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EL·

I

tleclarée proteél:rice , foutint par fes armes

fa

caufe

·des Proteftans. Mais, ra ndis que par les confeils

d'nne adroite

&

prévoyante politiqne, elle faifoit

tourn er centre l'Eco!fe meme l'orage qui el'n pu

s'y préparer con tre fa fUreré, il s'en formoit de

plus confidérables

&

cle p lus dangereux en France,

en Efpagne,

a

Rome , en Irlande,

&

jufques dans

le fein de l'Angleterre meme. Marie Stuart, qui avoit

époufé le Dauphin Fran<;ois

ll,

avoit arboré

les

armes d'Angleterre, annons:ant par cette démarche

le detfein o'lt elle étoit de remonter fur le trone de

{es

peres. Irritée contre fa rivale,

Eli{abet!z

{e

ligue

fecrétement

avec

les Proteftans de France, comme

elle s'étoit liguée avec les Protefians d'Eco!fe ;

&

par cette prud.ente confédération, elle

~1it

Marie

&

fon époux hors d'état de lui nuire.

C~o'étoit

point

a!fe-z d'avoir pris des mefures contre l'Ecoífe

&

la

France, il relloit encore

a

fe défendre contre un

redoutahle ennemi, conrre Philippe U, qui, moins

formidable encore par

{es

forces de terre

&

de mer,

qu'il n'étoit dangereux par les infi.dieufes reífources

de fa politique' ne pouvoít pardonner

a

la reine

d'Angleterre le refus qp'elle avoit fait de fes pro–

pofitwns. Plein

d~l'ambirieux

projet d'occuper feul

un trone qu'on n'avoit pas voulu partager avec lui,

il n'attendoit qu'une réponfe favorable de la cour

de Rome, perfuadé qu'auffi-tot qu'il l'auroit obte–

DHe ,

tous l€s catholiques s'empreíferoient de fe

déclarer · en fa ·. faveur,

&

l'lrlande fur- tout, qui

violemment agnée par l'efptir ae fanatifme

&

de

rebellion , refufoit obfiinément de reconnoitre la

fouveraineté de la reine d'Angleterre.

Au milieu de tant de dangers,

Eli{_abeth

inébran ....

lable

&

fup érieure aux complots

&

aux ligues des

pui!fances ennemies

&

des faétions inrérieures, eut

recours

a

un moyen qui ' pour etre de l'a plus fa–

cile exécurion

&

du

fucc~s

le plus infaíllible , n'en

eíl

pas pour cela plus fouvent adopté par la plL1part

des fouverains : ce moyen fut de fe concilier la

confiance des citoyens par fa douceur, fa bienfai–

fance '

&

principalement par fon attention

a

fu p–

primer d'andens impots'

&

a

ne pas

permettr~

qu 'on

en établit de nouveaux. Afin de foutenir ce rare

'déíintéreífement , elle

íe

retrancha toutes ' les dé–

penfes fuperflues ,

&

porta l'économie tout auffi

loin que la décence

&

la digoité de fon rang pou–

'Voient le lui per

ettn~.

A

cette modération íi rare

&

íi différente de a pompe fafiueufe

&

de la prodi-

. calité de fes prédéceífeurs, elle joignit un zele aétif

&

foutenu pour la juftice, publia d'utiles régle–

mens, mit en vigueur les anciennes ordonnances,

abo lit les abus qui s'étoient introduits,

&

ne

négli~

g ea ríen de ce qu'elle crut propre

a

a!furer le bien

public'

&

a

luí concilier le refpea' l'eílime

&

l'at–

tachement de fes peuples. .

Cependant la r égente d'Ecoífe, fecondée par la

France , pre!foit avec vivacité les Proteftans , qui,

pour fe foutenir , n'avoient eu jufqu'alors que les

fecours tres foibles

qu'Elitabeth

leur fourni!foit en

fecrer. Leur íituation devint

fi

violente, que la

reine d'Angleterre penfa

~u'il

étoit de fa gloire de

<1éfendre hautement la caufe qu'elle avoit embraífée,

&

de foutenir par la force des armes les Proteftans

Ecoífois. Les grands préparatifs qu'el!e fit, éton–

nerent la France , qui luí fit propofer la reftitution

de Calais,

fi

elle vouloit abandonner les rebelles

d'Ecoífe. Trop généreufe

&

trop fiere pour accepter

une propoíition qui bleífoit fa grandeur d'ame,

Eli–

zabeth

la rejetta;

&

la paix ne fut établie que lorf–

que la régente eut fiipulé que les Protefians joui–

l"oienr en E-coffe de tous les droits de citoyens ,

&

que Marie Stuart·, ainú que Frans:ois

lf,

fon époux,

l

renonceroient

a

leurs prétentions fu r l'Angleterre.

(:ette paix irrita vivement le roí d'Efpagne, en,nem.i

Tam~

Il.

