Table of Contents Table of Contents
Previous Page  424 / 960 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 424 / 960 Next Page
Page Background

410

CHR

mis

&

commenc;a fon regne fous les plus heureux

auf~ices

en 1458. La Norwege fe hata de lui offrir

la couronne , qu'il rec;ur

a

Droorhei!TI la meme

année. La mort d'Adolphe ,

1

fon oncie, lui donna de

nouveaux états ;

&

malgré les prétenrions de plu–

íieurs princes' il réuoit

a

fon domaine le duché

?e

Slewigh,

&

les comtés de Holfteio

&

de Stormane.

La ville de Hambourg fe

trouvoi~

enclavée dans _Ja der–

niere de ces feigneuries; les mag1ftrats, encore 1aloux

de leur antique liberté, ne rendirent au roí qu'un hom–

mage verbal: il s'en

conten~a,

fltr de les

force~,

quand

ille voudroit'

a

une foumiÍiion plus authentlque.

Les vertus

&

la gloire de

Chrijliern

íernbloient

s'accroitre avec (a puiífance: refpetl:é de fes voifins,

i1

fut !'arbitre des différends qui s'éleverent entre

les

villes de Schwerin, de Lubec

&

de Lnnebourg.

Chrijliern

n'agit point comme la plupart des monar–

ques, que de petits princes prennent pour juges en–

tr'eux,

&

qui terminent la querelle en s'emparam

de l'objet contefté; fon équité lui mérita la confiance

de toute

1'

Allemagne : il lui refioit encore une fom–

me coníidérable

a

payer aux princes qui lui avoient

cédé les coJTités de Holfiein

&

de Stormarie; il alloit

mettre un impot fur fes états pour acquitter cette

dette, lorfqu'il apprit que Marius Fregen, légat du

pape, avoit vendu des indulgences en Suede , fous

le prétexte de faire la guerre aux Turcs avec le pro–

duit de cette vente. La fomme étoit proportionnée

a

la fottife du peuple ,

&

le prélat alloit emporter du

Nord des richeífes immenfes.

Chrifl.iern,

qui ne pon–

voit concevoír que Dieu vendit fes graces

a

prix

d'argent,pour aller faire la guerrea des hommes qu'il

avoit créés, fe faifit de cet argent, acquitra la dette de

l'6tat,

&

la Suede eut des indulgences gratis.

La puiífance des villes anféatiques donnoit de

l'ombrage a

Chrifliern;

la fplendeur de leur commer–

ce/excitoit la jalouíie de fes peuples : il forma )Jne

li·

gue de plufieurs princes Allemands pour accabler

ces républiques fitot qu'elles oferoient troubler le

repos du Nord,

&

ce traité fut

íi

fecret, que les ré–

publiques le foupc;onnerent a peine. La ütgeífe de

Chrifliem

qui avoit éclaté dans tant d'opérations

politiques, échoua cependant contre le parti de

Charles. Les amis du prince détroné, réfolurent

de perdte l'archev@que d'Upfal daos l'efprit de

Chriftiem,

afin de perdre

Chrijliern

lui-meme daos

l'efprit du peuple. Ils lni peignirent l'archeveque

comme un perfide qui machinoit fourdement pour

replacer Charles fur le .trone , ou peut-erre pour y

monter-lui- meme. Le roi donna dans le piege; l'ar–

cheveque fut arreté

&

conduit en Danemarck:

auffi-tot les accufateurs du prélat devinrent fes dé–

fenfeurs; ils perfuaderent au peuple, que par ce

coup d'état,

Chrifliern

avoit violé fes fermeos , at–

tenté aux privileges du clergé, que la caufe de Jean

Salfiat devenoit celle de la nation , qu'il falloit rap–

peller Charles. Il reparut en effet, fut couronné de

nouveau,

&

dut cette révolution aux viétoires que

Katill , éveque de Linkoping ,

&

neven de l'arcl:te–

veque, remporta fur les troupes Danoifes.

Chrijliern

crut qu'il étoit tems encore de réparer fa

fa ute: il rendit la liberté

a

l'archeveque. Celui-ci, plus

fier de donner

&

d'oter, au gré de fon cap rice, Ja

couronne de Suede, que s'i.l l'eut porrée lui-meme,

paffe dans ce royanme , change en un moment le

fyfieme politique , fait une révolurion dans les ef–

prits, raffemble une armée , met celle de Charles

en fuite ' le force lui-meme a déclarer en plein fénat

qu'il renonce

a

toutes fes prétentions fur le trone '

le relegue en Finlande , fait nommer un adminifira–

teur,

&

s'empare de l'autorité prefque toute entie–

re.

