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L'UNIVERS.
diens de Quezaltenango qui les avaient
accompagnés; ils avaient découvert
que les hallitants d'Utatlan a\'aient le
projet de mettre le feu
a
la ville pen–
dant la nuit et d'exterminer les Espa–
gnols; ils savaient quede nombreux dé–
tachements d'ennemis étaient cachés
da ns les défilés voisins, pour tomber sur
les étrangers quand ils chercheraient
a
fuir ('incendie. Des indices certai11s
convainquirent Alvarado de l'exacti–
tude de ces renseignements. Il con–
voqua un conseil de guerre, et repré–
senta
a
ses officiers les dangers de
la siluation et la nécessité de quitter
la ville immédiatement. Quelques ins–
tants aprés, et sans aucune appnrence
d'agitation ni de crainte, les troupes
sortire11t en bon ordre et gagnerent
la plaine. On donna pour prétexte
a
ce brusque départ l'habitude qu'a–
vaient les chevaux de paitre en liberté
dans la campagne. Le roí, feignant
une grande bi enveillance et une cour–
toisie empressée, accompa¡!na l'armée
dans la plaine; il ne se doutait pas
qu'il courait
a
sa perte :
a
peine Al–
varado le vit-il
a
ses cotés qu'il le
fit
prisonnier, et apres un proc(js ·sorn–
maire dans lequel sa trahison fut com·
plétement prouvée,
011
le condamna
a
etr¡! pendu.
Le général s'était flatté que cet
exemple terrible frapperait
l'ima~ina
tion des sujets du monarque détunt,
et ·les déciderait
a
une soumission
sincere.
11
se trompait; la mort igno–
minieuse de leur roi ne
fit
qu'exalter
le ressentiment des Quiches. lis atta–
querent les Espagnols avec une fureur
inoule, et les assail11rent en meme
temps de tous cotés. 11 fallut employer
la mitraille pour balayer ces hordes
exaspérées. Le comllat ne dura pas
longtemps; les Indiens ne pouvant ré–
sister
a
l'artillerie qui les foudroyait'
se rendirent
a
discrétion, et implore–
rent la &énérosité des vainqueurs, qui
furent des lors les maltres de l'empire
d'Utatlan.
Cette derni ere victoire fut rempor–
tée le
14
nwi
1524.
Une petite cha–
pelle fut construite
iJ
la háte sur le
champ de bataille, et le lendemain,
jour de la Pentecote, Ja messe y
fut
célébrée solennellement. Ce fut l'inau–
guration du culte catholique dans le
G-uatemala.
Alvarado ne voulant pas priver la
race royale de Tanub du privilége de
l'hérédité, ou plutfü ne voulant pas
heurter les sentiments de la popu–
lation,
pla~a
sur le trone Sequechul,
successeur légitime de Chignauivcelut.
JI
séjourna une semaine
il
Utatlan, et
profita de ces quelques jours de re–
pos pour explorer et
soume~tre
le pays
environnant. Comme il s'y attendait,
d'apres les précédents dont nous avons
parlé, Sinacam, roi des Kachiquels,
luí énvoya des ambassadeurs chargés
de preter entre ses mains serment de
fidélité, et de luí offrir tous les se–
cours dont il aurait besoin. Le géné–
ral confia
a
Juan de Léon Cardona le
commandemerít d'Utatlan, et partit
pour Guatemala ª''ec une escorte de
deux mille Kachiquels pour éclairer la
route. Les E pagnols n'étaient µas
sans appréhension sur les intentions
de ces nouveaux alliés, mais ils ne
tarderent pas
a
reconnaitre que ces
craiiltes
n'~taient
pas fondées. Sina–
cam vint au-devant d'eux dans sa
li–
tiere richement ornée d'or et de
plumes de quetzals; les deux chefs
s'avancerent alors
a
la tete de leurs
troupes vers la capitale, située, sui–
vant l'historien Fuentes,
a
l'endroit
appelé aujourd'hui San -1\liguel Tza–
cualpa,
110111
qui signifie
ville vieille.
Les conquérants
re~urent
chez le mo–
narque
~uatémalien
l'accueil le plus
empresse, et gollterent un repos qu'ils
avaient aclieté par de longues fati–
gues.
Quelque
temps "apres, Al varado,
cédant aux conseils de
son hOte, en–
treprit de soumettre la
tril.Ju si belli–
queuse des Zutugiles. Il se dirigea
vers le village d'Atitlan, et trouva
l'ennemi prét
a
le rece,·oir. Deux ou
trois avantages sanglants sur les In·
diens suffirent pour assurer le- surcés
de l'expédition. Alvarado reprit alors
le cl1e111in de Guatemala. Arrivé le .24
juillet au lieu nommé Atmulunra, ou
Almolonga
(em' jaillissante),
il
s'ar-