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ERG
bate obfervation me paroit démontret
aux plus in–
c;rédules·, que
l'ergot
n'eít
f~rmé
que du fue propre
de la plante, qui pouífe
&
chaife a u dehors le germe
avorté faute de fécondation, 0u par quelqu'autre
caufe extérieure.
_
.
Je
rrouve· daos les deux excellens
M dmoire-s
de
M.
Aymen, inférés ·dans les
tom. 111
&
IV
des
Sa–
-yans é.trangers,
de qu0Í me confirmer de plus en plus
dans ce que j'ai dit fur les caufe_s de la produB:ion de
l'ergot.
Ce favant exaét prétend que
l'e.rgot
du feigle
&
le charbon du froment,
qui
1?-e
font que deux
efpeces de rrtaladie du meme genre
&
produites p_ar
.
la m eme caufe' ne viennent que du défaut de fécon–
~datioñ;
que la différence de ces cleux maladies, dont
l'une rend la femence du feigle monítrueufe,
&
l'autre
chaoge la fubíl:aoce inrérieure du froment
~n
une
pouffiere noire, fans altérer le fon oul'e
nveloppe,
dépend vraifemblablement de, la diverfe natu.re des
vai!feaux qui cómpofent ces ft?mences; que la fub–
:france farineufe du feigle eíl: tres-mucilagioeufe , ce
qui
rend ces vaiífe.aux propres
a
réíiíl:er
a
l'exteníion
qui peut occa!ionner la feve qui
y
efr apportée;
&
que ces vaiífeaux peuvént etre dilatés fans erre rom–
pus, ce qui fait que l'intérieur de
l'ergot
eft blanc,
& que la femence devienr moníl:rueufe ; que daos le
froment, au contraire, la fubilanE.:e interne du char–
bon n'efl: noire, que paree que les vaiífeaux farineux
du froment étant moins mucilagineux que ceux du
feigle , i_ls fe rompent plus facilement, ce qui fait
que l'eriveloppe conferve fa folirne,
&
que la feve
extravafée fe change par l'évaporation en une pouf*
fiere noire'
&c.
Quant
a
la caufe commune de
l'ergot
& du cha rbon, elle ne peut etre que le défaut .de
íécondation, puifqu'il y a de bons grains fur-le meme
épi o1tl'on trouve de
l'ergot
&
du charbon, puifque
l'on ne voit point de germe dans le grain charbonné,
non plus que daos
rergot
' _puifqu'en examinant les
epis cbarbonnés ou ergotés lors de la floraifon' on
trouve que les fiyles ou les fiigmates font viciés ,
&
que le charbon comme
l'ergot
confervent les
fiigmates unís
a
leur extremité fupérieure; que fi ces
vices paroiífent erre différens' ce n'eft que par quel–
ques fymptomes qui n'établiífent pas le genre de
rnaladie' mais feulement l'efpece venant de la meme
{ource ; que le manque de fécondation daos ces
grains fait qu'ils n'ont que
1
'apparence d'une
mole,
qu'ils font une maífe de. matiere autrement colorée,
figurée
&
renfermée fous des enveloppes de con–
llítance
&
de nature différentes, en
un
mo:-, une
maífe fáns embryo.n
&
par conféquent fans vie,
&c.
M .
Read qui combat ce fentiment, dit qu 'on ne
peut comparer la deihuétion totale que nous offre
le charbon' a vec l'accroiífement moníl:rueux qu'on
obferve dans
l'ergot;
&
que la rneme caufe ne peut
produire des effets
fi
oppofés, la diverfe nature des
vaiífeaux qui compofent la femence ne {uffifant
point pour expliquer cette dífférence eífentielle,
&c.
Mais
M.
Read confond daos cette obj eétion la nielle
ávec le charbon. Cette derniere maladie ne clétruit
pas les enveloppes du germe ; le grain refte entier
avec les fiigmates
a
fa fommité; il vient ' comme
l'ergot,
d'une furabondance de fue, puifque le grain
charbonné eíl: beaucoup plus gros que le grain fain
clans !'origine ,
&
que ce n'efi que par la deffication
qu'il fe réduit
&
qu'iLdJminue de grolfeur.
Il
feroít
done aírez probable que
rergot
ne íoit qu'une efpece
<le· charbon , comme le penfe
M.
Aymen, dont les
effets font différens dans le feigle '
a
caufe du fue
P.lus
vifqueux de cette derniere plante ; cep>endant
]'ai -peine
a
l'admeru·e'
&
l'on en peut voir les rai·
f~ns
dans
m a
Dij{ertation
citée fur \'
ergot:
la princi–
pale eíl: qu'indépendamment du c harbon, dont ·la
premien: efi contagieufe tandis que
l'ergot
ne l'eíl:
pas'
c'~fi
que
le
froment
dl:
auffi
fujet
a
l'ergot'
,Tome
JI.
