CHAP. IIL - DÉCOUVERTE DE LA BEAUTE DE LA NATURB. 2l
accompagner par des amis ou par des connaissances.
Pétrarque n'emmena que son plus jeune frere et deuI
lJaysans pris dans le dernier endroit ou
iI
s'était reposé.
Au pied de la montagne, un vieux berger les conjure de
relourner sur leurs pas, leur disant qu'iI
y
a einquante
ans n a fai t la méme tentative, et qu'il n'en a rapporté
que des regrets, des membres brisés el des habits en
lambeaux ; qu'avant eetle époque el depuis, personne n'a
plus osé affl'onter les dangers d'une lelle enlreprise.
Mais i1s avancent au prix de fatigues incroyables jus–
qll'a ce qu'ils voient les nuages floller a leurs pieds, et
atteignent le sommet. On s'attend, mais en vain,
a
une
descl'Íption détaillée du panorama qui se déroule sous
les yeux des hardis vo yageurs; on ne lrouve qu'une
nomenclature sommaire des principaux points qu'ils
aper¡;oivent. Le poete ne fait pas le tableau du paysage
qu'il a vu, non qu'n soit insensible a la beauté de
ce
spectacle, mais paree que l'impression qu'il en a ressentie
est par trop forte. Toute sa vie passée, avec toutes les
folies qu'il a commises, se retrace
a
son imagination;
i1
se rappelle qu'i1
y
a dix ans, jour pour jour,
il
a quitté
Dologne, el jette un regard plein de regret vers la loin–
taine Halie ;
H
ouvre un pelit livre qui, en ee temps-Ia,
l'acco:upagoait partout, les
Confessions de saint
Augustill,
et ses yeux tombent sur ce passage du dixieme chapitl'e:
" El
les hommes vont admirer les hautes montagnes,
les flots de la mer qui s'agitent au loin, les torrenls qni
roülent avec fracas, l'ilDmense Océan et le cours des
astres, et i1s s'oublient eux- mémes dans cette contem–
plalion.
l)
Son frérc,
á
qui
HUt
ces lignes, ne peut com–
prendrc pourquul
11
fermc ensuite le Iivre et garde le
silence.
Un cel'taln nombre d'années plus tal'd, vers 1360,