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EL I
pendant qu-'il faifoit les plus ,grands prépatatits pour
une nouvelle expédition, il fomenta en Irlande une
révolte des C atholiques contre les Prorefians ,
&
contre la puiílance
légitime
d'Etiz.ahech.
Tandis
qu'encouragés par le fecours de PEfpagne, les Ca–
tholiques Irlandois portoient de ptovince en pro–
vince le feu de
la rebelliog , une énorme flotte
Efpagnole s'avanc;oit vers les cotes Britanniques ,
&
y
touchoit déja , lorfque les élémens, fervant
Eli{ttheth
plus efficacement que ne l'euífent fait fes
armées
~
ruinerent totalement cett€ flotte , dont les
vaiífeaux furent prefque tous brifés ou fubmergés.
Ainfi le roi d'Efpagne ne
retira de cette grande
entreprife, que le regret
&
la honte de s'etre vai–
ne'ment donné en fpeétacle
a
l'Europe.
Il ne reíloit plus
a
l'heureufe
Etiz.aheth
que les
Catholiques Irlandois
a
foumettte ; la Reine confia
le commandement de l'armée qu'elle envoya contre
eux, au comte d'Eífex, qui depuis quelque. tems
avoit fupplanté le comt,€ de Leiceíl:er daos le cceur
d~
la teine. Qui ne connoitroit le célebre comte
d'Eífex que par le portrair impofant c¡ü'en a fait
Thomas Corneil!e, le regarderoit fans do ute comme
l'un des plus habiles
généraux~
qui aient illufiré
1'
Angleterre , comme un homme ctmbitieux, mais
d'ailleurs refpeétable par les plus rares qualités ,
&
. fur-tout par le plus briltant héro!fme : mais il n'y
eu~
jamais aucun trair de reífemblance entre le vé–
rirable comte d'Eírex
&
le héros de fantaifie que
Corneille imagjna de montrer fur la fcene Fran–
~oife.
·ce trop fameux comte d'Eífex n'étoit qu'un ·
hon;1n1e ingrat, un homme vain , préfomptueux ,
plein de projets extravagans, violent fans valeur,
emporté fans courage , mauvais foldat , général fans
talens
~
perfide citoyen, indigne des bontés d'
Eliza–
heth,
&
plus indigne encore d'occuper un rang dif–
tingué. L'armée qu'il conduifit en Irlande, étoit la
plus belle
&
la plus aguerrie que l'on efLt encore
vue en Angleterre ;
&
pour vaincre , il ne lui man–
quoit qu'un général courageux
&
plus habile que
le comte d'Eífex. 11 n'eut que de foibles fucc es ,
clont il ne fut pas meme profiter. Cependant il étoir
le favori d'
Eli{ab~th.
La nation Angloife fe plaignit
hautement de la
~omplaifance
de la reine ,
&
des
fautes multipliées du comte d'Eífex. Le méconten–
tement devinr fi général,
e¡
u
'Etizahuh
rappella
le
comte. Celui-ci ne- doutant point des fentimens de
la teine
fe juíl:ifia aifément devant elle. Mais
a
peine fu't-il retourné en írlande, qu'au lieu d'agir
contre les ennemis, il entra en conférence avec le
comte de Tiron , chef des mécontens, fans en rie.n
communiquer au
confe~l
de guerre.
Cett~ dé m~rche
fut prife pour une trah1fon. U fut accufe; ma1s au
lieu de venir
a
la cour rendre compte de fa con–
cuite
il
leva le mafque'
&
tacha' antant qu'il fut
en lui', d'exciter une féd.ition dans Londres, réfolu
d~
perdre la vie, o u
d~
gagner une
c~~ronne
par la
plus ·criminelle ufurpatiOn. Il
fl~t ~rrete
en
Irl~nd~,
amené en Angleterre, enferme a la Tour, 1uge,
condatnné
a
perdre la tete '
&
l'arret fut exécuté.
On aífure que l'effort
qu'Eli{aheth
fit fur elle-meme
pour figner cette fentet:Ice de mort, abrégea le cóurs
de fa vie: car on ne doutoit point qu'elle n'eút eu
les plus tendres fentimens pour
c~t
ingrat;
&
l'~n
pré[end que ce ne fut que pour derober au publtc
la honte d'un tel attachement, qu'elle parut confen–
tir
a
envoyer fon Hlche amant fur l'échaffaud.
Quoi qu'il en foit , viétorieufe de Philippe II, ref–
peét~e
de fes peuples, admirée de l'Europe,
Eli–
i_aheth
que la mort du comte d'Eífex avoit pénétrée
de douleur, fentit fa fin approcher,
&
ne pantt
point deíirer de reculer le terme de fes jours : un
engourdiífement
qüi
s'étoit emp:1réde fes membres,
&
qtri la privoit meme de l'ufage de
la
parole' la
EL
I
m1t au tombeau, dans la
7oe
année de fon Élge
&
la
44e
année de fon regne. Elle nomma Jacqt;es,
roí d'F.coífe
&
fils-de Marie , pour lui fuccéder.
