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·B O N

funeíl:e , une éloquence corruptrice empioie

de

bons moyens' c'eíl-a-dire des moyens propres

a

réuflir dans les deffeins qu'elle fe propofe. De meme,

par

rapport

a

l'agrémem

&

a

l'utilité ' une chofe

eft

bonne ou mauvaife, felon les gotus, les iAtérets,

Jes

fantaiúes , les

capric~s;

&

dans ce fens prefque

tout eft bon :

le$

calamités meme

&

les fléaux ont

leur

bonté

particuliere ;

&

au contraire ce qui eíl

bon pour le plus grand nombre , efi: prefque tou–

jours mauvais pour quelqu'un : la difette efi: le bon

rems de l'ufurier donr les greniers font pleins ; la

bonne année des médecins efi: une année d'épidémie,

&

vice versd.

La

bonté

dans un fens plus étroit, efi

la

faculté

de produire un effet deúrable ; & une caufe

eft

plus

o u moins généralement bonne'

a

mefure que fon effet

efi:

plus ou moins généralement

a

deúrer. Le meme

vent qui efi: bGn pour ceux qui voguent du levant

au

couchant, efi mauvais pour ceux qui voguent

en fens contr.aíre ; mais un air pur & fain efi: bon

pour tout le monde.

Un etre n'efi bon en lui-meme, que dans fes rap•

ports avec lui-meme,

&

qu'autant qu'il.eíl: tel que fon

bonheur l'exige; en forre que s'il n'a pas la faculté

e s'appercevoir,

&

de jouir ou de fouffrir de fon

e;x.i.ílence , il n'efi: en lui-meme ni bon ni mauvais.

Par la meme raifon, entre les parties d'un tout, fi

les

unes font douées d'intelligence

&

de fenúbilité ,

&

les atltres non , celles-ci ne font bien ou mal que

dans leur rappon avec celles-la : il en efi: ainfi des

parties purement rnatérielles de l'univers relative–

ment

a

fes parties intelligentes

&

fenúbles : ce qui

réduit la quefi:ion de

l'optimifme

a

une grande íim–

plicíté.

Voye{

ÜPTIMISME,

DiE!.

raif. des

S

cien.

&c.

Dans les arts, on a fouvent dit : tout ce qui plait

eft bon. Cela efi: vrai dans un fens étendu, cornme

on vient de le voir ;

&

dans ce fens-la tous les vins

font bons, celui dont le rnanant s'enivre, comme

celui que {avoure l'homme voluptueux, le gourmet

délicat. Mais dans un feos plus rigom·eux cela feul

efi: réellement bon, qui caufe un plaiúr falutaire ,

ou dn moins innocent' a l'homme dont l'organe efi:

doué d'une fenúbilité fine

&

jufle : je dis un plaifir

falutaire ou innocent, car dans le phyfique ce qui

efi: bon pour l'agrérnent ' peut etre mauvais pour la

fanté ;

&

dans le moral ce qui efi: bon pour l'efprit,

peut etre rnauvais pour le creur.

Dans la nature, la meme chofe peut etre rnau–

vaife dans fon effet irnrnédiat,

&

excellente dans fon

effet éloigné, comme une potion amere , une ampu–

tation douloureufe.

u

n'en efi: pas de rneme dans

les arts d'agrément ; Jeur effet le plus eífentiel efi

de plaire, & ce n'efi que par-la qu'ils fe rendent

utiles ; car tonte leur puiífance efi: fondée fur leur

charrne

&

fur leur attrait.

L'objet immédiat des arts eíl: done une jouiífance

agreable , ou par les cotnmodités de la vie , ou par

les irnpreffions que rec,:oivent les fens , ou par les

plaiúrs de l'efprit

&

de l'ame;

&

c'efi: ici le genre de

úonté

qui caraél:érife les beaux-arts.

Mais les plaiíirs de l'efprit

&

de l'ame peuvent

etre trompeurs' comme celui que fait un poifon

agréable. C'efi: done l'innocence de ces plaiúrs

&

plus encore leur urilité, ou, s'il m'eíl: permis de le

dir~

, leur falubrité, qui donne aux moyens de l'art

une

honté

réelle. Le plaiúr efi: fans doute une excel–

lente chofe; mais le plaifir ne peut etre pour l'homme

un état habituel

&

,coníl:ant. Le bonheur, c'efi-a–

dire un état doux & calme, la paix & la tranquil!ité

avec foi-meme & avec les autres, voila le but uni–

verfel-

Otl

doit tendre une etre fenfible

&

raifvn–

nable. Les ennemis de ce repos font les paffions

&

les vices; fes deux génies tutélaires font l

'innocen.ce

&

la vertu ; ainfi le plaifir ne doit etre lui- meme

B ON

13

pour tes beaux-atts qn'un moyen ,

&

lenr fin tllté–

tieure doit etre le bo nheur de rhómme : c'eíl: ai nú

que la

bo~té

de la comédie conúHe

a

corriger les

vices '

&

celle de la tragédie

a

intimider les paffions

&

a

l.es

réprimer par des exemples effrayarts.

