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ERG

r-emplir, fe gS.tent,

&

s'affaiffant fur l'ovaire qui n'eíl

pas encore difpofé

a

la frua.ificarion' le comprirnent

ft

fort , que f-a pellicule efi obligée de crever. On

a

vu que

M.

Gleditfch eft plus heureux dans l'aurre

explication qu'il en doMe.

Pour rnoi, rnalgré le refpeét dont

je

fuis P.énétré

pour ces favans' j'ai peine

a

adm~ttre

la ptqnnre

d'un

infeél:e comme la caufe premtere de tout le

défordre qui arrive aux grains ergotés, en fuppo–

fant, comme on n'en peut douter d'apres

M.

Tillet

dont on connoit l'exaétitude

&

la fagacité, que l'on

trouve quelquefois des chenilles dans

1'

ergot

,

ou

meme'

íi

l'on veut'' dans tous les grains ergotés

:

il refreroit touj0nrs lieu de douter

íi

c'eft la fubfrance

de

I'ergot

ou la liqueur mielleufe qui· l'entoure

a

fa

naiífélnc.e, qui ont attiré l'infeéte, ou

íi

c'efl: l'infeél:e

qui

a prdduit

l'ergot.

Lorfque

l'érgot

commence vers

le tems de

fécondation, le gtain n'efi pas encore

formé: car perfonne n'ignore que le germe ne coro–

menee

a

croltre qu'apres ·la fleur paífée; il eft ga–

rantí pa·r la halle coriacée qui fert de ca1ice

a

la

fleur,

&

qui fertne l'approche aux pa pillons o

u

aux

infeél:es volans qui pourre>ient venir- dépofer leurs

reufs fur le germe rnerne ' comme il faudroit le

fuppofer dans le fyíreme de la piquure du grain.

N

e pourroit

~

on pas rétorqu er les argumens de

M.

Tillet contre lui-meme

?

Si

l'ergot

étoit produir

par une piquure d'infeél:e, pourquoi trouveroit-on

l'

ergot

en

íi

grande quantité dans le feigle , tandis

qu'on ne le trouve que tres-rarement dans l'orge

&

le froment ? Cette diff8rence ne viendroít- elle

pas plutot du fue propre du feigle, qui eft plus

gluant, plus mielleux que celui de l'orge

&

du

froment

?

Les infeél:es qui cha

ngent un grai

n de

froment en

ergot,

rendent cette

monfiruofi.té

auffi

fréquente dans le froment que da

ns le feigle. P

our–

quoi

f'ergot

feroit-il plus commun dans les terres

hu.mides que dans les lieux-fecs

&

aérés , dans le

crenx des úllons que fur le dos des memes fillons '

dans les tetns pluvieux

&

couverts, fui vis de rayons

ardens lors de la floraifon , que lorfqu'il fait cbaud

&

fe e quand les feigles paífent fleur, comme on

l'a toujours remarqué? Pourquoi le feigle, le gra–

men

aquaticum jluitans,

&c.

y

feroient-ils plus fu–

jets que les alltres infectes·? Pourquoi efi-ce que j'ai

trouvé beaucoup plus

d'ergots

dans ces petits épis

de feigle qui font fous les autres,

&

qui viennent

eles talles qui fleuriífent

&

mftriífent plus rard que

les épis plus élevés dont elles font ombragées

?

Pourquoi y a·t-il moins

d'ergots

dans les champs

femés clairs, que dans ceux

o~

les bleds font tonffus

&

verfés? Pourquoi

y

en a-t-il moins dans les

champs bien la:bourés

&

bien farclés , que dans les

champs ou la quantité des mauvaifes· herbes entre–

tient plus d'hum

idité

fut les plantes environnantes?

Pourquoi efr-ce

qt.te

ces circonfrances feroient tou–

jours invariable

men

t les memes'

íi

des infeél:es en

étoient la feule caufe ? Enfin ,

&

cette raifon eft

péremptoire, pourquoi n'y auroit- il jamais de germe

ni de pellicule de fon dans I'

ergot?

Efi-ce que l'in–

feél:e qui pique le grain , commenceroit toujours par

en confommer le germe , fans jamais en laiífer dans

le bled ergoté? efr- ce qu'il dévoreroit confram–

ment le fon , de préférente au corps farineux ?

&c.

J'ofe encore oppofer

a

M.

Tillet l'incertitude

qu'il a lui-meme de fa ptopre opinion. Voici ce

qu'en dit

M.

Duhamel, fon . colaborateur,

p.

333

des

Élémens,

tome

1 :

''

M.

Tillet efi tres- porté

~)

a

croire que

I'ergot

'efr produit par la piquure

') d'un infeB:e, qui fait des gr:ains de feigle une

'' efpece de galle; mais nous n'ofons, ni lui, ni

,>

moi, prononcer affirmativement fut ce point

».

M.