La reine Anne ne chercha qu'a fe faire aimer
~e
fes fujets ;
9u'a'
fe fai:e eftimer des puiífances
etrangeres :
Eitzabeth,
m01ns tend re q u'a mbitieufe
~
voulut régner par
e1le-m~me,
&
voir jufqu'a quel
point elle pourroit f
e rendre maitreífe de fes peuples
qu'elle tint daos la
foumiffi.on, tandis que par fes
peuples memes elle tenoit fes voifins
&
fes enne–
inis daos la crainte. Ses vues ne furent point de
conquérit' mais d'empech er qu'on n'attendh
a
fes
poífeffions' ou
a
la plénitude de
fa puiífance ;
qu'elle fut conferve r
&
augme nter meme par les
reífources de fa politique
&
par la terreur de fes
armes. C'eft
a
ce deíir feul de gou vetner
&
d'oc–
cuper le treme fans pa
ge ,
&
non, comme l'a
répété Moreri d'apres les ridic ules vifio ns de quel·
ques mauvais annalifies, aux confei ls de fon mé–
decin, qu'il faur attribuer l'éloignement
d'Eli{abeth
pour les nreuds du matiage. Elle ne refufa aucun
des princes qui afpirerent
a
fa main' mais elle n' en
accepta aucun;
&
fi elle répondit d' une maniere
tavorable
a
Philippe II, aux ducs d'Anjou
&
d'A–
lenc;ol) ,
a
l'archiduc d'Autriche,
&
au fils du roí
de Suede., elle ne leur donna des efpéranccs qu'au–
tant qu'elles fervoient aux deífej ns de fa politique.
Elle fuyoit le mariage ,
pare~
qu'die ne vouloit ni
ma1tr~
ni égal: du refie, l'on aífure qu'elle ne fut
rien moins qu'inacceflible
a
la tendrefie : mais fes
foibleífes ,
fi
elle en eut, n'éclaterent jamais;
&
i1
elle donna fon creur, elle garda la pniifance pour
le bonheur de fes fujets
&
la gloire de la nation,
(L.
c.)
ELISEE, (
Hifl.
f acr.)
.fils de Sa phat, di(ci ple
&
fucceífeur d'Elie, dans le minill:cre de la prophérie
~
étoit de la ville d'Abel- Meula. Elie qui avo1 t re<;n
l'ordre de l'établir en fa place, l'ayant trouvé labou–
rant la terre avec douze paires de breufs , jetta fort
manteau fur lui,
&
a
l'infiant me 111e
Elifée
prophé–
tifa, quitra fa charrue, & fuívit Elie. C elui-ci en dif.a
paroiífant, lui ayant laiífé fon double efprit de pro–
phétie
&
de miracle,
Elifie
s'en fervit d'abord pour
féparer les eaux du Jourdaih,
&
ce prodi ge le
fit
con•
noitre p0t1r fucceífeur d'Elie par les enfaos des
pro~
phetes. Toute la vie de c.e prophete ne fut qu'une
fuite de miracles. Il rendit faines
&
potables les eaux
falées du Jourdain; il fir dévorer par des ours, des
enfans qui f€ moquoient de lui ;
&
une pauvre
femme veuve, que fes créanciers pourfuivoient
1
trouva de quoi les fatisfaire dans la cha tiré du prÓ–
phete; qui multiplia un peu d'huile qui lui refioit.
Enfuite Il obtint
a
une femme ftérile de Suman' ehe z
qui il logeoit, un fils qu'il reífufcita que.lques
an.a
nées apd:s, appJ.iquant fon corps fur ' le
p~tit
corps
de lsenfant. Ilguétit aufli de la lépre Naa rnan , général
du roi de Syrie, en le faifant baigner dans le
J
our•
dain,
&
Giezi,ferviteurdu prophete, fu t affiigé du
meme mal, paree que, contre l'ordre de fó n mait re
1
il avoit res:u de ce feigneur des pré fe ns. Benadad;
roi de Syrie , qui étoit en guetre contre le ro i d'Ifrael,
apprenant qu'
Elifée
révéloit tous fes deífe.Íns, en-'
voya des troupes pour le prendre' lorfqu'il étoit
a
Dothan; mais le prophete les frappa d\me. efpece
d'aveuglement;
&
les mena, fans qu'il s'en apper–
~uífent,
jufques dans Samari e. Quelques tems apres
le meme Bénadad ayant afliégé cette ville, qu e la
famine r édnifit
a
la plus grande extrémité,
Etifée
pré ...
dtt la levée du fiege,
&
le retour de l'abondance
1
paífa enfuite
a
D amas,
01'1
Hafaell'étanr veri n con–
fulter fur la maladie de Bénadad fon ma!tre, íllui
annon c;a fa future grandeur,
&
prédit tous les maux
qu'il devo it caufer
a
Ifraiil. I1 fir auffi facrer, par un
de fes diú;iples, Jehu ponr roi d'Ifra el, en
luí
o rdon...