Chriflúm·reconnut

alors qu'en délivrant l'arche–

veque' il n'avoit pas été moíns imprudent ' qu'en le

charg_eant de fers. Le rufé prélat, pour fermer

a

ce

·eH R

priñcel'entr 'e de la Suede, l'occupoit ailleurs; & par

de Jo urdes menées, exciroit contre lui Gerard, comte

d'Oldenbourg)frere du roi.Celui-ci accumula révoltes

fu~ r~vol~es, ou~r.ages

fur ourrages, entra dans le Holf.

tema mam armee, fouleva la Frife, demanda pardon

a

fon fr re' l'obtinr'

&

abufa de fa clémen pour

commettre de nouvelles hofiilités.

Clzrifiiern

toujaurs

en guerre conrre ce prince ne pouvoit [aifir unmoment

pour reparoitre cnSuede; tandis qu'il étoit aux prif: s

avec fon frere, l'archeveque mourut,

&

Charles fut

rappellé

&

couronné une tro1fierne fois parfon parri.

Ves

que Jean

Sa~fiat

eut fermé les yeux, Gerard

rentra dans le devmr;

Chrijliern

fit

reconno1tre Jean

fon fils pour fon fucceífeur : paífa en Suede a la te re

d'une armée , rencontra celle de Charles pres d Elfs–

bourg

?

r:x.

remporta une iB:oire figna l' e : s'il avoit

pourfut

1

les fuyards, Charles tomboit du trone une

trot 1eme fois, mai

Chrfft,iern

préféra le repos de la

Suede

a

f

S

propres ioterets ' mit has les armes'

&

ne prenant plus la guerre , mais l'équité , pour juge

entre Charles

&

lui, indiqua une aífemblée

a

Lubec,

Oll

Jeurs droits refpetl:ifs devoient etre difcutés par

les députés des deux nations. On s'aífembla en tu...

multe • on difputa ave e paffion, on ne conchlt rien

&

l'on fe fépara plus ennemis que Jamais.

'

Cependant Charles mourut; alors

Chrifliern

repa•

rut fur la fcene, bloqua le port de Stockholm avec

une flotte nombreufe, ne put empecher l'életl:ion de

Stréen-Sture, adminiílrateur, mit fes troupes aterre

fut attaqué dans fon camp , combattit en foldat ,

&.

fut bleífé. On le rapporta fur fon vaiífeau; fes trou–

pes foutinrenr le choc quelqne tems: mais enfin

accablées par la multitude, elles regagnerent la flotte

en défordre ,

&

Chrijíiem

retourna en Danemarck.

Il

:'occupa des foins du gouvernement,

&

fans pa–

rortre regretter la couronne qu'il avoit perdne , Ion–

gea

a

fe montrer digne de celle qu'il a voit confer...

v~e.

Le pape voulut l'engager a quitter fes états pour

fa1re la guerre aux Tu res ; il rejetta cette propoíition

ave e mépris: mais ce prince qui .favoit défendre fon

creur de la fureur épidémique des croifades, fe laiífa

furprend~e

par la manie des pélerinages; il alla

a

Rome v1fiter le tombean des apotres,

&

en rap–

porta une bulle, par laquelle fa fainteté daignoit Iui

.permettre d'établir une académie dans fes ét ts. 11

ét?it fingulier de voir un monarque fage

&

puiífant

fa1re un voyage de cinq cens lieues pour demander

a

l'éveque de Rome la permiffion d'éclairer fon peu–

ple, ou plutot ríen n'étoit fingulier daos ce íiecle

ba.rbare. C,e

fu~

a

Copenhague que ce corps acadé–

m1que

~ut

etabh en 1474, fous le nom

d'univerjité.

Le manage de Jean, princ;e héréditaire de Dane–

marck, avec Chrifiine , filie d'Ernefi, életl:eur de

Saxe, donna lieu

a

des fe tes pompeufes, qui acqui–

rent encore plus de célébrité par l'iníl:itution de l'or–

dre de l'Elephant. Le reíle de la vie de

Chrijliern

ne fut qu'une

fui

te d'opérations potitiques; la Oyth–

marfie rangée fous fon obéiífance fans effufion de

fang, l'u?ion de Calmar rétablie,

&

le trone de Sue..

de promlS

a

Jean fon fils, les dettes de l'état acquit–

tées, l'ordre remis dans les finances, la naiífance

d'ur:

~etit-fils,

qu'on nomma

Chrijliern,

confoler~n~

fa Vtellleífe de tant de malheurs dont fa vie avoit ete

traverfée,

&

qu'il ne méritoit pas; il mourut en 148 r.

Chrijliun l.

eíl: le chef de l'augufie maifon qui oc–

cupe aujourd'hui le trone de Danemarck: il préten–

doit defcendre du célebre Virikind, chef des Saxoñs.

Mais il n'avoit pas befoin de cette origine , on chi–

mérique ,

Otl

réelle , pour etre un des plus grands

princes de fon tems: excellent capitaine , s'il ne fut

pas conquérant, c'efi qu'il eut horreur de l'erre ; s'il

fit des faures en politique, ce fut fa candeur qui les

luí fit ':ommettre. Le Danemarck fut heureux fous

fon regne ' meme au milieu des guerres

qt.t'il

foutint;