamment de tout ce

qu'il emprunte an superfla, au luxe proprement dit'? C'est ainsi, par exemple,

qo'une foule d'objets d'intérieur et de ménage, comme les bron.zes, les p(JrCe·–

laines, les verres

fa~onnés,

la vaisselle d'argent, qui, dans un temps, ont diil

passer pour unesomptuosité e><cessive,

á

l'usage des seules faroilles patricicnnes,

nous paraissent aujourd'hui un luxe tres-raisc;mnable, pnesque universel parmi

les populations

indu~trieuses;

un luxe en fin dont plus d'un échantillon brille

meme sur les tables ou une extreme frugalité est de rigueur.

·

De ce renouvellernent perpétuel, de ces variations du luxe, il résulte qu'on en

donne une idée fausse si ou le fait consister ahsolument dans la possession de

certaines ehoses déterminées, ou dans tels usa¡¡es, que le temps, 1'esprit d'imi–

tation, le penchant au plaisir, le désir inné du beau ct de l'a¡¡réahle, finiasen't

presque tonjours par vul¡¡ariser.

Prenons des exemples dans la vie commune ; Ún ornement de table, un me&s

délicat, un meuhle

a

la fois jeli et commode, un t; hleau, un livre

illustré,

une

bague, une pierre fine, une croix d'or, un nreud de ruhans, teutes ces choses et

mille autres n'o1lt sans doute pas l'utilité d'un hon mantean en hiver, ou d'un

bon haton..en voya¡¡e; elles ont l'utilité d'une rose donton aime

á

respirer le pa•–

fum, l'utilítéd'un berceau de feuilla¡¡esous lequel on va chercher la Craicheur; en

un mot, tout cela n'est qu'un supedlu a¡¡réable ou commode. C

'est.ce

supcrflu,

c'est ce luxe que chacun de nous aime, désire et espere; ce luxe auquel tou•,

riches ou pauvres,

a

tort ou

a

raison, nous sacrifions souvent le néccssaire lui–

meme. Pénétrez dans la mansarde de l'ouvrier le plus économe et le plus labo–

rieux, de l'ouvríer c¡ui nourritone famílle, et dont !'avenir repose sur les futnres

économies d'un salaire de 3 francs par jour; eh bien, n'en doutez pas, vous le

surprendrez en fla¡¡rant délít de luxe : sur une table misérablement servie, voll's

trouverez peut-etre un couvcrt d'ar¡¡ent; sur une chcminée, dont le foyer en

hi•ver n'est pas toujours bien ¡¡arni de bon hoi> de hctrc ou de cho':ne, vous trou.–

verez des vas-es et des fleurs

; .....

ct vous-m

Cmes,

moral istcs sévCres, ne

faites–

vous pas un peu comme Séneque le pbílosoplte, quí écrívít, dít-on, son trait é

de la Pauvreté

sur une table d'or ?....

Si le ruxe doit ctre hanni du monde, prouvez-nous done d'abord qu'il

e~t

dans la nature de l'homme de se contentcr du nécessairc. Vous ne ferez jamais

cette preuve, paree que l'instinct univcrsel la détruit

a

!'avance; cet ínstínct

qui se révele dans tous les siéclcs et chez tous les peuplco, memo ehez les sauva–

ges, que l'on voit décorer lenrs armes, orner leurs fronts de plomes, et

seta-

l

toue¡·

la figure et les memhres.

Sparte et Rome pt·imitives, que l'on cite souven t, sont de ¡¡randes exceptiono

qui hrillent par leur isolement et par leur si n¡¡ularit é momc daos l'histoire du

monde; et ne savez-vous pas d'ailleurs combien d'étr·an¡¡cs aberrations et

d'actes sauvages s'y melent au>< plus nobles exemples ? Rome, quand elle com-