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eH

'de cap.ifuler. Les principaux articles du traité étoient

'qu'

lle auroit la liberté de retourner en Danemarck

&

que fes foldats auroient la vie fa

u

ve.

. La reine fortir done en

1

502.; mais

au inéprís de

la capitulation , elle fe vit entourée de gardes,

&

conduite

au

monafiere de

W

adfiene , ou elle paífa

tm

an dans une rerraite obfcure

&

peu digne d'clle.

Enño , le

1

1

gat du pape, les députés de la ville de

Lubec,

&

plus que tout le refie, la erainte de voir

le roi de Danemarck venir

a

main armée redeman–

<lerfon époufe ' engagerent l'adminifirateur alui ren–

dre la liberté ;

il

la conduifit lui-meme jufqu'aux

frontieres de la Hallandie. Le peuple, la. nobleífe

s'empreífoient fur fon paífage' tous admiroient l'bé–

roine du

N

ord , elle rentra en Danemarck,

y

fut

rec;:ue avec des acdamafíons' pardonna

a

fon époux

l'abandon o

u

ill'avoit laiífée , confacra le refre de fa

vie

a

fonder des monafieres ,

&

laiífa

a

Copenha.

~u

e des monumens de fa piété, comme elle en

avoit laiífé

a

Stockbolm de fon 'ourage.

(M.

DE

SACY.)

CHRISTINE, (

Hifloire ·de Suede.)

reine de Suede,

filledeGufiave-Adolphe, née le

18

décembre

162.6.

Gufiave,vainqueur des trois puiífances qui avoient

:fi

fouvenr tenté d'envahir fes états , jouiffoit enfin

du fruit des

venu~

&

des exploits qui lui avoient

mérité e titre de

grand'

rien ne manquoit

a

fa gloire

<jUe le bonheur d'en tranfmettre l'éclat a un hérÍtÍer

digne de lm. Les afirologues , felon l'ufage , ne man·

querent point de prédire que la reine accoucheroit

e'

un fils: la reine accoucha d'une fille ;

n'

import~

dit Guilave,

ceue filLe me vaudra bien un gar.¡on.

On

ne parle point des prodiges qui accompagnerent la

naiírance de la jeune princeíre, paree qu'a préfent on

ne voit plus rien de prodigieux que dans la crédulité

de fes fuperfiitieux contemporains.Chrijline rec;:ut une

aufii bonne éducation que fi elle n'etlt pas été defti–

née

a

régner; fon pere en avoit tracé le plan luí-me–

me,

&

fes ordres apres fa mort, furent fuivis, 'om·

me s'il n'eftt pa été roi.

Le

h

'ros percé d'une fleche lancée par un bras

inconnu, venoit de périr daos le fein de la viétoire,

a

la bataille de Lutzen,

&

fa mort alloit reno

u

veller

les horreurs de l'anarchie : une fille de

fi~

ans étoit

~oute

la reífource de l'érat ménacé de routes parts.

.Le Danemarck fier de fes anciennes prétentions au

trone de Suede , depuis la fameufe union de Calmar

en 139

e;

;

la Pologne toujours indignée d'nne

p~ix

qu'on luí avoit fait accepter les armes

a

la mam;

la Mofcovie, jaloufe de rentrer daos les provinces

qn'?n lui avoit arrachées , plus,

jalo~1fe

d'eo ..con–

qu

rir de nouvelles ; tous fe preparotent

a

fe dlfpu–

ter une couronne qui paroi:ífoit devoir appartenir

a

c elui qni auroit le bonheur de s'en emparer. Les

é1ats de Suede s'aífemblerent ; le maréchal de la

diete ofe propofer de couronner la jeune princeífe.

Un payfan s'avance,

&

demande :

Quelle

efl

cettefille

de Guflave ? qu'on nous la montre

,

nous ne la con–

noij{ons pas.

Le land - maréchal court chercher

Chrijline

,

la prend dans fes bras

&

la fouleve au.

milieu de l'aífemblée. Le payfan s'approche

&

s'écrie

les larmes aux yeux:

Oui c'ejl lui-méme, voila Lenez,

les yeux

&

le front du grand Gujlave: ;:ous

la.vou.lo

~s

pour notre fouveraine.

Au moment meme

mllle cn

s

d'applaudiífement s' llevent, tandis que les grands

duroyaume profiernés aux pieds de l'augufie enfanr,

le reconnoiffent pour roi

&

font dépofer fnr les

marches du trone , les trophées enlevés aux enne–

mis

a

la fatale journée de Lutzen.