Read qui a pleinement adopté ce fentiment ,

'evOit

y

~ettre

du moins la meme refiriél:ion

~

ERG

puifqu

5

il

n'y ajoutoit pas de nouvelles preuves.

11

me paroit done plus vraifemblable d'attribuer

1'

ergot

ou le clou, foit

a

l'imperfeélion de la femence

&

au défaut de conformat1on de quelques-uns des

ovairesde la plantule féminale, comme dans lechar–

bon, foit au défaut de fécondation de quelques-uns

des g·erníes de l'épi, occafionné par l'humidité

&

les

'V'apeurs, qui empechent' Peffet des partíes fexuelles

&

l'émiffion de

1~ pou~ere fé.cond~~te.

(

Poyez

ci·

deífus,

&

ma ddfertatwn latme deJa cttee, article

inflorefcemi~

),.

Le

pre~rer ·

cas arrive .lorfque la

femem:e a ete mal cl;10iúe, ou Iorfque le feigle eft

femé dans un fable brttlant, dans lequel on a

mis

trop de fumier' puifqn'on remarque le meme acci–

dent aux tiges de feigle qui viennent quelquefois

d'elles-memes fur des couches de fumier feches.

Le

f~cond

cas, lorfque le terrein eft humide ou

lorfque

la

faifon de

la

fleur efi trop pluvieufe.

La

plante du feigle qui fe pla1t, comme on l'a vu,

dan~

les terreins arides

&

dans les lieux froids

& '

élevés,

ne paífe point aifément fa fleur

, ~ lorfqu'elle

efr

a

t~ombre,

on expofée

a

des vapeurs humides. L'ovaire

a'étant point fécondé par la pouffiere génitale,

la

je'Ve

furabondante

&

le

fue propre

&

miefleux

de la

plante

viennent prendre la plaie du germe avorté

~

s'y

am~ífent;

&

apres avoir coulé pendant quelque

tems, 1ls forment , en fe condenfant, ces différens

corps plus

~u

moins alongés, connus fous le nom

d'ergot.

C'efr une circonftance particnliere

a

cette

maladie, que

l'ergot

commence roujours par le fuin–

tement d\me liqueur mielleufe

a

travers les valvules

de la halle qu'elle noircit ;

&

c'efr cette liqueur unie

a

la fubftance farineufe, quien fe defféchant devient

un

ergot.

On rend taifon, par ce moyen, pourquoi l'extre–

rnité extérieure de ¡;es grains ergorés efi conílam–

ment plus groífe ' plus renflée que celle qui tient

a

la paille,

&

pourquoi les halles de 1'

ergot

paroiífent

toujours faines, quoique plus noires que lesautres.

On ne peut guere donrer que

cetU~

liqueur mielleufe

qui accompagne la formarion de

l'ergot,

ne foit le

fue

propre

de la plante, qui fe cot'rompt

&

fe vicie

faute d'etre dépuré par la circulation. Lorfque ce

fue propre efr vicié dans les vaiífeaux intérieurs de la

plante

&

de l'épi, alcrs il forme ce qu'on appelle la

nielle:

mais lorfque l'épi eft bien conformé'

a

l'ex–

ception de quelques ovaires. feulement, o u lorfque

ces ovaires

fe

gatent

&

fe corrompent dans le tems

.de la fécondation, alors le

fue

propre,

accompagné

de fnbfrance farineufe, va former un dépót en place

du germe avorté. Dans ce cas, il fe change en un

corps qui n'a point de iigure cQnílante

&

dérerminée,

faute de moule pour le contenir;

&

il s'alonge fous

la fotme d'un

ergot

droit o u recoquillé plus ou moins

long, gtos ou mince, fuivant l'abondance de lama–

tiere qui le fou nit. Si la pouffiere de

1'

ergot

&

de

la nielle ne paroit pas contagíeufe comme celle

clu

charbon, c'efr qu'étant extérieure

&?

deífécll.ée

par

l'air

&

1 s rayons du foleil , elle pe

rd une pa

rtie

de fon aél:ivité ; au !ieu que celle du charbon , qui

refie enfermée fous la pellicule du grain, conferve

toute fa force.

L'ergot

paro!t terminé par une efpece

de poche ou véficule deíféchée

& ,

flétrie, qui n'efr

vraifemblablement que le germe ou plutot l'enve·

loppe qui devoít

le

contenir avant qu'il avortat.

J'ai bien examiné

a

la loupe cette capfule deíféchée,

qui paroit comme appofée fur l'extremité exrérieure

de

l'ergot,

&

qui n'y tient que légérement; j'ai

trouvé que dans plufieurs clous elle avoit confervé

la forme du grain de feigte, telle

~-peu-pres

qu'on

la trouve attachée aux racines de l'enfance, lorfqae

la plante a épuifé toute la fubfiance laiteufe de la

femence. J'ai confervé de ces

ergots

que l'on voit

·

t~rminés

·par l'enveloppe

deíféchée

du grain;

&