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1
EXP
comique latin'
&
dn coté de l'imitateur' on recon–
noitra , n'en déplaife
a
Boileau, la fupériorité du
maitre.
(M.
MARMONTEL.
)
EXPRESSIF , (
Mujiq.
)
participe.
Mufique
ex–
pre{/ive,
air
expreffif,
ott il
y
a beaucoup d'expref–
íio'n.
Voye{
EXPRESSTON.
e
Majiq.)
Dia.
raij:
des
S
ciences,
&c.
&
S
upplément.
§
EXPRESSION,
e
Beaux- Arts.
)
Ce terme,
dans le langage des arts , fe rapporte aux mou
ve–
mens de l'ame
&
a fes paffions excitées ou repréfen–
tées par des fignes extérieurs. On donne ce nom tan–
tot au iigne, comme
a
la ca ufe du mouvement de
l'ame' tantot
a
l'effet'qUe ce ftgne produit. Les mots,
les termes d'une langue excitent certaines idées; ces
idées font des
exprejfions
ele
1'
'tat de )'ame,
&
les
mots eux-meme.s font encore des
expreffions
en tant
qu'ils font le moyen qui les excite. Nous ne confidé–
rerons dans cet arricle que les moyens dont les beaux–
arts fe fervent pour exciter des mouvemens dans
l'ame.
Dans les árts de la parole, ces moyens ou ces
expre(fions .(ont
les mots
&
les phrafes; dans la mu–
fique, les tons
&
leurs combinaifons; daos les arts
du deffin ' les traits du vifage ' les gefies
&
meme le
coloris; dans la danfe , l'attitude, les gefies
&
le
rnouvement.
Le but commun
&
général des beaux-arts, fans .
exception, c'efi d'exciter certaines iclées dans }'ame,
certains fentimens dans le cceur; ainíi tout
le
travail
de l'artifle fe réduit
a
inventer des idées heureufes'
&
a
les bien exprimer.
L'exprejjion
confiitue done la
moitié du talent requis dans l'artifie. En vain auroit–
il les inventions les plus admirables, s'il n'avoit pas
le don de les bien rendre.
Comme les manieres de s'exprimer different d'nn
art
a
l'autre' il faudra traiter féparément de
l'ex–
pr~(fion
dans chaque genre. Tout ce qu'on pourroit
di re fur
1'
expreffion
dans les arts de la paro!e, ne
feroit d'aucun fecours •au peintre.
ExPRESS ION, (
Arts
de laparole.)
Le poete, l'ora–
teur qui veut exceller dans fon art, doit poíféder au
plus haut dégré le talent de s'exprimer.
Il
faut qu'il
fache'
a
l'aide des mots
&
de leur arrangem€nt'
exciter précifément l'idée ou le mouvement
u'il
fe
propofe,
&
dans le dégré de clarté ou de force que
fon but exige. La chofe n'efi ríen mo!ns que facile,
fur-tout dans des langues qui n'ont pas encare toute
la perfeétion dont elles font fufceptibles, qui ne font
pas encore aífez riches pour fuffire a tous les befoins
de l'artifie.
L'expreffion
fera parfaite, lo.rfque les termes dé–
figneront précifément ce qu'ils doivent fignifier,
&
qu'en meme tems le tour de
l'expreflion
répondra
exaétement au caraétere de la notion générale ou du
fentiment qui réfulte de l'aífemblage des idées que
chaque mot féparé fait naitre. Quand chaque terme
en particulier,
&
la période entiere auro t cette
double propriété ,
l'expreifion
fera ce qu'e le doit
etre.
11 y a done deux chofes
a
coníidérer dans
l'expref-
jion
'le fens
&
le caraaere;
&
cela tant a l'égard
des íimples mots qu'a l'éga'rd des phrafes ,
&
des
périodes completes. Meme dans le difcours ordi–
naire, on exige par rapport au fens, que
l'expref!ion
foit jufie, précife, claire,
&
d'une certaine briéveté.
Toutes ces propriétés doivent done fe retrouver
dans un dégré plus éminent; des qu'il efi quefiion
d'un ouvrage de l'art , d'un morceau de poéfie
OLl
d'éloquence; le fon meme des mots doit y etre af–
forti.
"
-
Les mots confidérés comme de fimples tons, ne
doivent rien avoir d'indécis, d'obfcur, de trop (erré,
ni
d~
trop trainanr. L'efprit ne
con~oit
que comme
les fens font affeétés; ce qui n'efi pas difiinét
a
la
EXP
vue, ne produit dans !'ame qu'une id' e confufe •
par la meme raifon , les idées que nous recevon;
par l'ouie feront plus jufies, plus claires, plus dé–
terminées , lorfque les tons eux-memes auront ces
qualités. U?e
fy~labe 'q~ivoq~e,
un mot durapro–
noncer, nUifent a la darte du d1fcours
Oll
a fon effet.
