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encore; et le courage ne cessa point d'etre une vertu nationale aux tcmps de

Lucullos, de César et des premiers empereurs!

Enfin, sans vouloir ici faire une apologie sans réserves, la France, au

XVII•

siecle, n'était-elle pas glorieuse et respectée, alors que le grand roi étalait sa

magnificence aox regard&. éblouis des ambassadeurs étrangers, et que sa guer–

royante noblesse passait avec une indifférenceJ1érolque des soirées de sa cour

a

la vie des camps et

a

la tete de ses armées ?

Péricles, Auguste, Louis XIV,

ti'Oi~

grands noms, trois grands siecles, qo'il

suffit de nommer pour prouver que le luxe, qui suit toujours la prospérité

des lettres et des arts, n'est inconciliable ni avec la gloire des armes, ni

av~c

la puissance politique! E t pour dore cetle revne rapide des sommités de l'his–

toire, ne pourrai-je invoquer encore les souvenirs .d'une période contemporaine,

la plus glorieuse de toutes pour la France, celle de l'Empire; et un grand nom,

le plus grand de tous, celui de Napoléon? Certes, Napoléon, dont le génie,

politique et organisateur antant que militaire, n'ignorait point les secrcts res–

sorts de la vie et de la force des peuples, Napoléon ne fut pas un proscripteur •

du luxe.

11

est seécicux sans doute de faire co·incider la décadence des Romains avec

les débordements de la corruption, et de montrer le luxe s'élevant

a

son apogée

sur les déb1·is sanglants de l'empire; mais la conclusion que l'on tire de ce

rapprochement historique n'est point lo¡¡iquement vraie. Non ; ce n'est pas

dans les progrés du luxe, c'est dans l'affaissement graduel de la foi religieuse,

du droit civil, de la constitution fondamentale et organisatrice de la société

romaine, qn'il faut voir le- príncipe dissolvant de sa chu te. Le jour o

u

l'on osa

douter que des augures pussent se regarder saos rire, ce jour-la Rome commcn–

c¡ait

a

s'aiTaiblir;

il

mesure que les liens religieux, politiques et moraux de la

cité se rclacbaient, la sensualité se trouvait peo

a

peu dégagée de se; entraves,

et elle devait bientót régner sans con tre-poids. C'est la, du •·este, la loi com–

mune de toute société

a

son déclin: des que

l'espril

abdique,

la maliere

se fait

souveraine;

a

la Joi morale succede fatalemen t l'anarchie des appétits sensuels,

et les désabusés sont bientót en proie

a

tous les raffinements de l'égolsmc.

A

insi la plus grande crise sociale des temps modernes s'annonqa par les mémes

S)'mptómes : tandis que le dépérissemcnt des príncipes et des institutions qui

avaient fondé, soutenu, élevé la monarcbie

fran~aise,

la conduisait naturellement

et nécessairement

a

oa fin, les mreurs cédaient

a

la méme et fatale impulsion; et

comme la société romaine avait disparu, absorbée par l'iuvasion des Barbares,

la société fran<;aise aurait clisparu peut-etre, sans la révolution qoi vint la ré–

générer en appelant

a

la vie politique tout un monde nouveau. Au

V•

siecle,

les Barbares; au

XVJli<

siecle, le tiers-état; ainsi marche la civilisation.

Je me resume, en tirant des considérations que je viens de développcr une

conclusion bien simple: c'est qu'il l'égard da luxe, comme

a

l'égard de toutes

le!

cbo~es

Lumaines, il ne faut proscrire, mais proscrire séveremont, (¡ue l'abus.