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CH

armes; au fiége de Copenhague

ilfit

éclater un cou–

rage bien .rare dans l'enfance , ou les

organ~s,

trop

foibles, font puiffamment remués par tour objet ter–

rible : on l'eut pris pour un foldat daos la melée'

pour un capitaine dans le confeil.

Il

voyagea.) rap–

porra daos fa patrie une connoiífance profonde des

mreurs, des inrérets

&

des loix des nations voifines,

&

une pa:ffion violente pour Charlotte-Emilie, prin–

cdfe de Heife-Caífel. Frédéric ne s'oppofa pomt

a

un penchant fi légitime;

Chrijliern

épouía la pnnceife,

le

10

mai

1667.

Frédéric étant mort en

1670,

Chri{–

tiern.

monta fur le trone: il trouvoir un peuple abar–

tu,

des finances épuifées , des minifires av1des, tes

traces encore récentes des guerres que Frédéric a voi t

foutenues, enfin la Suede toujours prete

a

prendre

les armes contre le Danemarck.

I1

vouloit fe mercre

en état de défenfe '

&

fe propofoit meme d'aller

porter le fer

&

le feu jufques chez

(es

ennemis;

mais le peuple devenu audacieux, par l'impuiffance

m

eme d'obéir' luí refufa des fubfides qu'il ne pou:

voit

payer; d'ailleurs l'ancienne querelle des ducs

de Holftein

&

des rois de Danemarck.) a

u

fujet du

comté d'Oldenbourg, fe réveilla. La Suede pro–

mettoit

fecrétement fon appui aux ennemis de

Chrifliern.

Celui-ci fut fi adroitement fe tirer de ce dif–

férend.) done les fui tes pouvoient erre funefies 'que

le duc de Holfrein Gotrorp ,

&

le duc de Holfiein

Ploen derheurerent feuls en butte

a

leur animoíité

réciproque. Le roi parvint

a

les réconcilier ; mais

malgré l'alliance jurée par ces princes,

Chrijliem

qui.

fe défioit de leurs promeífes, avant de fe mettre en

marche contre les Suédois, voulut s'aífurer de leurs

principales fortereífes, de peur que pendant fon

ab–

{ence, ils ne fiífent une irruption dans le Danemarck..

La guerre fut déclarée ; la Hollande envoya une

flotte dans le Nord, elle fe joignit

a

celle de Suede;

les princes de Brandebourg , de Lunebpurg , de

Munfrer unirent leurs forces

a

ce!les de

Chriftiern,

pour accabler une puiífance que tant de fucces

avoient rendue formidable au refie de l'EuroRe. Le

célebre Tromp fe fignala daos cette expédition,

&

le roi lui donna l'ordre de l'Elephant. Ce prince def–

cendit en Sea nie, entra daos Helíinbourg fans coup

férir, emporta Landskroon de vive force ,s'empara

de Chriftiandilar, revint

a

Copenhague, reparut

a

la tete de fon armée, vint camper entre Sorenflorp

&

Stanky,

&

préfenta la bataille aux Suédois: elle

fut tres-meurtriere, on fit de grandes fautes, de

beaux exploits, des évolutions

fa

vantes ; chacune

des deux armées fut battue

a

une extremité ' tandis

qu'elle triomphoit

a

l'au tre '

&

les deux partís s'at–

tribuerent la viél:oire.

Clzrijiiern

revint

a

Copenha–

gue pour faire de nouvelles levées,

&

fe mettre en

état de remporter des fucces moins

conteíh~s:

il

envoya auffi des minifrres plénipotentiaires au con–

gres de NimegLte, réfolu de combattre

&

~e

négo–

cier , de faire

a

la fois la paix

&

la guerre. Tandis

que fes ambaífadeurs fe querelloient avec ceux d'Ef–

pagne fur le cérémonial, il invefiit Malmoe;

il

alloit

{e

rendre maitre de cette place, mais un pont s'étant

écronlé fous la multitude des aifaillans, qui furent

noyés , le refie

p~rdit

courage;

&

Clzrifliern

qui

favoit combien il efi dangereux de rebuter le foldat ,

leva le íiege.

Il

crut qu'une viél:oire répareroit, avec

éclat, le léger échec que fes armes venoient de re–

cevoir: ce fut pres de Landskroon, en

1677 ,

que fe

donna cette bataille, ou les rois de Suede

&

de Da–

nemarck firent tous deux de prodiges des courage

&

de génie , capables d'étonner les plus grands ca–

pitaines;

ils

n'avoient point de pofre fixé, que celui

ou

le péril étoit plus grand.

