EDIFIANTES ET CURIEUSES.
501
Salonique, ce qui ne se trouve apparemment..en nulle •
autre ville du monde; aussi y ont-ils plus de
libert~
et de priviléges que partout ailleurs. lls y vinreut
~r~
· grand nombre lorsqu'ils furent chassé d'Espagne ;
et avant que de s'y étahlir, ils envoyerent des dé–
putés
a
Constantinople pour obtenir des
condition~
avantageuses. Ils ne sont pas exempts du tribut gé
7
néral; mais on leur fait quelque grace, parce qu' ils
se sont chargés de fournir de gr?sses étoffes pour
hahiller
le~
janissaires. Ils ont le droit d'acheter
un~
certaine quantité de lainc avant qu'on puisse
e1~
vendre
a
aucun autre. Ce privilége leur rapportc u:i;,i
profit considérable. Ils forment une espece de
petit~
république ; ils ont entre eux une sorte de gouver–
nement et de juridiction, dont le chef est celui de
leur religion. Ils l'appellent le grand kakan. Ce
jug~
a ses assesseurs ou oonseillers choisis entre les prin–
cipaux de la nation. Ils recueillent eux-memes ct>rtain$
droits qu'exigent les Turcs, et ils taxent chacun seloi;i
ses facultés. Pour se mettre en état de payer ce$
tributs et de satisfaire
a
d'autres hesoins ' ils metlen,t
volontairement quelques impóts sur l¡i viande· et
l~
vin qu'ils achetent ; en sorte que ces denrées leur
coñtent plus cher qu'aux. Chrét.iens; enfin , ils ont
l\lle caisse commune pour parer aux avanies qu'on
lem
fait et pour fournir aux autres clé;penses de la
nation. lls tirent de ce fonds de quoi habiller leur¡;
pauvres orphelins , qui sont en granel nombre , et
de quoi payer le carage ou la capitation de ceux
q\~i
sont insolvables ; en un mot, ils se gouvernent assez
bien , et se font rarement des aflaires avec les Turcs.
Ils n'en sont pas pour cela plus unis entre eux ; le
, JPOindre intéret les divise.
Leur langage est un espagnol corrompuet mal pro·
,noncé. La plupart des hommes, entendent l'itaHen,
et quelques-uns le provenga!. Ils portent tous la
barbe longue e.t un toupet ou deux. de
cheveu~