CIT
CI¡l.¿rium
ou
Cijlericum, Ciflellence monaflerium,
célebre
abbaye, chef d'ordre en Bourgogne, dans le Dijo ..
nois, dio
e
efe de Cbalons, bailliage de
N
uirs, fondée
par faint Robert , abbé de Moleme , des libéralirés
de R,ainal , vicomte de Beaune,
&
d'Eudes , duc de
Bourgogne.
Cet ordre a donné quatre papes
a
l'églife,
E
u
gene
III ,
Grégoire
VIII,
Célefiin IV, Benoit
XII ,
&
qnanriré de cardinaux
&
de prélats.
L'abbé de
Cfteaux
a la jurifdiétion ordinaire fur les
quatre premieres abbayes appellées fes
quatre filies,
qui font la Ferté-fur-Grone dans le diocefe de Cha–
lons; Pontigni dans celui d'Auxerre; Clairvaux
&
Morimont dans celui de Langres. Les quatre abbés
{ont les premiers peres de l'ordre.
L'abbé de
Ctteaux
eíl: le chef
&
fupérieur général
de tous les monaíl:eres de fon ordre , qui étoient_,
avant la prétendue réforme, au nombre de 18oo
<l'hornmes
&
de
x
400
de filies,
&
auffi des ordres
rnilitaires de Calatrava,
d'
Alcantara,
&
de Monteze
en Efpagne, d'Avis
&
de Chrift en Portugal.
Il
a
droit
de conv<>quer le chapitre général de fon ordre
a
Ctteaux :
il
y
préíide,
&
dans l'intervalle il en a
tout le pouvoir.
I1
efr confeiller né du parlement de
Bourgogne.
'
La bibliotheque renferme pluíieurs manufcrits
précieux, celui entr'autres d'une
Bible
portée au
concile · de· Trente par l'abbé Louis de Beífey, qui
fervit
a
en donner une bonne édition.
L'églife, tres-belle, efr ornée de tombeanx d'é–
veques, d'abbés , de grands feigneurs. On difiingue
c·eux de Gui de Rochefort, chancelier de France
íous Charles VIII.
&
Louis XII, de Philippe Pol,
gouverneur de Bourgogne, de quatre fires de Vergi,
<le deux feigneurs de Mont-Saint-Jean ,
trois ele
Vienne. Sous le portail on voit le tornbeau du fon–
rlateur de l'abbaye
&
des autres ducs de la premiere
race fes fucceífeurs ; enfin on compte trente princes
ou princeifes de Bourgogne inhnmés
a
Cíteaux.
Le
c~ur
du pape Calixte
li ,
mort en
1 1
2.6 , eíl:
tler–
'fiere I'autel.
Alain, furnommé le
doéleur zmi-verfel
, fut inhumé
a
Cttea...
:c
en
r
294.
Innocent IV. n'étant que cardinal de Fiefque, fut
l'ami de l'empereur Frédérjc; devenu pape, il fut
fon ¡nortel e_nnemi,
&
fuivit les traces de l'or–
gueilleux Grégoire IX; obligé de fuir la colere de
l'empereur, ilfe retira
a
Genes fa patrie: étant avertí
que le roi faint Louis devoit fe rendre
a
Ctteaux,
ce
pape écrivit
(\U
chapitre g.énéral une lettre étudiée,
par laquelle il prioit tous les abbés qui s'y trouvoient
de conjurer le roi
a
mains joi.':ltes
&
a
genoux' de
le prendre, útivant l'ancienne coutume .de France,
fous fa proteétion ,
&
de le défendre contre Frédé–
ric qu'il nommoit
fils de fatan :
de plus illeur infi–
nuoit qu'ils lui feroient plaiíir , s'il engageoient le
roi
a
le recevoir dans fes états.
Louis s'avan<;oit en e:ffet vers
Cíteaux.
Tous les
abbés
&
la communauté, qui étoit de
500
moines,
ayant appris fon arrivée, allerent proceffionellement
au-devant de lui pour
le
recevoir
&
le conduire
a
leur monafrere. Le roí ayant été introduit dans le.
chapitre' apres s'y etre affis au milieu des abbés
&
<les feignems, fe recommanda
au~ p~Í~res
des reli–
gieux; alors tOUS
a
genOQX, les mams JOmtes
&
avec
larm·e.~,
lui 6rent
la
priere que le pape leur avoit
prefc;lte. ·.
,..
Le
rói
s'étant mis a _genoux devant eux ( que les
a.-ois font grands
lorfque.lapiété les engage
a
fe ra–
baiífer! ) ,Jeur dit:
«
Si je puis, fans bleífer l'hon–
neur .de
m
a dignité, me preter
a
ce que vous me de–
mande~,
je défendrai le pap,e conrre l'empereur Fré–
déric,
&
je \ui
donnerai
m~lJle
, pendant.fon
ex.il,11n
afyle
daos mes états,
pourvu.
qu~
nws
br.r9
ns meCIT
445
1~
confeillent,
p~rce
qu'nn roi de France ne peut fe
drfpenfer de flllvre leurs avis
H.
e
Parole remar–
qnable.)