ChriJ!iern

fe precipita

pluíieurs fois au milieu des Suédois ,

tua plu–

íienrs officiers de fa main, chercha par - rout fon

ennemi ,

&

ne put le joindre. Le combat ne ceífa

e

R

4IJ

que lorfque les combattans épuifes de fatigues

ac–

cablés par la chaleur , n'eurent plus la force de fe

Íervir de leurs armes. L'armée Danoife fe retira e

bon

or~re

.)

&

fa

rer;_ait~

laiífa au.x S:tédois le champ

de bata11le,

&

le preJuge de la VIéto1re plus impor–

tant quelquefois que la viél:oire meme.

Cependant les troupes qui étoient defcendues

dans File de Rugen, fur nt 'crafées par les Suédois.

Le refi:e de la campagne ne fut pas plus heureux;

les Danois recevoient échec fur échec , la nation

étoit découragée, les foldats fe trainoient aux com–

bars,avec cene défiance qui pré age la défaite ; le roi

feul_ étoit toujours le meme. On négocioit toujours

a

N1megue: le roi de Suede croycit que les difara..

ces que les Danois avoienr eífuyées le rendroi'ent

rnaitre des condi_tions; mais

Chrifliern

jt~ra

de périr,

plutot que de fa1re une paix honteufe. Les hoftilités

continuerent, mais avec moins de violence- une

flott~

Suédoife fut

bat~ue

par les Danois , qu;lques

provmc,e~,

quelques 1les , f:trenr fubjuguées fans

coup fenr. Ces pertes renduent le roi de Suede

moins ddncile fur les conditions du traité ; il fut figné

en

1679 ,

par la médiation de la France,

&

ce fut

en conjidération

d~

S a Majejlé Tr'¿s-Chrétienne,

que

Chrijiiern

confentit

a

rendre

a

fon ennemi rout ce

que ce prince polfédoit avant la guerre.

11

fit meme

alliance a vec ce prince, mais bientot il tourna fes ar–

mes contre

ld

ville de Hambourg. On négocia long–

tems fans fruit,

&

ce différend fut encore terminé par

l'entremife de Lonis

XIV

&

des princes de Brunfwik.

Le mariage de la princeífe Ulrique-Eléonor avec le

roi de Suede , diffipa les alarmes que donnoient aux

d<!ux nations les reífentimens de leurs princes, qu'ils

croyoient mal étouffi' s; mais bientot les prétentions

de

Chriftiern

fur le Holftein , menacerent le Nord

d'un nouvel embdifement. Dans un voyage qu'il

fit

par mer pour aífurer le fucces de fon entreprife, il

fut fur le point de faire naufrage ; on le vit calme

dans le péril, encourager les matelots effrayés, rem–

placer le pilote,

&

montrer moins d'inquiétude pour

lui-meme que pour fes compagnons.

·

Ce prince n'a voit point perdu fes vues fur Ham–

bourg; fes querelles toujours renaiífantes avec le

duc de Holflein Gc:>ttorp; fes négociations avec la

cour de France, un peu lente

a

le feconder, ne l'em–

pecherent pas de former une tentative fur Ham–

bourg : il affiégea cette ville avec des troupes qui

auroient

a

peine fuffi pour la défendre. Forcé

a

la

retraite , moins par la puilfance de fes ennemis

~

que par la foibleífe de fes troupes , il termina le fie–

ge par une capitulation, également genante, &pour

lui-meme,

&

pour les habitans. Mais il avoit en vue

une proie plus belle ; c'étoienr les états du duc de

Holfrein

~

dont il s'empara. Cette efpece d?ufurpa–

tion fouleva toute l'Europe: le traité d'Altena ap–

paifa ces différepds

íi

longs

&

fi funeftes; &

Chrijliern

refiitua, avec regret, des biens qu'il avoit conquis

fans effort. Ce prince ne put jamais étouffer dans

fon creur les relfentimen qu'il avoit con<;ns contre le

duc ; il lui fufcita des affaires épineufes ;

&

íi la ja–

loufie que la puilfance Danoife excitoir parmi fes

voifins n avoit donné des protetleurs

au

duc,

Chri:f–

tiern

l'auroit accablé. Enfin, fa mort arrivée en

1699~

calma les alarmes dont fes projets avoient rempli

tout le Nord de l'Europe.

Il

éroit brave,

&

n'affec–

toit point de monrrer fon courage :

il

jouoit avec le

péril lorfqu'il y étoit engagé,

&

ne le chercboit pas:

fa

douceur é

toit naturelle,

&

n'avoir rien d'appreté:

il

refpeB:a.la

religion 'fans erre l'efclave des pretres:

di

ri<Yea toute

s

le

démarches de fes ambaífadeurs;

mai~

on lui reproche d'avoir quelquefois facrifié

a

la

fplendeur extérieure de fon royaume , les foins du

gouvernement intérieur. (

JJ1..

DE SACY.)

CHRISTINE, (

Hijloire de Potogne.)

reme

de