GUATEMALA.
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reta et considéra avec un étonnemmt
mel é d'admiration ' la beauté du si te
q~i.
se dé:oulait sous ses regards.
~
aspect p1ttoresque de ce li eu, les
r1cbes prairies qui
s'étendaient au
loin , arrosées par mille ruisseaux
d'eau vhe, les hautes montagnes qui
s'élevaient des deux cotés du pavsage,
et dont !'une laissait échapper 'ele ses
flan es d'innombrables
torrents écu-
01eux, tandis que l'autre était couron–
née d'une auréole de ílammes et de
fumée, toul Cl'la charma .i bien les
yeux et l' imagination des Espagnols,
qu'ils résolurcnt de s'établir
a
l'endroit
meme de leur halte. Aidés par les
Mexicains et les Tlascalteques qui les
accompagnairnt, ils commencerent les
premieres construclions. Le 25 juillet,
Jour de la fete de saint. Jacques, patron
de l'Espagne, les troupes assisterent
au service divin dans l'humble église
qu'elles avaimt élevée
a
la hate. La
fondation de la ville espa¡;nole fut cé–
Jébrée par des réjouissances qui dure–
rent trois jours consécutifs. Le 29,
les alcades et les régidors furent ins–
tallés; le
12
aout' les fooctionnaires
publics et d'autres personnes, au nom–
bre de quatre-vingt-dix- ept, furent
enregistrés comme citoyens. C'est
ainsi que
fut
fondér. la ville de
San
Jago de los Caballeros de Guati–
mala.
L'
Espagne était maitresse de
1'
Amé–
rique centrale ; qúelques centaines
d'hommes, aidés par de confiants
auxiliaires ,
la
lui avaient donnée.
Installée au creur du Guatemala ,
elle allait commencer
l'ex ploitation
de ce riche pays , qui promettait de
Jui payet· largement ses frais de con–
quete.
Dafls la seu le année 1524, Alvarado
avait soumis les trois principales nll–
tions du royaume, les Quicbes, les
Kachiqu els et les Zutugiles. Lepas le
plus difficile étai t fuit; il ne s'agissait
plus que de s'arrondir aux dépens
des voisins, comme un propriétaire
avide qui empiete frauduleusement sur
le domaine limitrophe.
L'année suivante ne fut pas moins
fructueuse; les indigenes eux-memes
s'empresserent de favoriser l'insatiáble
ambition des conquérants : au mo–
ment ou Alvarado révait de nouvenux:
succes et de nouvelles richesses, plu–
sieurs caciques de la nation des Pi pi Is
vinrent faire
leur soumission entre
ses mains. lis l'engagerent en meme
temps
a
punir quelques tribus de leur
nalion, notamment les Jndiens d'Es–
cuintla, de leurs intentions malveil–
lantes. Les Espagnols ne pouvaient
pas etre servis plus
a
souhait; l'é–
tr:rnge aveuglement des naturels allait
au-devant de leurs désirs. Une expédi–
tion fut aussitot organisée; elle se
composait d'une poignée de soldats
européens et <l'un corps nombreux
d'auxiliaires kachiquels. Cette partici–
pation des Indiens
a
toutes les entre–
prises qui avaient pour but de sub–
juguer lears compatriotes doit etre
remarquée. N'est-ce pas un spectacle
aussi si ngulier qu'affligeant de voir les
populations du nouveau monde aicler
les Européens
a
conquérir leur propre
pays, et verser leur sang au profit de
quelques aventuriers qui ne devaient
leur offrir, en compensation de leurs
sacrifices, que la servitude et la mi–
sere? On voit que les Espagnols ont
joint l'ingratitude
a
la cruauté et
a
l'avarice. C'est uq trait caractéristique
du tableau que nous esquissons.
La province d'Escuintla s'étend sur
l'océa n Pacifique dans une longueur
de trente-deux mvriametres sur douze
environ de largetÍr . La proie était di–
gne d'etre convoitée. Alvarado surprit
les habitants pendant la nuit et dans
leur propre vi llage. Néanmoins ils sou–
tinrent un combat de cinq heures qui
forr,a les troupes espagnoles
iJ
se reti–
rer:Le général eut alors la barbarie de
mettre le feu
a
la bourgade et de me–
nacer les lndiens de la tribu de rava–
ger leurs plantations de cacao et de
mais, s'i ls ne se renclaient pas
a
dis–
crétion. lntimidés par ces menaces, les
malheureux habitants d'Escuintla ac–
coururent se prostemer aux pieds des
agresseurs, qui prirent possession de
leurs demeures
a
moitié détruites. Pen–
dant les huit jours qui suivirent ce
fa–
cile triomphe, les populations des vil-