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L'UNIVERS.
parvenus
a
une espece de plate-forme
ou ils pouvaient se réunir en peloton,
et faire usage de la tactique ordinaire,
les assiégeants attaquerent si vigou–
reusement l'ennemi. que le désordre
commenca
a
se mettre da ns ses rangs.
Quelques minutes a pres, les Espagnols
étaient sur le plateau supérieur; mais
lil les attendait un nouveau danger: ils
furent tout
a
coup entourés par un
corps d'Ind iens tenu jusque-la en ré–
serve. II fallait recomrnencer la lútte;
elle fut sanglante, mais de courte du–
rée. Les enseig11es espagnoles flotte–
r ent enfin sur la citadelle de Mixco.
Les vaincus se préci piterent en
foule, avec leurs femmes et leurs en–
fants, dans le souterrain dont leurs
anciens alliés avaient indiqué les issues
au général espagnol. Parvenue au bout
du passage, la troupe fugitive fut sur–
prise et faite prisonni ere par un déta–
chement aposté tout expres.
L e premier soin des vainqueurs fut
de détruire la citadelle, afin d'óter aux
Indiens
b
possibilité de s'y retrancher
de nouveau. La petite armée regagna
ensuite son qüartier général , répan–
dant partout, sur son ¡¡assage, la nou–
velle de son dern ier exploit.
r Tout le pays était soumis dans un
rayan tres-étendu, et dans toutes les
directions autour de Guatemala . Pedro
Alvarado crut avoir assez fait pour
son pavs, et résolut de retourner en
Espagne, pour raconter lui-meme a
l'empereur Charles-Quint ses rapides
conquetes. Mais comme il se disposait
a
partir, on lui
annon~a
que Fernand
Cortes venait d'arriver dans la pro–
vince de Honduras. C'était pour lui
un devoir d'aller présenter
á
son su–
périeur la nouvelle assurance de son
respect et de son dévouement.
11
par–
tit dans le courant de février
1526 ,
espérant revoir dans quelques jours le
conquérant du Mexique. A son arrivée
ii
Choluteca, il rencontra un détache–
ment de troupes espagnole8 venant
de Honduras, et
il
app1·it que Cortes
était retourné
a
Mexico. II ne pouvait
le suivre aussi loin; il reprit en con–
séquence le chemin de Guatemala.
Pendant son absence, le royaume,
qu 'il ava it laissé dans une tranquillité
parfaite, avait été le théatre des plus
graves événements. Ce pays, qu'il ve–
nait de tra verser si paisiblement, et
dont les habitants lui avaient rendu
les honneurs dus
a
son titre de cap1 -
taine général, il
le
retronvait en proie
a
une
agitati.onfiévreuse et animé des
sentiments les plus hostiles contre
tout ce qui portait le nom d'Espagnol.
Son étonnement fut extreme;
il
ne lui
fut pas diflicile de voir qu'il s'agissait
d'une insurrection générale; mais com·
ment ces populatio11s, naguere si rés1-
gnées' avaient-elles été poussées
a
la
révolte? C'est ce qu'il tui était h1ipos–
sible de deviner.
Voici, en résumé, ce qui s'était
passé pendant le court intervalle écoulé
depuis son
d~part
de Guatemala :
, Avant de quitter la capitalf' des Ka–
chiquels, Alvarado avait co11fié le gou–
vernement du royaume
a
son frére
Gonzalo. Celui-ci, homme cruel et
d'une avarice insatiable' voulut pro–
fiter de J'absence de Pedro pour s'en–
Fichir aux dépens des habitants. Parmi
les impots dont il les accabla, il en
est un qui mérite d'etre particuliére–
ment cité : il réunit deux cents en–
fants, de dix
a
douze ans, et ordonna
a
chacun d'eux de lui apporter, tous les
jours, 90 grains d'or. Les enfants se
rendaient bien au lien indiqué pour
leur collecte quotidienne, mais ils re–
venaient souvent avec u·ne provision
incomplete du précieux métal; alors
Gonzalo obligeait les parents des dé–
linquants, sous peine du deruier sup–
plice'
a
parfaire ce qui manquait. €e
despotisme cupide et d'autres cxactions ·
non moins barbares produisirent un
vif mécontentement parmi toutes les
classes de la nation. On menaca le
lieutenant
~ouverneur
de signaler ses
extorsions a son frere Pedro; mais
voyant que cette menace ne faisait au–
cune impression sur Gonzalo, on re–
courut au roi Sinacam ,
a
qui l'on
fit
un tablea
ti
lamentable de la · position
du peuple. Le monarque dépossédé,
qui
commen~ait
a
ouvrir les yeux
.s~r
les desseins des Espagnols, accue1lht
a1•ec empressement les doléances de