ERG
quoique
pl.us raremertt
q~e
le feigle: D'ailleurs, cé
ne font
pol.ntfeulement les .fiigmates qu'on trouve
a
la fommlté de
l'ergot'
mais la capfule
~ntiere
du
grain; au lieu que daos le charbon, la capfule
rie
bouge point de la balle,
&
conferve la forme
ex·
térieure du grain úún.
D'autres avoient déja penfé, avarit
M.
Aymen
~
que le défaur de fécondation ou la conformation
imparfaite des ovaires pouvoient occafionner cette
forme moníl:ruettfe.
H
Ríen de plus commun ( dit
" M.
Geoffroy, daos les
Mémoires
de l'
académie
1
7'')
>>
que de
voir les
biens de
la
t:erre manquer
par
la
,; fuppreffion des fommets
&
·de _leur pouffiere .•..•
»
Quand les bleds font en fleur, on craint
la
nielle :
,; qu'arrive·t-il enfuite
?
l'épi noircit, .les grains
in–
" féconds
s'~longent,
&
formen't: une corne fans
h
germe, d'une fubfiance plutot approcbant du
"
ch~mpignon q~e
d'un grain de bled : le moins
" qu'il puiífe arriver, c'efi: que les cellules foient
" vuides,
&c.
>J
Cette explicarioh paroit confirmée
par une obfervation de
M.
Read, qui a toujours
remarqué que la partie fupérieure des épis efr en
général plus fournie
d'
agots
que l'inférieure , ce
qui donne líen de croire que la fituation de la par–
tie inférieure la difpofe
a
recevoÍr plus Stlremenr la
pouffiere des étamines de la parde fupérieure. On
peut done regarder le défaut de fécondation comme
l'une des caufes de
l'ergot
;
mais ce . n'eíl: point
la
feule: ce vice peut auffi provenir, comme je l'ai dit,
de l'imperfeétiort ..de la fernenee ,
&
d'un dérange–
ment d'organifation dans la ftruB:ure de qlielques
ovaires, puifque l'on remarque plus
d'ergot
lorfque
les femences ont été mal choifies,
&
ne font pas
parfaitement mftres, lorfque les terres font humides,
ou lorfqu'étant légeres
&
fablonneufes, elles font
-trop fumées,
ou
lorfque n'étant pas fLtmées du
tout~
elles ne peuvent fou!-"nir un aliment fuffifant
a
la
plante, . ou lorfque les champs n'ont été Iabourés
que fuperficiellement, ou lorfqu'on a femé plus
tard, ou lorfque les champs ont é té mal fardés,
t?c.
Ainfi
l'ergot
peut etre auffi attribué
a
des caufes an–
térieures
a
ce qui fe paífe au tems de l'efflorefcence.,
Toutes les plantes ont un tems fixe, tu1e faifon
déterminée pour. fleu rir; ainíi toutes les caufes qui
retardent la flora1fon, comme les feinailles tardives
les terreins frojds, humides, cruds,
mal
labourés
~
mal farclés'
&c.
concourenr
a
la produ ttion de
l'er~
got
&
des autres maladies du grain
<m
herbe,
&
l'on
y
remédie par les moyens contraires.
Pour confirmer tout ce que j'ai dit de la généra–
tion de
l'ergot,
je rapporterai quelques obfervations
curieufes de
M.
Demozé, qui m'ont été gracieufe–
ment communiquées par le bureau d'agriculture du
Mans, lorfqu'on
y
lut ¡na
Dijfertation
fur les bleds
ergotés.
M.
Demozé, qui a fait un examen fuivi
de
l'ergot
avec l'attention la plus fcrupuleufe
a
principio~
efi:ime que cette excroiífance monllrueufe proviene
d'un fue mielleux, ou liqueur gluante
&
fucrée, que
la plante tire de la terre,
&
que les gens de la canl·
pagne appellent
manne:
eJie fe fait jour, par le
ll}Oyen
de l'épi'
a
l'endroit du fupport: des germes ou fe–
menees,
&
s'épanche par perites goutres p-lus ou
moins abondantes
~
de jour comme de nuit, pendant
deux fois vingt-quatre beures,
&
quelqpefois plus;
apres quoi, ces gouttes refient adhé rentes
a
la
halle~
&
y prennent
un~
confiClance dont
la
progreffion
fucceffive forme
l
ergot
plus ou moins long,
&
fous
difl;'érentes formes, toujours noir
&
gluant jufqu'a
ce qu'il ait atteinr fon dernier dégré de féchereífe.
Cette manne qui n'efi: que le fue propre de la plante,
n'eft point encore malfai{ante, pui{que les enfans
la recherchent
&
la fucent fans danger apparent:
maís lorfqu'elle eíl: reílée adhérente
a
l"ergat'
elle
ai'cquier par la fermentation une acreté, tnordicante
Q
Qq qq
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1
J