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épithete aggravantc. Pour moi , ces dcux termes

r~présentent

dcux idées qui

s'avoisinent, qui ont un príncipe

comín.un

, mais qui diffcrent notablemcnt

dans leur application. :En cfl'ct, la

sompt~osité,

c'est plus que le luxe; c'cn est

la splendeur; c'est, en d'autres termes, le luxe et la magnificence.

· .Non, le luxe, dans sa généralité, n'est pas quelque chose d'aussi exorbitant,

d'aussi malfaisant qu'on le pense. L'ídée usuelle, l'idée vraie de ce mot, qu'on

a guossi de tant d'iniquités, est simplement l'idée d'un

superflu

agr·éable 6u

commode,

l'idée du heau, du joli et du comfortable, dans ses rapports avec les

vetements, la table, l'aiJleublement, les fétes et les réunions publiques ou pri –

vées. Si cette définition est exacte, on le voit, le

luxe

et les

arts

ont ensemble

un grand !!ir de parenté ; on peut meme affirmer,

a

l'encontre de bien des ob–

jections spécieuscs, qu'ils sont de la meme famille et ne demandent qu'a vivre

en bonne intelligencc. Et, en effet, occuper agréablement ses sens, se délasser

ou s'afl'ranchir, par des moyens faciles et attrayants, des fatigues physiques; dis–

traire et reposer son intelligence des labeurs de la vie positive ; réconfol"ter les

creurs si p,rompts

a

s'affaisser sous le poids des miseres sociales; tons ces be–

soins, je ne dirai pas factices, mais de sccond ordre, dont la nature a créé le

germe, et que la civilisation développe; tous !ces besoins et d'zutres encare

trouvent un aliment, une satisfaction, une jouissancedans les créatiom des beaux–

arts, dans les perfectionnements de !'industrie, et dans ce hue en fin sans lequel

on existerait sans doute, mais qui certes n'est pas inutife au bien-etre ·et au bon–

beur de l'bomme. Aussi il y a-t-il autant de vérité que de finessc dans ce mot de

Voltaire :

Le superOu, chose si nécessaire

!...

' En se

pla~ant

au point de vue économique, on a fait consister le luxe dans

toute dépense improd,/ctive ou

maladroite;

~t on

a cité pour exemplcs un bomme

qui aurait dans son écurie de superbes chevanx dont personne nc fcrait usage ,

et ce fou d'Abringhton, qui paya d'avance et lit briscr tout un magasin de por–

celaincs"pÓur iouer un mauvais tour

a

des dames. En vérité, cst-cc la du luxe?

non ; cela mérite une antre qualification : ce sont des depcnses absurdes ; ce

sont des actes de folie; et le gout du luxe, rneme

el

u faste, n'a jamais passé, que

je sa.:be, pour un signe d'alienation mentale.

En généra.l , l'idée de luxe est purement

re/ntive.

E ntre

le l11xe

et

l'aisance,

la

limite varíe sans cesse, selon les individus, selon les lieux, selon les temps.

Je dis selon les individus, car ce qui serait de luxe pour un [bomme d'une

l'ortune ou d'une r?sition médiocres est souvent d'utilité réelle , de nécessité

mcme pour l'homme d'une fo¡·tune ou d'une position plus relevée; et certes,

les exemples nc me manqucraient pas, si je voulais montrer tous les besoins di–

vers et sérieux qu'enlimte et justifie une imagination active ou cultivée, ou une

1ongue habitnde debien·etre.

·

Selon les licux

et

selon les tcmps :

n'est·i~pas

avéré qn'avec les progres de la