GUATEMALA.
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A Uxmal, comme dans la plupart
des villes ruinées de l'Amérique les
Indiens donnent
a
chaque
monur~ent
un nom particulier. Celui dont nous
·venons de parler s'appelle, dans le
pays,
la Casa del Anano,
ou la mai–
son du nain. Cette dénomination tire
son origine d'une légende merveilleuse
enco11e en crédit parmi les simples ha–
bitants de ces contrées.
II en est un autre que l'on suppose
avoir servi de couvent
a
des religieu–
ses qui auraient passé leu r vie, comme
les vestales du Mexique,
a
conserver
le feu sacré. Pour cette raison , on
l'appelle
Casa de las Mo11¡jas,
ou
maison des nonnes. 11 est également
situé sur une élévation artificielle d'en–
viron quinze pieds de bauteur. Sa forme
est quadrangulail'e, et sa Jongueur est
de quatre-vingts pas.
11
offre
a
l'exté–
ri eur des ornements sculptés, sembla–
bles par leur richesse,
~urs
détails
· compliqués et leur caractere indétinis–
sable,
a
ceux dont il a été déjil question.
L'entrée principale est large et s'ou–
vre sur une belle cour couverte de
gazon , mais débarrassée des arbres
qui l'encombraient. La
fa¡;;ade inté–
rieure est beaucoup plus riche cl'orne–
ments et plus travaillée que ce]ie de
l'extérieur; elle est aussi mieux con–
servée. D'un coté regne une série
de pierres
a
facettes' scu lptées avec
godt et simplicité. A l'ex tremité de Ja
cour, deux serpents gigantesques, dont
les tt'ltes gisent sur le sol, s'enroulent,
dans des directions opposées, le long
de la ta¡;;ade.
En foce de la maison des nonnes est
un autre édífice bllti sur une plus pe–
tite élévation, offrant le méme carac–
tere, et connu sous la dénomination de
Casa de Tortugas,
a
cause des tortues
sculptées au-dessus de la porte. De
larges crevasses dans ses
mm·s
feraient
croire que ce monument a été ébranlé
par un
tremb lement de terre. II se
trouve a peu pres au centre des rui–
nes, et l'on y jouit d'une vue magnifi–
que.
Tout a cóté, et un peu sur la droite,
on apercoit un bMiment auquel on ne
parvient qu'en escaladant deux hautes
terrasses. Le corps du monument n'a
rien qui le distingue
es~entiellemenL
des autres; mais la
fa~ade
est sur–
montée d'un mur élevé, couvert d'or–
nements1 et ayant cette forme singu–
liere
_1_n_,_
I~
¡_
Cette disposition lui a fait donner
Je nom de
Casa de Palomos,
ou mai–
son des pigeons, désignation fondée
sur la ressemblance qu'il offre, a dis–
tance, avec un pigconnier.
Vis-a-vis s'ouvre une avenue bor–
dée de ruines, qui conduit
a
un mon·
ceau de pierres, tristes restes d'un
ancien monument; derriere ce
t¡¡~
informe,
011
découvre un grand édifice
précédé d'une cour dont le sol reten·
tit sous les pieds du voyageur. On a
constaté qu
1
il existait au·dessous de
cette cour un souterrain revétu de ci–
mer¡t, et qui a peut-étre servi de gre–
nier.
Mais le monument
le
plus remar–
quable d'Uxmal est celui que les
In–
diens nomment
la
rnaison du gou–
verneur.
C'est le plus vaste, le plus
digne d'attention, sous le rapport de
l'architecture, et le mieux conservé.
Il
est construit sur une série de terras–
ses superposées qui lui donnent une
assez grande élévation. La premiere,
en commencant pa'r la base, n'a pas
moins de six cents pieds de long et
cinq de hauteur. Elle est revetu
e
de
pierres, et se termine en une plate–
forme de vingt pieds de Jargeur, sur
laquelle repose une seconde terrasse
de quinze pieds d'élévation. La grande
plate-forme qui s'étend au-dessus est
cultivée par le propriétaire des ruines
et plantée en blé. A l'angle sud-est
~e
cette plate-forme on voit une rangée
de piliers arrondis, ayant dix-huit
pouces de diametre et trois ou quatre
pieds de haut; ces piliers occupent
un espace d'environ cent pieds en
longueur. On ne peut pas dire préci-
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