R.elatlons commerclales précolombiennes entre I'Océanie et l'Amérlque.
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On a signalé maintes fois la découverte, en différentes régions de 1'Amérique,
d'objets de facture nettement polynésienne ou mélanésienne
10 .
Deux massues de
pierre, qu'on dénomme en Polynésie
pa!u-pa!u
ou
meré
ont élé découvertes, !'une
dans un mound du Colorado
(109),
l'autre au Pérou
(102,
pi. XXX III, fig. !) '
6
;
des massues de bois, identiques aux massues des iles de la Mer du Sud, ont été
lrouvées au Pérou el chez les T!inkit
(69; 82) ;
un masque, qu'on pourrait supposer
provenir de la Nouvelle-Irlande, a été exhumé d'une antique sépulture de la
cóte d'Aiacama
(81,
11, pi. XI, fig. 2).
Ces trouvailles, sur l'authenticilé desquelles j'avais a-u devoir émettre des doules
(103,
143), peuvent s'expliquer par des arrivées accidenlelles d'Océaniens en Amé–
rique. J'en dirai aulant de la découverle, rapportée par le P. SIMóN
(111 ,
1, 21),
d'un baleau de forme inusilée dans une fouille pres du Callao, au Pérou.
Mais l'introduction de mots nouveaux ne saurait s'expliquer de la meme
fa~on.
Elle suppose en effet des relations plus intimes, sinon réguliéres.
Si beaucoup d'elhnologues el de géographes modernes paraissent avoir reculé
jusqu'ici devant cette idée, c'est, je crois, paree qu'on s'est habitué
á
considérer le
Pacifique, au moins
á
l'est de l'fle de Paques, comme un océan vide, el, d'une
fa<;on plus générale,
a
penser que les voyages par mer n'ont pu etre réalisés qu'á une
époque relativement tardive. C'est, selon moi, une grande err.eur. Mes études
récentes sur le Monde océanien
(104)
m'ont conduit
a
la conviction que l'homme
a été de tres bonne heure un navigateur
et,
en vérité, la raison en est tres simple. La
plus mauvaise embarcation, le plus simple radeau lui fournissaient un puissant
mode de portage, dont
il
ne devait trouver l'équivalent sw· terre que
trés
tardive–
ment, puisque nous savons aujourd'hui, griíce aux beaux travaux du Commandant
LEFEBVRE DES NoiirrEs, que l'utilisation rationnelle de la force motrice animale est
une invention quasi modeme (71).
En oe qui concerne la cóte occidentale de 1'Amérique du Sud, on sait qu'elle
était le siege d'un IJ·afic commercial maritirne intense dont l'archéologie el l'histoire
foumissent des preuves multiples
(120,
46-47, 257-259, 273- 274).
Ce
tra!ic
utilisait des bateaux, appelés
balsas
par les Espagnols
17 .
C'est par les échanges
lG
]e laisse de cóté les similitudes culturelles générales entre les civilisations arné–
ricaines et océaniennes, que j'ai étudiées ailleurs
(103),
et qui démontrent l'existence d'un
lien ethnique entre les deux continents. lci, je ne retiens que les faits sporadiques qui
manifestement ne résultent que d'uu simple contad entre les populations.
18
IMBELLONI
en a signalé d'autres exemples et émis l'hypothese ingénieuse que
les
objets, appelés «ciefs céphalomorphes», découverts au Chili et dans les régions adjacentes
de la République argentine
(46,
444, fig. 2;
BfJ,
363, fig. 103;
70;
2, 26, fig. 1;
73
1
!55.
lig. 4, 158, pi. IX, no. 4;
100,
70- 91, pi. 1- JV), dérivent de
c<s
meré
(64).
11
La
balsa
était un radeau fait de poutres d'un bois tres Jéger (Ochroma pisca–
toria); le nombre de ces poutres était impair: il
y
en avait communément cinq et quel–
quefois sept, neuf et plus. Elles étaient fixées sur deux autres poutres transversales et
lr.urJongueur
~.llait
en décroissant du centre vers les bords du bateau, de
fa~ou
a
dessiner
une proue; du cóté de la poupe au contraire, elles venaient finir sur un méme plan, en
sorte que !'ensemble avait la forme d'une main ouverte, suivant la comparaison expres–
sive des anciens auteurs. Sur ce premier plancher, on en construisait un second, un peu