Table of Contents Table of Contents
Previous Page  109 / 678 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 109 / 678 Next Page
Page Background

..

MEXIQUE.

99

prmce dO)'lt ils étaient les envoyés.

Moctezuma, confondu de cette accu–

sation inattendue et changeant de

couleur, soit qu'il fílt coupable, soit

qµ'il ressent1t vivement l'indignité .

avec laguell e on Je traitait, protesta

de son rnnocence avec une grande vi–

vacité de paroles.

11

prétend1t que les

Tlnculans avaient pu seu ls inventer

cette odieuse calomnie ; et pour ne ·

laisser nucun doute sur ses intentions,

et comme preu ve de sa loyauté, il char–

gea s\1r-le-champ deux de ses courriers

d'u ll er a Nauhtlan se saisir de Quauh–

popoca et de ceux: qui avaient trempé

duns le meu}·tre des Espagnols, et de

les amener de gré ou de force

il

Mr-xi–

co. Il remit aux: envoyés un anneau

qu'il portait au doigt, et sur lequel

était gravé le signe biéroglyphique dn

diei.J de la guerre, Hwtzilopochtli.

L'exhibition de cet arineau attest11it

la volonté supreme du rnonarque, et

devenait, entre les mains de l'envoyé,

Ja preuve de sa mi sion.

Les deux courr.iers partir11nt sur-le–

champ, et le roí dit

a

Coites : que

puis -je faire maintenant pour vous

prouver ma loyauté? Je ne la mets pas

en doute, répondit le genéral; mais

pour détruire daus l'esprit de Vüs su–

jets toute idée que l'a(faíre de Naubtlan

est votre ou1•ráge et rassurer en meme

temps mes compagnons d'armes sur

vos bo11nes intentions, abandonnez

votre demeure et venez habiter avec

nous. Li1, vous serez roi com111e dans

volre palais, et servi comme doit l'etre

'un grand monarque. Par cette démar–

che. mon souverain sera pleine111ent

satisfail, et mes soldats, fiers d'un tel

hon11eur, pourront trouver un abrí

so11s la protecLion c\eVoLre Majesté. A.

cette étrange proposition si arlificieu–

sement préscntée, le malheu;-eux roi

resta longtemps sans parler et pres–

que san mouvement. Ranimé par l'in–

dignotion, il répondit avec hauteur

que les personnes de son rang n'é–

tuient pas nccoutumées

a

se rendre

elles - memes prisonnieres, et que,

quimd méme il aurait la faiblesse d'y

consentir, ses sujets ne souffriraient

pas qu'on

fit

un pareil_affrout

a

lem·

souverain. Cortes voulant éviter les

moyens de violence' s'efforca

tou~·

a

tour de I'adoucir et de l'intimider. La

dispute était vj

ve~

trois heures s'é–

taient écou lées dans cette discussion ,

et tout délai devenait fatal, lorsque Ve–

lasquez de Léon, jeune hornme aussi

brave qu 'i mpétueux ' s'adressant

a

Cortes, s'écria de toute la rudesse de

sa ¡¡rosse voix: : "Pourquoi, général ,

dépensez-vous en vain vos paroles? Il

faut que cet Indien soit notre prison–

ni er ou qu'il meure; s'il résiste, je

vais lui plonger mon épée dans le cceur.

Pour nous, nous devons assurei· nos

vies ou les perdre aujourd'hui. "l\focte–

zuma, effrayé du ton de voix et de l'air

féroce de Velasquez, pria Marina de

lui expliquer le discours de cet Espa–

gnol. Celle-ci le

fit

avec toute l'adresse

d'un diplomate.

1

uComn;ié 1

1

otre sujette, ait-elle au roi

d'un air de candeur et d'intéret, je

désire qu'il ne vous arrive aucun mal;

muis, comme l'int•rprete d'e ces hom–

mes, je connais leur secret et leur ca–

ractere. Si vous vous rendez a leurs

désirs, ils vous traiteront avec hon–

neur, avec ce respect qu'on doit aux

11ois;

muis~¡

vous persistez dans votre

11efus, votre vie est dans le plus grand

danger; ils ne se feront uucun scru–

pule de vqus tuer

il

l'instant.

»

Cette

explication décida Moetezuma._Clrnque

jour, depuis l'arrivée des Espagnols,

son courage s'affaiblissait; les circons–

tances le dominaient; cette panique,

qui

dirigea.it

toutes ses résolutions,

allait' crois ant; il demeura convaincu

qu'il allait périr

su~

l'heure s'il n'o–

béissait, et, s'abandonnant

il

sa des–

tiuée, il se mit aux mnins des Espa–

gnols. (( Je

1116

confie

a

vous, leur dit-il;

allons, marchons, puisque les dieux

le veulent ainsi. •

fl

appela ses gens,

fit.

préparer sa litiere, et se rendit,

dans tout l'appareil de Ja puissance

souveraine, et sous la

~arde

sévere

drs com¡¡agnons de Cortes, au quar–

tier du général. Les gens de son ser–

vice, les seigneurs attachés asa per–

sonne l'accompagnerent en silence et

les !armes aux yeux. Toutefois , cette

douleur muette des grands de sa cour

7