E tI

détlaré du protefiantifme ,

&

qui parttt fe ptéparet

a

déclarer la guerre

a

1'

Angleterre.

Pe.ndant

qu '_EL~{_abeth

fe difpofoit

¡\

prévenir les

de~ems

du

~01

d Efpagne, la mort de Frans:ois 1I

obhgea Mane .Stuart ía veuve, qn'aucun engage–

ment ne retenOit plus en France, de fe rendre dans

fes

ét~ts

, ot1

~a

beauté , fes g_races,

~

le defir que

fes fuJets avotent de la r evou·, e>-clterent la joie

publique : jeune, ingénieufe

&

reine, elle ne tarda

point

a

recevoir les vreux de plufienrs princes de

l'Europe qui afpirerent

a

fa main. Parmi fes adora

teur~

fe diftingu?it fur.:.rout _le

du~:

_d'

A

utriche, a

pe

p~.1ye

par les pnnces de Gmfe, qm preffoient leut

me e~

de lui donner la préférence. L'imprudente

Mane refufa fon con(eotement avant que d'avoit

c~:mfult~

la re!ne

Eli{abetlz.

Celle-d qui haidfoit Ma¿

rte, ma·¡s m01ns encore qu'elle ne détefioir la maifon

d'Autriche, diífuad(l Marie de cette alliance,

&

luí

pr_opofa ponr

~poux

mylord Dudlay fon favori;

fe1gneur Anglo1s depuis long -tems dévoué aux in..

térets _de fa fonveraine. Marie n'époufa ni l'archi–

duc, m Dudlay; elle fe

dé~ida

tout·a-coup,

&

par

une de ces paffions de capr1ce auxquelles elle n'étoit

que trop fujette , pour le comte de Darley fon

paren t.

C~tte

union qui eut des fuites fi fnneftes

~

n~

fit

qu'aJ~uter

a

la haine

d'_Eli{abeth,

qui ne put

faue alors eclater fon reífentunenr, trop occupée

a

foutenir la guerre contre la France, de concert

avee les. Protefians. Car ceux- ci commens:ant

a

égaler en force les Catholiques, avoient reconnu

pour leurs chefs le prince de Condé

&

l'amiral de

Coligny. Mais Marie elle-rneme ne tarda point

a

venge~ Eli{a~eth

,

par. le tort. irréparable que lui

firent a elleAmeme fon Iocondtnte ,

&

les égaremens

de fa honte.nfe paffion pour Rizzo, Italien de la plus

obfcure na1ífance. Cet homme vil, malgré fa baf–

feífe

&

fa difformité , avoit infpiré

a

Marie un amour

fi

violent, que le roi ne pouvant fe diffimuler l'éclat

de cette intrigue' vengea l'outrage fait

a

la ma¡efté

royale, en faifant poignarder l'adnltete Rizzo daos

les bras meme de fon amante . Marie aUl.ffi violente .

dans fon reífentiment qu'ell e l'avoit été dans fon

ameur, fe lia, foit par got"tt, foit pour aífurer fa

vengeance, a vee

le

eomte de Bothwe{, le plus

la

che

&

le plus fcéférat des hommes: elle vécut biehtot

avec lui comme elle avoit vécu avec Rizzo,

&

lui

promit de l'époufer auffi-tot qu'il l'ai.lroit délivrée

de fon époux. Bothwel remplit dans peu de j9urs

cétte affreufe condition: il étrangla fon maitre de

fes propres mains;

&

afin de cacher íon erime , il

fit fauter en l'air le cadavre, au moyen de quelques

barrils de poudre qu'il avoit fait placer au-deífous

de la chambre o'lt il venoit de

comm~ttre

cet aífaf–

finat. Mais cette précaution ne trompa point le

pe11ple , qui connoiífant l'ame féro ce de Bothwel

,

fes vues ambitieufes

&

fa nouvelle paffion, ne

chercha point ailleurs l'auteur de cet horrible par..o

ricide. D'ailleurs, qu and les fenhmens euílent pu

etre partagés , Marie eúr ell e - meme confirmé les

foups:ons , lorfque tres-peu de tems apres on la

vit fe maríer publiquement avec !'infame Bothweh.

D es ce moment, Marie fut généralement abhorrée;

l'Ecoífe entiere entra daos la conjuration qui fe

forma contre elle. Ses fujets prirent les armes,

&

la contraignirent d'abdiquer la couronne, en faveur

d'un fils unique encore au berceau, qu'elle avoit eu

du comte -d.,e D arley. Elle nomma le comte de

Murrai , fon 'Ú-ere naturel , régent du

royaum~

pendant la minorité du jeune fonverai n,

&

crut

~

en acceptant ces dures conditions, fanver du moins

fa vie

&

fa liberté : maig fes crimes avoient trop

violemment foule vé fes fujets, elle fut enfermée

daos un fort, d'oi1 s'étant évadée apres un an de

,aptivité, elle tenta de remonter fur.Je

trone:

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