Une
expreifion
jufie, précife
&
claire excite non
{eulement l'idée qu'on a en vue, mais' elle donne
encore
a
cette idée une énergie efihétique, lorfque
l'expre(fion
a ces qualités dans un déoré éminent
•
b
,
paree que toute perfeaion a un charme qui plait.
Sans égard
a
l'importance de la chofe dont on nous
parle ' nous fentons du plaifir
a
entendre nommer
eh~
que chofe par fon nom propre.
M
eme lorfqu'un
ob¡et efi fous nos yeux, que nous en avons d 'Ja une
idée
j~tfte,
fa defcription, fi elle eil bonne, nous eft
encore agréable. Combien plus ferons-nouscharmés,
~orfque
le poete ou l'orateur développera par
la
JUfieífe de
l'expreffion,
des idées qui n'étoient juf–
qu'alors que vagues , embrouillées
&
obfcures dans
notre efprit?
Le langage efi de toutes les inventions de l'efprít
humain la plus importante, au prix de 1aquelle ro u–
tes les autres ne font rien. C'eft d'elle que dépendent
la raifon, les fenrimens, les mceurs qui difiinouant
l'homme de la claífe des erres matériels'
l'éle~ent ~
un rang fupérienr. Perfeétionner les langues, c'eli:
placer l'homme un écnellon plus haut. Quand l'élo–
quence
&
la poéfte n'auroient que cet avantage, ces
deux arts mériteroient déja la -plus grande confidé–
ration.
Pour acquérir la jufteífe de
l'expreffion,
deux cho–
fes font également indiipenfables : la connoiífance·
des mots d'une langue,
&
la fcience philofophique
de leur fignification. Jnutilement fauroit-on peníer
jufie, fi l'on ne fait pas trouver fes termes pour ren–
dre chaque idée; mais en vain connoitroir-on tous
les termes, fi l'on ignore leur fignification exaéte4
L'étude dulangage doit néceífairement embraífer ce
double objet. Pour etre en état de s'exprimer
ÍOU•
jours bien, il faut avoir aequis par la. co.nverfation
&
par la leéture, l'abondance des termes,
& .
avoir
examiné avec fagacité le vrai fens qui convient
a
chacun d'eux: c'efr par-la que les grands orateup;
&
les poetes célebres fe font difiingués de la foule.
La jufieífe , cette premiere qualité eífentielle
a'
l'expreifion,
ne concerne pas fimplement le cqoixdes
mots, mais auffi. leur arrangement
&
le tour de la
phrafe entiere; fouvent tme particule déplacée, u
a
mot tranfpofé fuffit pour rendre la phrafe louche:
cela dépend quelquefois d'une mimuie prefque im–
perceptible. On
apper~oit
de ces inadvertances dans
nos- meillenrs poetes ,
&
fi nous en remarquons
moins dans les anciens, c'efi apparemment paree
que nous n'entendons plus aífez lenrs Iangnes pour
en bien juger. Ce n'efi qu'a for-ce de limer
&
de
polir un ouvrage que l'auteur le plus pénétrant peut
fe mettre en garde de ce coté-la. Si l'on peche con–
tre
la
jufieífe de
l'expreifion,
ou le poete manque for1
but,
&
dit ce qu'il n'a pas voulu dire ; óu lorfque
1~
{agaché du leél:eur y fupplée, il en réJulte au
moin~
un,fentiment défagréable. On voit que l'auteur vou–
loit exprimer
telle
chofe, on fent enp1eme tems que
fon
expre.f!ion
ne répond point
a
fa penfée '
&
ce
contrafie choque.
La feconde qualité eífentielle, c'eft l;;¡ clarté, c'eíl:
meme la premiere' felon Quintilien;
nobis
prima
Jie
virttts perfpicuitas,
l. YIII,
c.
ij.
22.
Le poete
&
l'ora–
teur doivent s'emparer de toute l'attention de leurs
auditeurs ,
&
la clarté de
l'expreflion
peut feule fot.t–
tenir cette attention
e
Voye{
ci-dev.ant
CLARTÉ. ).·
Une
expreflion
obfcure ne fait pas feulement perdre
les idées qu'elle enveloppe d'un nuage, elle affoibli-t
eneo re celles qui.fui vront, paree que l'attention s'eít