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CAL
~'
Frere de la chevalerie
,; ,
Sur-tout dan.s le tems de frairie;
Tems -auquel l'-aimable Comus
1
Suivi de Bacchus, de Cythere,
O rd()nne de la bonne chere
·En maítre d'hótel de Momús.
Sur ce, mes chers freres, je prie
Le grand dieu
dt
la. railLerú
Qu'it vous donne joie
&
fanté.
Le tortt co-nclu
,
fait, arrété
Pres notre
grdnd'chancel~efie_,
A
u mois que la ftve
eJl
jleune,
S
ceLlé, Jigné de noere n_om
, ,
De_
Toifac,
&
par moL, Aymon.
Plufieurs perfonnes de
difiinétio~
fe
range!e~t
fous les étendarts du régiment,
&
€ha€Uh fe
fa1f~1t
, une occupation férieufe qe relever, par des
tra1~s
de raillerie , les défauts des gens les plus coníide–
rables,
&
les fa
u
tes qui leur éd;appoient. Cet éta–
bliífement ayant fait du bruit, on voulut d'abord le
fapper par les fondemens , mais il, para tous
le~
coups qu'on lui porta, malgré le cr
_dn
de ceux qm
s'intéreífoient
a
fa defiruétion '
&
les aífauts redou–
hlés de fes ennemis ne fervirent qu'a le rendre plus
floriífant. Le_régiment gr_offit en peu de tems, &;-la
cour
&
la vílle lui t01.1rmrent un nombre confidera·
hle de dignes fujets.
Louis XIV ayant été
~nformé
d_e la
cré~tion
de
cette plaifante rnilice, demanda un JOUr
au
fieur Ay–
mon s'il ne feroit jamais défi.ler fon régiment devant
lui:
Sire,
répondit le général des calotins,
il ne fe
trouveroit
peifonn~
pout le voir paf!;r:
C'eíl: apparem–
ment cette anecdote qui a donne he
u
~u. p0em~
du
ConfeiL de lvfomus
,
&
de la
Reyue du regtmtmt,
Im-
primé
a
Ratopolis en 1730.
.
Le colonel Aymon rempliífoit parfaitement les
engagemens de fa
cha~ge
.'
lo~~qu'~l
,la
9ui~ta
affez
brufquement par un pnnctpe d eqmte qm lm fit hon–
neur. Pendant que les alliés affiégee1ierit Douay,
M.
de Todac étant chez le roi, s'avifa de dire qu'a–
vec trente mille hommes
&
carte blanche , non-feu..
leníent il feroit le ver le fiege aux ennemis, mais auffi
qu'il
reprendróit en quiilze jours toutes leurs con–
quetes depuis le eommencement de la guerre.
M. Ay·
mon, qui entendit cette bravade, lui.céda
fu~
le chanip
{on haton de cofnmandant;
&
depms ce tems, M. de
Torfac
á
éié
général du régiment jufqu'a fa mort,
<¡ui arriva en
1724."
On
t.rou,v~
_cett:
a~eedote d~ns
fon oraifon funebre
l
qut
a
ere 1mpnmee,
&
qUI a
fait beaucoup de bruit. C'eft un tiífu des plus mau·
vaifes phrafes des harangues prononcées
a
l'acadé–
mie Fran<;oife, des lettres du chevalier d'Her.•••
des éloges de Fontenelle, de fa pluralité des mon·
des
&c. &c.
qu'on a coufues enfemble fort adroi–
tern'ent. Elle efr intitulée :
Eloge hi.Jloríque d'Emma–
nuel de Toifac, monarque l:tniverfil du monde, fubli..
m
aire
&
généralij(zme du. régíment de
l~
Ca lotte,
pro·
naneé au champ de Mars
&
dans La chaue
á'
Erafme par
un orateur du régiment.
Cette piece eíl: d'autant pft!s
~xcellente, e~ fo~
genre, qu'elle eft une fatyre tres-Juíle
&
tres-mge–
nieufe du fiylc précieux que plufieurs membres de
diverfes académies cherchoient a mettre en vague;
il étoit difficile qu'elle plut
a
tont le monde ' fur–
tout a quantité de fayanS dont elle tournoÍt les
OU·
vrages en ridicule. On trouva le rnoyen de _la faite
interdire ,
&
les exemplaires en furent falfis. Le
fieur Aymon, gui, en quittant fa place de général,
en étoit
deven~1
le fecrétaire, ayant appris cette nou–
'\'elle, fe rendit en toute diligence chez
M.
