GUATEMALA.
· l'antiquité du Guatemala, les mreurs
des nations de ce pays n'avaient ri en
de. bien original : elles offraient un
mélange singulier de douceur et de
sauva~erie,
de simplicité grossiere et
de rccherche fastueuse. De pareils con–
trastes ne sont pas rares; l'histoire de
l'humanjté fournit plus d'un exemple
<le ce phénomene social; quelquefois
méme
011
a vu chez le meme peuple
les extrémes de la barbarie et de la
civilisation. La Chine pourrait
iJ
plus
d.'un titre fi 9urer dans cette catégorie,
car elle presente des contradictions
et des anomalies don t i
1
est di fficile
de se rendre compte.
I~a
civilisation du Guatemala n'é–
tait peut-etre pas de nature
a
fournir
une lougue carriere, mais elle aurait
assurem~nt
ménagé aux indigenes un
avenir moins douloureux que celui
que les Espng nols lui ont fait. Les
conquérants ont si cruellemeut abusé
du droit du plus fort, qu'entre leurs
mains
le cbristianisme , si favorable
aux progres de
l'esp~i t
bumain, s'est
changé en un
instrum~nt
d'oppressioo.
S'il est vrai, comme tout po l'te
a
le
croire, que pres de trente nations ,
toutes nombreuses et pleines d'éner–
gi~,
aient été autrefois répand11es ur
la surfoce de cette cootrée, on peu_t
e
faire une idée de la funeste influence
exerrée par la domination de l'Espa–
Bne, en considerant ce qui reste nu–
JOUrd' hui de cette ancienne popula–
tion. On dirait qu' un fléau destructeur
a passé sur ces tribus bell iqueuses et
n'a lai ssé apres lui que ruines et misere.
Il rst diffici le de trouver un spectacle
plus lameutable et plus significatif.
Ce qu'il a de poignant ressort enco1e
mieux en présence du bien-etre et du
luxe dont les maítres du pays se sont
réservé le monopole : d'un coté !'in–
du strie, la richesse, les jouissances de
In
civil isation, les raffinements de !'exis–
tence matérielle; de l'autre l'inertie,
l'i~norance
la plus déplorable, les pri–
vations, la vic sans es pérance et sans
lendemain. On peut appliquer
ü
I'
Amé–
rique centrale ce qu'un hommP. céle–
bre a écrit sur le nouveau monde en
général :
~
En Amérique, un voyageur
·-–
,.
qui part d'une ville principale ou l'état
social est perfectionné, traverse tous
les degrés de civilisation et d'indus–
tri e, qui vont en se débilitant succes–
sivement, jusqu'a ce qu'il arrive
a
la
cabane informe etgrossiere, construite
de troncs d'arbres récemment cou–
pés. Un semblable voyage est une sorte
d'analyse pratique de !'origine des peu–
ples et des États. On part de la réu–
nion la plus composée pour arriver aux
données les plus simples; on voyagc
en arriere dans l'histoire de l'esprit
humain, et l'on rencontre dans l'éten–
due ce qui n'est da qu'a la succession
des temps.
»
Nous dirions plutot qu'un
pareil voyage est l'étude de la situa–
tion désastreuse a laquelle l'égolsme
et la cupidité effrénée d'un gouverne–
ment peuvent réduire le pays le plus
propre a recevoir et
il
féconder les
germes de tous les perfectionnements.
INVASION DU GUATEMALA 1'..l.R LES ESl'A–
GNOLS,
ous sommes amenés par une tran–
sition naturelle au récit de la conquete
du Guatemala. Les circonstances de
cetévénement sontgénéralementmoios
connues que celles de l'invasion du
Mexique proprement dit : c'es t pour–
quoi nous consacrerons quelques dé–
veloppements
iJ
ce fait historique.
A l'époque ou Fernand Cortez char–
gea un détachement de son armée, sous
les ol'dres de Pedro Al varado, d'aller
conquérir le royau1ne de Guatemala ,
Ki cab Tanub, roi des Quiches, était
en guerre avec les Zutugiles et les
1\lams. La nouvelle de l'approche des
Espagnols le surprit au mili eu de ses
opérations n1ilitaires, et excita vive–
ment son attention. Son premier soin
fut de faire un appel
iJ
ses voisins et
de provoquer une coalition générale
contre l'ennemi qui
s'avan~ait;
mais
ses propositi ons furen t rejetées. Sina–
cam, roi de Guatemala, se vengea des
mauvais ¡irocédés de K.icab Tanub en
se rl éclara11t ouvertemeut !'ami et l'al–
li é des
te·ules
ou dieux (c'e. t ainsi que
ces peuples appelaient les Espagnols ).
Le roi des Zutugi les répondit fiere-