Y oye{

M<EURS,

SuppL.

Ce qu'on doit ente.'dre par la

bontd

poétique fe

trouve par-la décidé. Ce quí produit l'eífct immédiat

que le poete

fe

propofe'

ea

poétiquement bon ;

&

toutes les regles de l'art fe réduifent

a

bien choifir

&

a

bien ernployer les moyens propres

a

cette fin.

Le premier de ces rnoyens efi: ,l'illufion ,

&

par

conféquent la vraifemblance ; le fecond efi: l'att rait

&

par conféqu ent le choix de ce qui peu le mieux

intérefier, attacher, émouvoir , captiver l'efprit,

gagner l'ame, dorniner l'ima gi nati on , produ ire enfin

la forte d'émorion

&

de déle étation que la poéíie

a

deifein de caufer.

Dans le gracieux , choifiífez ce que la nature

a de

plus riant, dans le naif ce qu'elle

a

de plus íimple,

dans le pathétique ce qu'elle a de plus te rrible & de

plus touchant.

Vo~la

ce qu'on appelle

la

bonté

poéti–

que . Ainfi ce qui feroit excellen't

a

fa

pl ~ ce,

devient

mauvais quand

il

efi

déplacé.

Mais la

bonté

morale doit fe concilier avec

Ia

bonté

poétique ;

&

la

bonté

morale n'eíl pas la

bond

des mreurs qu'on fe propofe d'irniter. La peinture

des plus rnauvaifes mreurs peut avoir fa

bonté

mo–

rale' ú elle attache

a

ces rnreurs

la

honte' l'averúon

&

le m 'pris. De

m

eme l'irnitation des mreurs les

plus innocentes

&

les plus v ertueufes feroit ma u–

vaife, ú on y jettoit du ridicule & fi en les aviliffant

on vouloit nous en dégoürer.

.

La

bonté

m o r ale en poéíie eíl:

dans l'utilité atta•

chée

a

l'imitation' cornrne dans l'éloqu ence elle eít

dans la jufiice de la caufe que l'on embraífe ,

&

dans la légitimité des moyens qu'on emploie

a

per–

fuader.

Ainfi

quand

on parle

des

mreurs théatrales, par

exemple, on ne doit pas confondre les rnreu rs bon–

nes en

elles-m eme~

,

&

les mreurs bonnes dans leur

rapport avec l'effet falutaire qu'on veut procluire.

NarciíTe

&

Mahornet font eres pedonnages auffi

utilement employés que Burrhus

&

Zopire , par

la raifon qn'íls contribuent de meme

a

l'impreffion

falutaire qui réfulte de l'aétion

a

laqu elle jls ont

concouru. Tout ce qu'on doit exiger

du

poere pour

que l'imitation ait fa

bomé

rnorale , . c'efi: qu'il faffe

craindre de reífernbler aux méchans qu'il met fur

la fcene ,

&

fouhaiter de reífembler aux gens de

bien qu'il oppofe aux rnéchans..

I1

y

a cependant certains vices qu'il n'efr pas per–

mis d'expofer fur le théatre , paree que leur image

blefferoit la pudeur ' mais en cela meme on p eut

quelquefois erre trop févere : en les voílant avec

toute la décence convenable, peut-erre feroir-il pof–

fible de rendre utile,

&

non dangereux, l'exemple

des égaremens

&

des rf1alheurs dont

ils

font la caufe ;

&

entre l'exces ou donnent nos voifins

,a

cet égard,

& l'exces oppofé '

il

y auroit un milien

a

pren–

dre , qui rendroit la peinrure de nos mreurs plus

utile' en confervant

a

la fcene frans:oife fa décence

& fa pureté.

Voyez.

DÉcENCE, M<EURS

&

MORA•

LITÉ,

Suppl.

(M.

MAR'MON TEL.)

BONTE

CAFFER ,

f.

m.

(Hifl.

nat. l chthyologie.)

perit poiffon d' Amboine , gravé paífablernent fous

ce nom par Ruyfch, dans fa

ColüRion nouvelü des

poif{ons d'A mboine

,

planche 11

,

n°.

13

,

page

2 1.

Coyett en avoit fait graver avant lui,

&

enluminer

une figure un pe u meilleure ' c'eíl celle dn rnale,

fous le t nom de

caffir d'Amboine

,

au

n°.

9'

de la

feconde partie de fon

RecueiL des pvij{ons d'Amboineo

Il a le cdrps d'un pied de longueur , mais tres–

court relativement a fa .largeur ou profondeur; car