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t'T'.JJ'.'HVERS.

sément que ce soient

la

des colonnes,

mais on ne peut se refnser a consta–

ter l'apparence d'analogie. Ce sont,

du reste,

a

ce qu'il

p~rait, J~s

seul.s

fragments qui pourraient, a la n–

gueur, faire supposer que la

c~lonne

n'a pas été

incon,n~e

aux arcl!1.tectes

de J'ancienne Amerique. Au m1heu de

Ja terrasse, Je long d'une avenue qui

aboutit

a

une rangée de degrés, on

apercoit un autre pilier rond, brisé, et

dans"une position inclinée.

A deux cent cin9 pieds du bord de

Ja plate-forme, s'éleve un escalier en

pierre, large de plus de cent pieds,

composé de trente-cinq marches, et

conduisant a uue troisieme terrasse.

Celle·Ci est a quinze pieds au-dessus

, de l'autre, et

a

trente-cinq pieds du

ni veau de la plaine; et comme le pay–

sage environoant est parfaitemeot dé–

~agé,

la vue, du haut de cette vaste

eminence, se promene sur un superbe

panorama. II est évident que la seule

construction de ces terras es su,perpo–

sées a été un travail immense. C' est

sur la troisieme plate-forme que s'é–

leve le majestueux palais dont les ha–

bitants ont fait la

maison dn

gouver~

neur.

La fa<:ade a trois cent vingt

pieds de longueur. Sítué sous uo cli–

mat moins pluvíeux et dans un lieu

moins humide que Palenqué, cet édi–

fic;e a conservé ses murs presque aussi

intacts que quand ses botes l'aban–

donnerent ou furent exterminés. Tout

le batiment est en pi erre; il est nu

jtisqu'a la comiche qui regne au-des–

sus de la porte; mais dans le baut, il

est orné de sculptures aussi ricbes et

aussi bizarres que celles des autres

monumeots d'Uxmal. Bien loin de

po~voi.r reproc~rnr

a son plan et a son

execut10n arch1tecturale cette espece

d'étrangeté et de barbarie qu'on ob–

serve dans d'autres palais en ru

ine,

on remarque dans ses proportions

u.ne

grandeur et une symétrie tout a

fait

conformes aux saines regles de l'art.

En contemplant cette maa nifique cons–

truction , il est

impossibl~

de se persua–

der qu'on a dev.ant les yeux l'reuvre d'un

peupl6 dont l'épitapbe, tracée par les

historiens, l'accuse d'avoir été d'une

ignorance profonde en matiere d'art,

et d'avoir vécu jusqu'au jour de sa

destruction, d' une viegrossiere etsau–

vage. A coup sur, d'aprcs le témoi–

gnage des voyageurs le plus vérid:–

ques, ce vaste palais peut soutenir la

comparaison, sous le rapport de l'ar–

chitecture, avec les restes de l'art

égyptien, romain et grec.

II faut signaler une particularité

qui constitue une singuliere anomalie

dans un monument aussi complet et

aussi régulieremenfi construit : c'est

que tous les linteaux étaient de bois.

Ces linteaux étaient des poutres pe–

santes, ayant huit ou neuf pieds de

long, dix-huit ou vingt pouces de

large, et douze

a

quatorze pouces d'é–

paisseur. Le bois en est excessivemeut

dur et résiste au couteau. Comment

e>.pliquer l'usage du bois dans un édi–

fice si

solidement bfiti en pi erre?

Serait-ce que ce bois ne se trouvant

que da ns le voi inage du lac de Péten,

et le transport en étaot aussi long que

difficile a une pareille distance, on le

considérait c6mme un objet de ourio–

sité, et comme un ornement digne de

Ja demeure des souverains? Quoi qu'il

en soit, le fait est bors de doute,

Ajoutons que la position des linteaux

leur imposai t Ja charge d'un mur de

quatorze

a

seize picds de hauteur sur

trois ou quafre d'épaisseur. I.l en de–

vait résulter qu'a la longue, quelle que

füt la dureté du bois, ils ploieraient

sous un pareil poids. C'est ce qui est

arrivé pour quelques-uns. 11 en est qui

sont brisés par le milieu, et soutien–

nent encore le mur, qui ne tardera pas

a s'écrouler; d'autres sont tombés,

entralnant dans

leor chute tout ce

qui reposait sur eux; enfin, quelques–

uns sont dévorés par les fourmis, et

seront bientót réduits en poussiere.

En réalité, si l'on excepte le couvent,

les dégradatious observées dans les

monuments d'Uxmal ont été, pour la

plupari, occasionnées par la destruc–

tion de ces poutrcs. Si les Jinteaux

avaient été de pierre, il n'est pas

douteux que

les principaux édifi–

ces ne fussent encore presque in–

tacts. 11 est évident que les construc-