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VOYAGE
principales. Mais entre ces plats s'étalaient
a
profusion
ce que j'appellerai les entremets pour me conformer
a
notre vocabulaire gastronomique. Ces entremets se com–
posaient de taro, de poisson sec, de poyé, et enfin du
Jouaou, ragout favori fait avec les jeunes tiges et les feuilles
parfumées du taro et qui donnait son nom
a
la fete.
«
Jusque-Ia rien qui s'écartat le moins du monde des
habitudes locales; c'était , on le voit, un diner tout
sandwichien. Mais les botes de la table royale étaient
des Européens;
il
fallait bien que quelque chose leur
rappelat les productions de leur pays l elles furent repré–
sentées par les boissons qu 'on servit avec une libéralité
toute princiere : les 'vins de Bordeaux , de Porto et de
Madere remplissaient incessamment les coupes des con–
vives; ils étaient servis par des Kanakas qui entouraient
la table en grand nombre, épiant le moindre signe et se
disputant la faveur d'etre nos échansons .
«
Les hauts personnages de la cour faisaient les ho11-
neurs du festin; leur empressement
a
nous servir de
tous les mets qui figuraient devant nous témoignait de
leur désir de
n~us
etre agréab1es; mais,
a
la dimension
des morceaux dont
ils
chargeaient
n.osassiettes, nous
dumes supposer qu 'ils avaient de notre appétit une idée
fort exagér ée. Un d 'eux m'offrit, entre autres choses, un
quartier de cochon qui eút pu figurer chez nous comme
un tres-beau r óti dans un diner de quinze
a
vingt cou-
erts
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l\'I.
Fisquet , journal particuli1::1"