CHE
'tPégafe;
&
il
s'en fervit utilernent
a
combattte
un
monfire terrible' qu'il tua enfin a coups de fleche.
La fable dit•que Minerve elle-meme avoit dompté
le Pégafe en lui mettant un rnors; ce qui fit donner
a
la déeife le nom de
Mirzerve
-
Chalirzitis,
du rnot
grec
x,
a.r.sv¿~
,
qui úgni.fie un
frein.
Il
eft aifé de voir
que cette fable ne íignifie autre chofe, finon que
Bellérophon , par fon adreífe
&
fa dextérité, s'étoit
rendu maitre de ce fougueux animal.
Bellérophon , fils de Glaucus
&
petit-fils
d~
Sify–
phe , defcendoit de Deucalien par fix dégrés de
génération,
&
vivoit du tems
qu~
Aod exers:oit la ju–
dicature en Judée. On peut inférer de-la, que l'ufage
de monter
a
cheval
ne commens:a en Grece que l'an
du
monde
26 50 ,
treize a quatorze ceas ans avant
l'ere chrétienne. Nous difons en Grece ; car il eft
certain qu'en Egypte on fe fervoit de
clzevaux
long–
tems auparavant. Le Pharaon qui fur englouti dans
la mer Rouge , en pourfuivant les
~fraélites,
trai–
noit apres lui une nombreufe cavalene
&
beaucoup
de chariots. Les Ifraélites , qui avoient fait un long
féjour en Egypte, ne pouvoient non plus ignorer
l'art de tirer du fervice d'un animal auffi utile que
le
cheval.
Nous ne nous arreterons point
a
une ancienne
tradition , qui avoit cours en Grece , que Neptune,
c:lifputant avec Minerve a qui feroit aux hommes
le préfent le plus utile, frappa la terre de fon tri–
dent,
&
en fit fortir un beau
cheval
d'ou il prit le
furnom de
Hippius
;
furnom dont on pourroit ren–
dre d'autres raifons. On chercheroit en vain un fens
·2llégorique dans cette fable. Quelques-uns préten–
rlent que le
cheval
eft le fymbole de la navigation;
maísapparemment, ils ignorent que Pamphus, poete
plus ancien qu'Homere, dit formellement que les
llommes font redevables a Neptune ,
&
du
cheval
&
de ces tours flottantes que nous appellons des
-vaif-
feaux.
U
diftingue ces deux. chofes, loin de les con·
fondre
&
de faire 1\me le fyrnbole de l'autre. Selon
M.
l'abbé Géc}oyn , c'étoit en effet une efpec·e de tra–
¿ition, que les Athéniens prenoient plaifir
a
débiter,
paree qu:elle flattoit _leur
~anité; ~le
vulgaire
t~u
jours crednle pOUVOit
y
aJOUter
J01,.
COmme a m11le
a utres abíurdirés. Les poetes, qui fa1fiífent le mer–
veilleux par tour ou ils le trouvent , n'ont pasman–
qué de faire honneur
a
Neptune de ce
cheval
créé,
pour ainfi dire, par lui pour le fervice de l'homme
l
Tuque
o
cui prima fremerztem
Fudit equum magno tellus percuffa triderzti
,
<lit Virgile en invoquant c
e dieu au commencement
de fes
Géorgiques.
En quoi
il.nefait
qu~ rendr~
Ro–
mere fon grand modele' qm daos le vmgt-trOifieme
livre de 1'
Iliade,
nous
pein~
Ménélaiis
adreífa~t
ces
parole5
a
Antiloque:
Jurez par Neptune
,
la mam jur
'YOS
clzevaux, jurez que
YOUS
n'avez
point empfoyé la
fraude pour me dévarzcer.
Pourquoi
Ménélai.isexige–
t-il qu'Antiloque jure par N eptune? C'eft que dans
J'idée des Grecs , N eptune étoit le dieu de la cheva–
lerie cornme le dieu des mers. Mais les hifioriens ,
plus amateurs du vrai que du merveilleux, ont laiífé
ce conte aux poetes
&
aux mythologues ,
&
n'ont
point fait ce dieu auteur de l'art de monrer
a
cheval.
Revenons done
a
Bellérophon. So cornbat con–
tre un monftre fe paifa en Lycie , Otl Prcetus l'avoit
envoyé a deífein de l'y faire périr. Le bruit de ces
deux aventures ne tarda pas a fe répandre de tous
cotés;
&
auffi-tot ce fut parmi les princes
&
les
héros de la Grece
a
qui auroit des
chevaux;
on prit
íoin d'en nourrir; les haras de l'Epire, ceux d'Argos
&
de Mycenes l'emporterenr fur tous les autres.
