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PÉROU Et BOt1VIE.

477

chacun de ,ces pays figurait

a

peu prea

pour moitié dans ce total. Suivant un

autre recensement qui date de 1581,

époque a laquelle le

mita

n'existait

p(ls légalement , la population mfüe

entre 18 et 50 ans, s'élevait au Pérou,

sans y comprendre Quito, le Tucuman

et. Buénos-Ayres, a

t,067,692.

Lapo–

pulation totale .du Pérou devait done

excéder

4

millions d'fünes. Vers la fin

du sieclc dernier, on ne comptait plus,

dans la vice-royauté de Lima, que

1,100,000 indigenes

(*);

si l'on ajoute

1,500,000 habitants pour les provinces

qui formaient la vice-royauté de Bué–

nos-Ayres, et 700,000 pour Quito, on

ne trouvera en somme que 3,300,000

individus pour toutes ces contrées

réunies; sur ce nombre les Indiens

figuraient pour plus des deux tiers,

c'cst-a-dire qu\ls étaient

2

millions et

dcmi , le reste se composant de sang–

melés

a

des degrés différents.

II

faut

dire que plusieurs autres causes de

dépopulation se sont ajoutées

a

celle

que nous avons signalée; ainSi l' sage

et l'abus des liqueurs fortes qui, sui–

vant Ulloa, firent plus de mal aux

Péruviens dans une seule année que le

travail des mines pendant un qoart de

siecle; ainsi la petite véroJe, qui lit

des ravages effrayants parmi ces tri–

bus

infor~unées;

il faut aussi tenir

compte d'nne épidémie, qui, en 1750,

dépcupla des villages entiers. Mais la

conscription pour les mines n'en a

pas moins été le fléan le plus redou–

table et le plus destructeur dans la

vice-royauté dn Pérou; elle a été pom·

les malheureux habitants de cette con–

trée ce que les célebres

Mamelucoes

et

d'autres aventuriers ont été pour les

peuplades indigenes du Brésil, ce que

l'esclavage a été pour les Indiens des

Antilles

(**).

(•) La population to tale du Pérou, en

1796, s'éle,·ail , sui,·<inl le

Yiag-ero

uni–

Persal,

a

r,4f15,000

ames.

(..) "Ce n'est pas autant le travail que le

changement subit de climat, qui rend la

mita

si

pernicieuse pour la conservation des

Indiens. Celle race d'hommes n'a point la

flexihilitéd'orgaoisation qui distingue l'Eu·

Le

repartimiento

était un privilége

accordé dans !'origine aux corrégidors

ou gouverneurs de districts, et qui

investissait ces fonctionnaires du droit

de fournir aux Indiens' a des prix

raisonnables , tous les objets néces-'

saires

a

leur conso_mmation. Ce privi·

Iése, guoique réglé et limité par une

101,

degénera, comme on pouvait le

prévoir, en un moyen de tyrannie et

d'exactfon. Les indigenes furent ex–

ploités par les ,autorités locales, avec

une rapacité et un cynisme sans pa–

reils. Non - seulement on les.

for~:iit

d'acheter

a

des prix énormes des mules

moribondes , des marchandises ava–

riées, et d'autres artícles de commerce

sans valeur, mais encore, chose pres–

que incroyable , on faisait entrer·dans

les approvisionnements qu'ils étaient

contraints d'acquérir au poids de l'or,

des rasoirs, des bas de soie, des lu–

nettes et des articles de luxe, alors

que les Espagnols savaient fort bien

gue les lndiens n'ont pas ou presque

p,as de barbe, qn'ils vont toujours

nu-pieds, qu'ils ont la vue excellente,

et que le luxe leur est étranger. La

perception du tribut royal offrait aux

corrégidors un a,utre prétexte

a

des

exactions odieuses ; et Les pretres , a

qui le salut des Indiens était confié,

leur enlevaient le peu que leur laissait

l'insatiable cupidité des gouverneurs.

Cet.t~_ conduite

d.es

vainqueurs

a

l'é–

gard des Péruviens n'était pas seule–

ment criminelle aux yeux de

fa

morale,

elle était encore éminemment mala–

droite et impolitique; car

la

pátience

des peuples a des bornes, et les tyrans

payent cber quelquefois leurs caprices

despotiques.

Ici

se place le récit"de l'é–

vénement dont nous avons

parlé. En

ropéen. La santé de l'hon)me cuivré souffre

infiniment lorsqu'on le transporte d'un cli–

ma! chaud dans un climat froid , surtout

lorsqu'on le force de de<cendre du haut de

la Cordillere dans ces vallons étroits et hu–

mides

oii

parai_ssent se déposer tous les

mia

m~,s

des régions voisines. ,, (Humboldt,

Essai politiquc

sur

le 1·11yaume

de

la 1Vo11-

Yelle-Espague,

t.

1

1

p.

338 de

l'édition

de

1825.)