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586

P. RIVET,

Chose c¡¡rieuse, c'est le mot

kunwra,

et

non ie mot

apiéa,

que les mission·

naires adoptérent et qui, de ce fait, pénétra dans toutes les régions ou ils introdui·

sirent le Kicua dans un but d'évangélisation. C'est ainsi qu'en Kicua ou lnga de

I'Ucayali, de Maynas et du haut Caquetá, la patate est appelée

kumal (105; !07;

96,

11, 377;

86),

exceptionnellement

kumai

[en Kicua de l'Ucayali, d'aprés un seul

informateur (

86)

J.

En résumé, la patate douce est désignée dans !out le domaine septenbional

du Kicua sous le nom de

kamal, kumar

ou

kumal,

tandis que, dans le centre et le

sud du domaine, le mot

apiéa

est seul usité.

Ce

n'est que dans la vallée du bas

Urubamba que les deux formes cceX'istent.

L'identité du premier de ces termes avec le mot polynésien est si évidente

qu'on pouvait se demander si le mot n'avait pas pu pénétrer, postérieurement

á

la

découverte, de Polynésie en Amérique, de meme que les Espagnols ónt introduit

dans certaines langues du Pacifique, par exemple dans le Subanu de Mindanao,

le mot mexicain

camote

(37,

185), devenu

kamut,

aux iles Marianes (Guam)

(20,

530).

Une telle explication est exc!use par le fait que le mot est attesté en cquateur

dés 1582, comme je l'ai indiqué. Nous savons d'ailleurs en toute cerlilude que la

patate douce existait

en

Amérique

á

l'arrivée des Espagnols. CóMARA signale,

parmi les produits du Nouveau Monde rapportés par CoLOMB aux rois d'Es·

pagne, lors de son premier voyage, des

batatas

(77,

167), ÜVIEDO les cite égale·

ment parmi les productions de Haiti

(90,

!,

273- 274), et enfin, REISS et STOBEL

ont trouvé un tubercule de cette plante dans une tombe précolombienne

á

Ancon

(53,

184).

Nous savons de meme que la patate douce existait en Po!ynésie avant

I'arrivée des Blancs, et le role primordial qu'elle jouait dans la vie sociale et dans

les mythes de !out l'archipel océanien démontre que son introduclion y remonte

á

un lointain passé

(29).

L'identfté du nom de cette plante dans les deux régions ne peut done s'expliquer

que par des rapports précolombiens, l'hypothése de la coincidence devant etre exclue

en toute logique.

FRJEDERICI

(40,

202;

39,

164) a signalé également une ressemblance entre

le nom de l'igname, du taro et de la patate dans le domaine océanien

8

et

celui de la

patate dans la langue Mocika ou Yunga de la cote péruvienne.

Voici les faits étudiés en détai1:

Dans le groupe océanien, les noms de l'igname, du taro (Colocasia esculenta)

et de la patate se présentent sous les fom1es suivantes (2/, 316;

22,

180, 213, 266;

99,

94, 96;

l/5,

573;

97,

412, 501, 503;

40,

202;

67,

64;

66,

108;

37,

121 , 148;

87,

195-196;

47; 98; 122,

l, 225):

8

j'emploie a dessein ce mot

«océanicn»,

qui correspond

au vaste

groupe

dans

lequel j'ai réuni la famille austrienoe de W.

ScnMIDT

et

I'Australien

(104).