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LETTRES
Le feu pere Avril , missionnaire de notre com–
.pagnie' étant de
rc~our d'~ne
de ,s;s mission,s
a
la
cam.pagne, raconta a nos peres qu etant entre chez
un pauvre p3ysan mal.ade , il
y
avoit tTouvé son
cur~,
qui lui faisoit ces onetions; et que le curé les ayant
fmies
?
se tourna du coté des assistans pour leur faire
de pareilles onctions , et voulut par honneur les com–
mencer par le pere missionnaire qu:i étoit présént, et
·qui eut bien de la.peine
a
s'en défendre.
En })aJ.1ant
ic~
des b01mes reuvres qtú se prati–
quent dans la mission de Trípoli , je ne dois pas
.()ublier celle oú la Providence employa le pere Jean
Versean , et qui fut une des plus importantes qu'on
1
ait jamais faites dans cette mission.
A trois lieues de Tripoli et
a
son miJ.i, il y a un
.monastere dé i;eligieux grecs nommé
Be/mande.
Ces
-religieux étoient autrefois schismatiques ; comme ce
.monastere a toujours eu la réputation
d'~tre
le plus
riche et le
plus nombreux de tous ceux que les Grecs
.possedent
da.nsla
Syrie ,
il
étoit aussi le plus propre
.a.
entretenir le schisme
?
et
a
l'accréditer dans toute
la nation.
Nos missionnaires, persuadés des grands avantages
que la religion retireroit de la conversion de ce mo–
.nastere , · chercherent tous les moyens d'y avoir
.acces
po~ll'
y faire connoitre les vérités catholiqucs.
.Apres en avoír employé plusieurs inutilement, la
.Providence lem en douna un qui réussit.
Deux de nos disciples se sentirent intérieurement
appelés
a
la vie religieuse ; ils choisirent ce nionas- .
' tere pour s'y consacrer au service de Dieu. Le pere
Versean, qui les connoissoit particulierement , les
alla visiter , et les avertit du danger ou ils étoient
exposés dans une maisou ou l'on pensoit mal en ma–
tiere de foi ; mais ce pere, apres avoir en plusieurs
entretieus avec ces deux jeunes novices , comprit
qu'étant aussi-hicn instruits qu'ils l'étoient de la
doctrine