Louis aífembla done les
f~ign7urs
de fon royan–
me pour les confulter: ceux·ci, b1en convaincus que
la cour de Rome eíl: toujours
a
charge a fes hotes
répondirent qu'ils ne fou:ffriroient pomt que le
pap~
vint s'établir dans le royaume. C'eíl: ainfi que fous le
gouvernement d'un prince jeune
&
pieux, la fageífe
&
la prudence vigilante des grands, conferve
au
roi
la fplendeur de la majefté fans aucun melange de
l'éclat d'une puiífance étrangere '
&
aífure
a
l'état fa
tranquillité.
Conformément a l'avis des feigneurs, le roi ñt
entendre au pape qu'il ne devoit pas comprer fur la.
France. Tout le monde craignoit de
le
poíféder ·
il
avoit
a~ffi
demandé .en meme, tems au roi
d'
Aragon
la permiÍiion de vemr en fes etats : cette permiffion
lui fut égalemen t refufée : dans fon embarras , le
pape
fonge~
a
1'
Angleterre 'Otl il ne fut pas plus heu–
reux: '' D1eu nous garde de la préfence du pape
répondirent les barons, il ne viendroit lui-meme
qu~
pour piller.les biens de l'églife
&
du royaume
H.
On raconte que le pontife s'écria dans un tranf–
port de colere: ((
I1
faut venir
a
bout de l'empereur,
ou nous accommoder avec lui; apres avoir écrafé
o u adouci ce grand dragon, nous foulerons aux pieds
fans crainte les 'petits ferpens
H••
Ainú Innocent , refufé par-tout , fe détermina
a
venir
a
Lyon, ville neutre, dont l'archeveque étoit
. feigneur : c'efi la
oi1
il tint un grand concile
oi1 il
excommunia Frédéric; coup d'éclat qui eut de ter–
ribles fuites.
Hifloire des entreprifes du Clergé ,flconde
partie, page
10, 12,
1767.
Boileau., étant
a
la fuite de Louis XIV. au voyage
que ce. pnnce lit
a
Strasbonrg' paífa
a
Cíteaux'
Oll
les momes le re<;urent avec beaucoup de difiinétion.
Quandils lui eurent faitvoir leur couvent, l'un d'eux
luí demanda qu'il leur montdit done le lieu
0~1
Io–
geoit la mollefie, comme ill'avoit avancé dans (on
lutrin.
<{
Montrez-la-moi vous-memes , mes peres, leur
répondit-il en riant, car c'efi vous qui la tenez ca·
chée a ve
e
grand foin.
»
Récréat.
litt.
Lyon, 176
5,
e.n
4
vol.
in-folio.
On voit
a
Cíteaux
une
Bible
corrigée par les foins
de faint Etienne troiíieme abbé; précieux monument
du zele que ce faint abbé avoit, afin que le-G reli·
gieux puifaffent la fcience du falut dans les fources
les plus pures. Cet exemplaire corrigé de Ja
Bible
efi de
x x
09.
11
affembla les abbés
&
prieurs de l'or–
dre en
I I 1
9· ( déja
1 2
abbayes.)
C'eíl: le fecond chapitre général.
I1
y forma des
fr.atuts appellés
Charta Charitatis,
approuvés par une
bulle du pape Calixte
II,
datée de SaulieLI en
1
x
1
9·
A
vant fa mort, arrivée en
1134,
il établit
100
mo–
nafteres ,
1
3
par fes mains, le refte par celles de fes
aifciples.
I1
choifit, avec le chapitre , Gui pour luí
fuccéder : c'étoit un hipocrite qui fut dépofé
un
mois apres,
&
Rainald, difciple de faint Bernard,
mis
~
fa place.
La,
Chane de Charitl
eíl: un ouvrage djgne de
la -
piété de faint Etienne
&
des premiers abbés de
Ct–
teaux.
Cet écrit ne refpire que la charité, prefcrit
les moyens de la conferver,
&
réunit
entr'eu~
tous
les monafreres pour n'en faire qu'un corps fous
tUl
meme chef.
Le chapitre, compofé de
10
abbés, approuva
cette chartre de
JO
articles, adreífée
a
tOUS les ab–
bés. En
x226
íl
y avoit déja plus de
6o
abbayes en
France, puifgue Louis
VII{,
dans fon teframent, fait
des legs
a
6o maifons de l'ordre de
Ctteaux.
Je me fouvief,lS,
dit
l'abbé d'Olivet dans une let...
tre
~e
}
73_2
a.
~· ~~ pré~de,nt
Bouhier,
d'~voir
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