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MEXI QUE.

guerre. Griice aux renforts qu'il avait

regus'

il

se voyait alors

a

la tete de

quatre-vingt-six cavaliers et .de huit

cents fantassins espagnols. On peut

évaluer

a

pres de cent mille hommes

ses alliés indiens. Il possédait trois

grandes pieces de siége en fer et quinte

f

>etites pieces-de campagne en bronze;

es boulets et les· halles ne luí man–

quai ent pas; sa provision de poucre

ne dépassait ¡i;uere un millier de Jivres.

Tels étaient ses forces et ses moyens

contre la puissa nte Mexico, oú pres de

deux cent mille habitants, guerriers,

.

vieillard~,

femmes et enfants, étaient

renfermés' bien résolus

a

s'ensevelir

sous les ruines de

le~r' ville.

Le siége

de cette grande cap1tale est Je plus

important événement de l'histoire du

no\Jveau monde, depuis l'époque de sa

découverte: Il donne, plus que tout

autre fait militaire, la mesure de l'é–

nergique désespoir des Azteques, dé–

fendant

a

armeS-inégales et pied

a

pied

leurs foyers domestiques. Plus que

tout autre aussi, il nous montre l'ha–

bileté de Cortes parvenu

a

réunir au–

tour de son drapeau tan de peuplades,

d'intérets si divers, de mceurs si dif–

férentes, employant avec art ces fa–

milli!s américaines arenverser ledernier

boulevard de leur indépendance, et la

moitié de l'empire mexicain

a

mettre

l'autre aux fers.

·

Avant d'entreprendre cette grande

attaque, le général espagnol renouvela

dans Texcuco l'or<lonnance qu'il avait

ja

publiée

a

Tlascala, pou.r le main–

tien de l'ordre et de la discipline. C'est

une pi ece curieuse pour le temps; elle

honore le caractere de Cortes; elle

atteste son humanité, son esprit de

justice. Il disait

a

ses soldats espagnols

et alliés : " ul d'entre vous ne blas–

phémera le nom de Dieu et de la ,

vierge Marie. Nul ne se prendra de

querelle avec son camarade, et ne por–

tera la main

a

son épée pour !'en frap–

per. Nul ne fera violence aux femmes,

sous peine de mort. Nu l ne s'emparera

de la propriété d'autrui. Nul ne punira

un Indien,

a

moins que cet Indien ne

soit son esclave. Nul ne pi llera sa mai–

son_,

a

moins que le général n'ait per-

mis le pillage._Nul Espagnol n'en usera

mal avec un allié américain, rnais fera

tout, au contraire, pour se 111aintenir

avec lui en bonne amitié. ,,

Le siége de Mexico ne ressemhla

¡JOint

a

ceux des places fortes de l'Eu–

rope . au commencement riu seizieme

siecle. La tactique européenne n'était

nullement applicable ici. Point de rem-·

parts hauts et épais, point de met1r-.–

triel'es, de tours crénelées, de dou–

jons, de pouts-levis. Mais une grand.e

vi lle ouverte, un.e .ville coupée de ca–

naux , baignée par ,les eaux d'un lac,

et ne tenant

a

la terre ferme que par

trois longues chaussécs. Ses m.oyens de

défense'

a

elle' étaient dans sa position

presque insulaire, dans les terrasses de

ses maisons, dans de,s fossés

profou.ds,

dans aes barricades' et surtout dans

qne immense et fanatique poeulatiou.

Déjil_, daos la nuit triste et sanglante,

nous l'avons vue employer avec Lo.n–

heur toutes les re3sources de la nature

de son terrain. Fidele

a

la meme tac–

tique, elle se boma, dans cette cir–

constance décisive,

a

l'

étend.re

sur une

plus grande échelle. Cortes partagea

son année, ,Espagnols et alliés , en

trois corps

a

peu pres

é~aux;

il en con–

fia Je commandement a ses meilleurs

lieutenants, Al va1:ado, Olid et Sando–

val; il fit occuper pa,r chacune de ses

di visions une des gr andes villes élevé1:1s

en tete des trois chaussées, les avenues

de la capitale. Ces points cmportés avec

vigueur, les assiégés se virent refou–

lés dans la place et séparés de Ja terre

ferme. Une autre opération prélimi–

naire Ieur fot plus fatale encore. Le

géuéral es¡Jagnol

fit

rompre les aque–

dúcs qui conduisaient

a

Mexico la seule

eau douce dont on y fit usage; entre–

prise hardie que les assiégés ne pu–

rent empecher' et dont Je succes. fut

comme le prélude des calamités qui

allaient fondre sur eux.

.

¡,e

30

mai, le jour de la

F~te-Dieu,

Cortes, qui s'était réservé le comman–

dement des brigántins et des troupes

qu' ils portaient, instruit de l'atrivée

ges différents corps aux points qu'ils

étaient ohargés d'occuper,

commen~a

l'attaqué du coté des lacs; sa flottille