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LETTRES
d'Espagne et de Portugal. Ces nouveaux venus
sont vetus comme les Francs; ils ne portent point
la
barbe , mais seulement une moustache; ils ne se
font pas meme scrupule de manger avec les Chré–
tiens ; ainsi les autres ne les regardent que comme
des demi-Jiúfs, et presque comme des
dé~rteurs
de
la
loi.
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y
a parmi eux de gros marchands' qui'
a
la
religion pres , sont honnetes gens. Ils ont des méde–
cins ass
hahiles , qui sont pour la plupart sous
la
protection ·de la France.
C'est le commerce qui attire tant de monde
a
Sa–
lonique.
Il
n'y
a ,guere que quatre-vingts ans que
les négocians des divers pays de l'Europe
y
trafiquent.
Les
;F'ran~ais
ont commencé les premiers , et il
y
a
plus de soixante-dix ans qu'ils
y
ont un consul; ce–
pe~dant
leu! commerce et celui des autres étoit fort
peu de chose. Mais il
y
a environ vingt-ónq ans
qu'il fut considérahlement augmenté par la traite des
hlés que le Grand-Sei
gneur permit, moyennapt un
droit
qu'on
lui payoit
com.mepour toutes les autres
marchandises. Chacune des huit an.nées que dura
cette pen;nission , on vit
a
Salonique cent quarante,
cent
cinquante , et jusqu'a cent quatre-vingts bati–
mens
fran~ais;
mais depuis qu'elle a été révoquée,
le commerce est fort diminué, et jamais
il
ne sera
florissarit, tant qu'on ne tirera pas librement des
grains du pays, parce qu'il fournit assez peu d'autrcs
choses dont les étrangers veuillent se charger.
La
laine , le coton, le tahac, les cuirs, la cire , l'alun,
le fer : c'est
la
a
pen pres tout ce
q~li
pcut entrer
dans le commerce avec les nations de l'Occident. Le
trans.port du fer est défendu; les
J
nifs se saisissent
de
presque toutes les laines ; le coton n'est pas beau;
la
cire et l'alun manquent, et l'on trouve ailleurs
du tahac et des cuirs
a
meilleur compte: ce n'est
}Jroprement que sur les blés qu'on peut faire
de
gros
profits,
et e'
est
pendan,t
cette traite de
grains
que
le~