Chriftine

'levée {ous les yeux des hommes éclairés

qui pr ' údoient

a

fon éducation, commenc;:oit

a

fe

li rer fur le trone'

a

ce goftt paffi.onné pour

1'

1

tude

sui

devoit un jour

hU.

infpire~

le

projet

fmgulier

1'<;.me

11

t

H R

417·

d'en defcebdre. Fiere de fes connoilfances dans tous

le~

genres,

~vide

d'en acquérít:. de nouvelles , la

reme emouree de ftatues , de manufcrits

de mé–

daille~'

cherchoit

a.

s'a~tacher

les grands' hommes

dont

1

Europe fe glonñ01t alors. Grotius

le com–

patriore , l'ami, le défenfeut du

venue~tx

Baroe–

veld, dont on 'if

enoit d

e

ncher

la

tete

a

foixante–

douze aos, pour

avo.ir

e

'honneur de d lfendre fa

,patrie con e

l'

ufurpa

tion du prince d'Orange

~

Grotius échappé des prifons, vint apporter

a

Stoc–

kholm, des taleos, des vertus

&

une réputation qui ,.

a

Rotterdam, ne l'euffent point fauvé de

l'écha–

faud. Pafcal qui dans Paris venoit de perfeB:ioner la.

roulette, cherchoit dans le

N

ord des approbateurs

de fon ouvrage ; il écrivit

a

la reine qui ' pour le

malheur de la Phyfique

&

des Marhématiques, eut

celui de ne pouvoir l'attirer a fa cour ; car il efi

a

préfumer que: Pafcal en Suede, fe feroit livré

a

d'au–

tres occupations que celles qui l'abforberent tout

le refie de fa vie. Defcartes dont les ouvrages

étoient ignorés en France, perfécutés en Hollande

~

admirés en Suede, fe laiífa perfuader d'y aller

¡otúr des honneurs dont

il

fe fentoir digne. C'éroit

un fpeB:ade peu commun, de voir une jeune reine

fe lever tous les jours

a

cinq heure's du matin

pour converfer ave e un philofophe fur des quefiions

de métaphyfique. Jaloufe de eadmiration des favans

a

l'age oit fon fexe

foup~onne

a

peine qu'il en exifie'

elle entretenoit uue correfpondance fuivie avee Sau–

maife, le plus érudir, comme le plus orgueilleux

des pédans; avec Voilius le Théologien ; ave

eGo~

deau , homme de vertu

&

de mérite , qu'un boñ

mot

fir

éveque ,

&

dont n0us avons des milliers

de vers qu'on lifoit alors. Parmi les lettres de

Chrzfiine

on doit

fur~tout

remarquer celle

Otl

elle offroit

a

~c~déri, d'acc~pter

la

déd~

·ace de fon

Alaric

en

y

JOignanr un prefent confi.derable, pout u qu'il effa·

<;at de fon po "me , l'éloge de M. de la Gardie, qu'une

indífcrétion venoit de perdre dans l'efprit de la

re·ine. Scud 'ri eut le courage de répondre:

qu'it ne

ditruiroit

j

amais L'auteL ou il avoitfacrifié:

on fait que

l'immortel anteur des

Géorgiques

eut la foibleíre

d'effacer de fon poeme le nom de Gallus fon

ami:>

que l'empereur venoit de difgracier. Un procédé

íi

diffil rent fait defirer ou que le poeme de Scudéri ne

foit pas fi détefiable , ou que celui de Virgile ne foit

pas un chef-d'reuvre.

Peu

contente des lumieres que donnoit l'éduca–

tion d'Athenes,

Chrifline

y

joignoit les exercices fati...

guans de celle de Sparte ; de la fon averfion poul'

tous les petits ouvrages de main; de

la

fon inclina–

tion pour les plaifirs de la chaífe

&

les travau.x de

}éJ.

guerre. Son antipathie pour tout ce que difent

&

font les femmes étoit

fi

violente, qu'elle difoit fou–

ve_nt que la nature s'étoit méprife en

la

faifant

femme; en affefrant les vertus de notre fexe, elle

renonc;oit volontiers alll' graces du fien. La paix

conclue avec les Danois permettoit

a

la Suede

de raífembler tontes fes forces contre les Impé–

r.ianx dont la puiífance menac;:ante alarmoit tous

les princes de l''.E.urope. Torfienfon le maitre

&

l'ami de Turenne , contribuoit par l'éclat de fes

viétoires , comme le chancelier Sal

ius

par la fa–

oeífe de fes

né~ociations,

a

rendre

Chrifline

!'arbitre

~hme

paix génerale, que deiiroient égalemem toutes

les pniífances be l•gérantes

~

cette fameufe paix de

W

efipbalie

fut

enfin íignée au mois d'oél:obrc

164~.

Innocent

X

fnt feul m' conteot. Ce papé n'a oit pas

prévu qu'en , oulant

m~in

~en.ir

.

l'équihbre enrr:

l~s

puiffances de

1

Europe ,

11

et01t

1mpoilible d aff01bht'

la maifon d'Autriche qu'il n'aimoit pas, fans agran–

dir les protefrans qu'il aimoit encore moins.

ll

crut

fe venoer en faifant afficher a Vienne une bulle ,

par laquelle

il

{efmoit

a

Chrijline

le

titre de

reine

d~

s;

g~