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P. RIVET,
douce, I'igname (Dioscorea) (dont la feuille et le tubercule ressemblent á ceux de
la patate), ou une plante voisine: Plectranthus tuberosos, sont désignées par des
mots qui peuvent bien etre apparentés
á
kumara
du Polynésien
1
(1 12,
11,
762-763;
20,
529;
122,
!, 240, 261-262) :
lgname cultivé
lgname sauvage
Patate douce
Dioscorea alala:
Plectranthus tuberosus:
1
kembili, kemili,
en Malais
kemili,
en Tembi, Darat el Jelai (Sakai)
kemili',
en Serau (Sakai)
kemarung,
en Sakai de Pahang
J
kemahang,
en Malais
)
kemhang,';_en
Siímang de Kectah
l
gumbili,
en Malais (de
1520)
gembulu,
en Gajoosch
kumadjang,
en Javanais
kambar,
a
Madagascar
kumeli, gumeli,
en Sundanais. ·
Pour é!re complet, je citerai les concordances qui j'ai, relevées avec deux
langues papou de la Nouvelle-Ouinée: en Oosisi, le mol
gameru
designe l'igname,
et en Namau, le mol
omera
le taro (Colocasia esculenta,
ScHOTT),
qui est également
une plante á tubercule
(97,
41 O, 412).
Quoi qu'il en soit de la filiation de ces différents mots, le fait certain est que
la forme
kumara
est nettement el exclusivement polynésienne et qu'elle est pan–
polynésienne.
En Kii'ua, les choses se présentent différemment. Le niot n'appartient pas.
á
tout le domaine de cette langue; il est limité aux dialectes septentrionaux, le
Cini'aysuyu et le Kiteño, les parlers méridionaux et centraux employant un nom
tout-á-fait différent,
apiéu.
Le premier texte, ou la forme septentrionale est attestée, est une relation du
5 juin 1582 sur la région de Cañaribamba (!Oquateur), oú, dans l'énumération
des plantes cultivées par les indigénes, on lit:
«comoles, que quiere decir camotes
2
»
(101,
Jll,
186).
En
1586,
dans un dictionnaire anonyme kii'ua (7), on h·ouve, á cóté du
mot
apiéu,
le mot
kumor,
avec la mention qu'il s'agit d'un mot dialecte i'ini'ay-
1
Suivant
WIENE"R
(122
1
I, 240), le mot a pénétré dans l'lnde:
kamalu,
Dioscorea
.alata (Bengali),
kmnmara,
Dioscorea aculeata (Teh1gu).
2
Camote
est le mot que I'Espagnol et l'Hispano-américain ont emprunté au Na–
:ltuatl, pour désigner la patate douce. D'autres mots indiens ont
été
adoptés par les con–
quérants: le plus connu est
batata,
emprunté a la langue de Halti, qui a donné un doublet:
patata,
qui désigne actuellement la pomme de terre; les autres n'ont eu qu'un ernploi
éphémere et localisé; tels sont
boniato, boniato, buniota, buniato,
de la langue de Haiti
(devenu parfois
moniato), cháco
du Caymas ou
c!tácu
du Kumanagot (langues karib).
.(106,
29-34;
44,
10, 13).