Les Theífaliens, peuples voifins de la Grece
&
de
la Macédoine, acquirent des-lors la répuration d'etre
fort bons
cavaliex:s ;
ils
~omhatt~ient
a
cheyat
~Qn-
C H E
391
tre
des
táuteaux fauvages , ce qui leur .fit .donhet
1~
nom
_d~
Cerztaures.
Les Lapites , alltre peuple de
Thefiahe , excellereht en meme tems a faire non...
f~ulemen~
des mors ' mais des caparas;ons '
&
a
bten mamer un
cheval,
comrne Virgile nous
l'ap~
prend. Pl1ne eft d'accord ave e luí , a cette différence
pres , qu:il
atu·i~ue
a
Bel_lérop~on,
ce que Virgile
,
en quahte de poete, a m1eux aune attribuer
a
Nep..
tune.
Ce fut a-peu-pres dans cette conjonéhtre,
&
en.;
v~r<?n
trente_ ans apres .Endymion, que Pélops fit
ceiebrer les Jeux olymptques en l'honneur de Jupi•
ter,
&
comm& le remarque Paufanias, aveG plus
de pompe
&
d'éclat que n'avoit fait aucun de
Ces
J>:éd~ceífeurs.,
Ce Pri:nce venoit de remporter une
vtél:oue fignalee fur Oenomaiis a cette fameufe courfe
de chars,
do~t
le prix n'étoit ríen rnoins que le
r~yaume
de. P1fe ',
&
la plus
~elle
princeífe qu'il
y
eut alors ; amfi,
1
on peut croue ave
e
aífez de fon–
dement, qu'aux jeux de Pélops,
outr~une
courfe
a
pied qui étoit ordinaire, il y eut des courfes de
chevaux
& de chars. Mais il paroir que les
chevau:x:
furent encore rares
&
précieux;
&
de-la ces fables
qui font fi répandues dans les anciens mythologues
que Jupiter, ayant enlevé Ganymede, pour confo:
ler Tros, pere du jeune échanfon , lui donna des
chevaux
d'une beauté merveillet1fe ; que Neptune
fit auffi préfent
a
Coprée du famettx
cheval
Arion ,
qui de Coprée paífa
a
Hercule ,
&
d'Hercule
a
Adrafte, a qui il fauva la vie ; qu'au rnariage de
Thétis
&
de Pélée, les dieux qui avoient hon·oré la
noce de leur préfence , voulant fignaler leur 1ibéra·
lité , Neptune donna pout fa part
a
Pélée ; deux
magnifiques
chevaux
,
dont on nous a confervé les
noms; qu'aux jeux funebres de Patrocle , Ménélaiis
attela ave e fon
cheval
Podarge, une cavale d'Aga–
memnon, la fu per be lEthé, qui tiroit fon origine des
chevaux
donnés a Tros par Jupiter meme. Tout cela
marque aífez qn'un beau
cheval
éroit alors quelque
chofe d'extraordirtaire
&
d'un grand prix.
. Il eft naturel d'obferver ici que,. cornme une dé·
couverte mene fouvent
a
une
autre, l'ufage des
chars fLlt connu en Grece prefqu'en meme terns que
celui des
chevaux.
Ciceron en attribue l'invention
a
Minerve , Efchyle
a
Prométhée , Théon le Scho–
liafie d'Aratus
a
un certain Trochilus; l'opinion la
plus commune en donne l'honneur
a
Eriél:honius,
&
c'eft celle que Virgile a fuivie. Les chars de ces
tems-Ia étoient fi légers , que quatre
chevaux
de–
voient les ernporter avec une rapidité prodigieufe.
De-la
l'expreffion du poete:
Rapidifque rotis injijlere viaor.
Et celle d'Horace :
Metaque ftrvidis evitata rotis.
Apres Pélops, Arnythaon fi.ls de Créthéus,
&
couíin germain d'Endymion, donna les jeux olym..
piques aux Grecs ; apres lui, Pélias
&
Nélée les
donnerent a frais communs; Augée les
fit
auffi célé..
brer,
&
enfuite Het cule fils d'Amphitryon, quand
il eut conquis l'Elide. On ne peut pas douter qu'a
toures ces repréfentations il n
'y
eut de courfe$ de
chevaux
&
de chars ' fur-tout
a
la derniere ' puif ..
qu'Iolas , le compagnon volontaine des travaux
d'Hercule,
&
fon fidele écuyer,
y
remporta le prix
de la courfe des chars ,
&
fut couronné de la main
d'Hercule meme, dont il-avoit emprunté les cavales;
car, en ce terns-la, dit Paufanias, on ne faifoit pas
de fas:on d,emprunter les
chevaux
qui étoient ea ré–
ptitation de viteífe. Iafius Arcadien eut le príx de la
courfe des
chevaux
de felle dans ces memes jeux. Par
ce
détail tiré de Paufanias, cornrne du feul auteur
qu~
n9u.s
~t coní~rvé
la mém9ire
de
Ges f¡lits,
JlO~~s