le ruaré–
chal de Villars,
&
lui dit en l'abordant:
l'
Monfei–
gneur, depuis qu'.Alexa,ndre
&
Céfar font
mo~ts.,
nous ne reconnoiilons d autres proteaeurs
clu
r'~l-
CAL
ment qtte vous; on vient de faifir l'oraifon fune bte
du fieur de Torfac, notre colonel,
&
d'arreter par–
la le cours de fa gloire
&
de la notre' qui
y
eíl:
intéreífée; c'efi pourquoi, Monfeigneur, je viens
vous fupplier de vouloir bien en parler
a
M.
le
garde des fceaux, qui m'a accordé la permiilion de
1
faire imprimer ce difcours ''· En rneme tems il mon–
tra .cettte permiffion au maréchal, qui ne put s'em–
pecher de rire d'une pareille follicitation.
Il
en parla
au garde des fceaux, qui donna main-levée de l'orai–
fon funebre, en difant
qu'il ne vouloit pas fe brouiller
avec ces me(Jieurs.
Au1Iitot le fieur Aymon courut
triornphant annoncer cette nouvelle au libraíre chez
lequel on ravoit íaifie'
&
tout fñt rendu.
Cette vi&oire ne comribua pas peu a accroitre
la gloire
du
régimem , qui
fit
biemot des progres
confidérables : ce qu'il y a de remarquable, c'eft
que, par ljne doél:rine diamétralement oppofée
a
celle des autres compagnies de la républ1que de$
letrres
1
les
perfonnes q ui avoient été l'objet des
brocards des fon lareurs du régiment de
la
Cafotte?
s'y firent nroler' ce qui les mi t en droit de fe re–
vancher des raillerie qu'ils avoient eífuyées.
., 11
n'y a pas un fuj
t'
meme parmi les grands ,
cwminue l'auteur des mémoires cités, qui n'y foir
enrolé'
des
qu'on trouve en lui les talens propres
a
cette milíce. Cependant on n'y admet que ceux en
qui ces talens ont un certain éclat, fans aucun égard
a
leurs conditions, ni aux follicitations de leurs amis.
I1
faut d'ailleurs
que
ce
foi~nt:
des gens d'efprit, les
fots en font exclus. Lorfque quelqu'un efi res:u daos
le corps
'1
G'efr l'ufage qu'il faífe a l'aífernblée un
difcours en vers, dans lequel
il
met fes propres dé–
fauts dans tout leur jour
:~
afin qu'on
pu.iíle
luí
don-_
ner un pofie convenable "·
Cette obfervation ne regardoit que
la
premiere
fociété des calotins, compofée des éleves choiíis de
Momu9,
&
qu'on pouvoit regarder €Omnie
l'é.tat·
major
du
rlgimdtt~
Mais
les foldats qui forment
le
gros d'e la troupe étoient choifis indifiinétement par–
mi les particuliers nobles
&
roturiers qui paroif–
foient fe difiinguer par quelque folie marquée, ou
par quelques faits ridicules,
o
u par quelques ou–
vrages repréhenfibles. On
d
vine aífez que les en–
gagemens de ces foldats· étoient involontaires,
&.,
que prefque tous les calotins étoíent: enrolés par
force.
«
On ne .follicite ni les peníions, ni les em–
plois dans cet équitable corps, dit l'éditeur des mé–
moires , paree que tout s'accorde au mérite
&
ríen
a
la faveur. Les brevets font difiribués
gratis,
tant
en vers qu'en profe. Les fecrétaires du régiment n'y
pourroient fuffire , íi des poetes auxiliaires ne leur
pretoient de généreux fecours, en travaillant
in–
cognito
a
l'expédition des brevets. Ils pouífent me•
me le zele pour le régiment j_ufqu'a lui
pr~curer
des
fujets auxquels on ne penfolt
pas,
&
qt~l
femble–
roient déshonorer le corps par leur ménte
&
leur
fa('Yeífe. Mais on ne s'en rapporte pas toujours
a1.1
ch~ix
de ees poetes inconnus; ils font obligés d'ea
donner des raifons, dont les commiífaires examinent
la folidité;,.
Cette liberté des poetes
~trangers
donna lieu
a
un
arret du confeil du régiment contre la fauífe édition
des brevets
&
autres réglemens fuppofés:
Nous, par la grace de Momus,
De J¿s décrets dépojitaires
.A
tous facriléges abus
More ou cha"timent exemplaire...,.;
Ordonnons que ces faux écrits
Bijfos, déchirés
f/
proforits,
Mis au grejfe
de
la caloue,
S oient brtUés folemnellement.
f.
ar le
bo~trr~r¡u d~t
;é¡imem,.
Leur