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584

P. RIVET,

douce, I'igname (Dioscorea) (dont la feuille et le tubercule ressemblent á ceux de

la patate), ou une plante voisine: Plectranthus tuberosos, sont désignées par des

mots qui peuvent bien etre apparentés

á

kumara

du Polynésien

1

(1 12,

11,

762-763;

20,

529;

122,

!, 240, 261-262) :

lgname cultivé

lgname sauvage

Patate douce

Dioscorea alala:

Plectranthus tuberosus:

1

kembili, kemili,

en Malais

kemili,

en Tembi, Darat el Jelai (Sakai)

kemili',

en Serau (Sakai)

kemarung,

en Sakai de Pahang

J

kemahang,

en Malais

)

kemhang,';_en

Siímang de Kectah

l

gumbili,

en Malais (de

1520)

gembulu,

en Gajoosch

kumadjang,

en Javanais

kambar,

a

Madagascar

kumeli, gumeli,

en Sundanais. ·

Pour é!re complet, je citerai les concordances qui j'ai, relevées avec deux

langues papou de la Nouvelle-Ouinée: en Oosisi, le mol

gameru

designe l'igname,

et en Namau, le mol

omera

le taro (Colocasia esculenta,

ScHOTT),

qui est également

une plante á tubercule

(97,

41 O, 412).

Quoi qu'il en soit de la filiation de ces différents mots, le fait certain est que

la forme

kumara

est nettement el exclusivement polynésienne et qu'elle est pan–

polynésienne.

En Kii'ua, les choses se présentent différemment. Le niot n'appartient pas.

á

tout le domaine de cette langue; il est limité aux dialectes septentrionaux, le

Cini'aysuyu et le Kiteño, les parlers méridionaux et centraux employant un nom

tout-á-fait différent,

apiéu.

Le premier texte, ou la forme septentrionale est attestée, est une relation du

5 juin 1582 sur la région de Cañaribamba (!Oquateur), oú, dans l'énumération

des plantes cultivées par les indigénes, on lit:

«comoles, que quiere decir camotes

2

»

(101,

Jll,

186).

En

1586,

dans un dictionnaire anonyme kii'ua (7), on h·ouve, á cóté du

mot

apiéu,

le mot

kumor,

avec la mention qu'il s'agit d'un mot dialecte i'ini'ay-

1

Suivant

WIENE"R

(122

1

I, 240), le mot a pénétré dans l'lnde:

kamalu,

Dioscorea

.alata (Bengali),

kmnmara,

Dioscorea aculeata (Teh1gu).

2

Camote

est le mot que I'Espagnol et l'Hispano-américain ont emprunté au Na–

:ltuatl, pour désigner la patate douce. D'autres mots indiens ont

été

adoptés par les con–

quérants: le plus connu est

batata,

emprunté a la langue de Halti, qui a donné un doublet:

patata,

qui désigne actuellement la pomme de terre; les autres n'ont eu qu'un ernploi

éphémere et localisé; tels sont

boniato, boniato, buniota, buniato,

de la langue de Haiti

(devenu parfois

moniato), cháco

du Caymas ou

c!tácu

du Kumanagot (langues karib).

.(106,

29-34;

44,

10, 13).