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150
CAM
.pour choi:úr
&
marquer le
camp.
Le roi de Prutie dit
-dans fon infiruaion pour les généraux (
article VI.)
,
(jUe dans l'efpace d'un quarré de deux lieues, on
peut quelquefois prendre deux cens poíitions. En
pa.rcourant un tel terrein, ou quelqu'autre q.ue
ce
fott en tous fens; en vous arretanr aux momdres
éminences pour découvrir par-tour, vous le
r~con
noitrez parfaitement,
&
vous jugerez avec certitud
e
<le la maniere la plus avantageuíe de l'occuper.
11.
Choiífez un li
commode , qui ne foit ni hu–
mide, ni marécageux; ces fortes d'endroits étant
mal-fains ,
&
pouvant caufer par leurs exhalaifons
des maladies
dangereufe~
dans une armée. Campez,
autant que vous le pourrez, fur un terrein élevé ,
éloigné des marais, des eaux croupiífantes, ou qui
ne coulent que fur un terrein bourbeux, excepté des
eaux falées, qui, quoiqu'elles ne courent pas, font
moins
a
craindre.
n
efr aifé de connoitre íi l'air efi
fain ' au vifage
&
a
la mine des habitans du voiíina,–
ge , qui, par-tout o
u
il efi mauvais, y font ordinaire–
ment pales.
III. Que le terrein foit fuffifant pour contenir l'ar–
mée ,
&
plutót plus que moins.
IV. Que le
camP.
foit pres d'une riviere ou de
quelque ruiífeau;
1
eaux coulantes étant les meil–
leures
&
les plus faines. S'il efi pres d'un rui!feau ,
&
qu'il ne fou!"niífe pas aífez d'eau, faites confir11ire
des batardeaux pour le gro
r. Empikhez que l'eau
ne puiífe etre détournée'
&
qu'on n'y faífe ríen qui
la gate
&
la corrompe. Défendez ,}orfq
e cours
d'eau n'eft pas aífez coníidéra!Jle, 'lu'on mene boire
les· chevaux dans la partie fupérieure , paree qu'ils
rendroient 1'eau bourbeufe;
&
ordonnez qu'on les
abreuve dans la par.tie au-deífous du
camp
&
a
la
gamelle.
Ne faites creufer des puits que lorfque les eaux
courantes font trop éloignées du
camp;
paree que
les eaux n'en font pas faines,
&
qu'elles fe troublent
,
par la quantité qu...,on en puife.
11
eft certain qu'une des principales caufes qui
ruinent une armée, efi la mauvaife qualité des eaux;
ce qui provient de ce qu'elles font croupiífantes, o u
de ce
qu'~n
y
jette des immondices, qu'on
y
lave
rlu linge, qu'on
y
fait tremper du chanvre ou dulin.
On ne peut done prendre trop de précautions pour
fe procurer de bonnes eaux
&
les conferver
~
&
pour empecher que les foldats ne boivent de celles
qui croupiífent , ou autres qui peuvent les rendre
malades.
V.
Qu'il
y
ait au
camp,
ou le plus
a
portée qtt'il
fe re! poffible , du bois , du fourrage , des paturages ,
de la paille ; que les marchands
&
les vivandiers
puiífent
y
arriver facilement
&
fans rifques,
&
que
les chofes les ·plus néceífaires
a
la vie foient
a
jufte
prix.
VI.
Que le terrein ne foit pas fujet
a
etre inondé
par des torrens ou des débordemens
~
occafionnés
ordinairement par les pluies ou par la fonte des nei–
ges des montagnes voiíines, qui pourroient caufer
un grand dommage
a
l'armée '
&
mettre le général
dan~
!'embarras. Un orage qui furvint au premier
camp
de Lippíl:att, en 1757, obligea l'armée de
dlanger de pofition.
VII.
Campez felon votre ordre de ma che ,
&
autant
q~e
le terrein
&
les circonílances vous le
permettront' toujours de la meme maniere,afin que
les troupes accoutumées
a
cet ordre foient moins
embarraífées ,
&
comprennent plus aifément ce
qu'elles <!uront
a
faire lorfqu'elles devront camper
&
décamper.
VIII.
Avant de camper faites-mettre les rroupes
en bataille ·,
&
placer les gardes.
IX.
Que
l'i
anterie
&
la cavalerie foient placées
'dans le terrein qui leur fera le plus cornmode
&
le
CAM
plus avantageux' relativement
a
leurs befoins
&.
~
leur fervice.
X. Laiífez toujours devant le
camp
un terrein
aífez étenclu pour y aífembler les troupes
&
les faire
mouvoir.
XI.
Qu'il n'y ait point d'obftacles
qni
empechent
la communication des différentes parties du
camp
,
afin que ríen ne gene le fervice des troupes.
XII.
Placez l'artillerie
a
trois cens pas en avant dll
centre de la premiere ligne de l'armée ;
&
lorfqne le
terrein ne le permettra pas , faites-la parquer der–
riere le centre de la feconde ligne ou ailleurs
Otl
elle
foit commodément
&
surement.
XIII.
Que le quartier général foit pris au centre
du
camp
,
{oit entre les deux lignes de l'armée , foit
derriere la feconde '
&
jamais
a
la tete du
camp
'
fans une néceffiré indifpenfable,
XIV.
Parquez les vivres derriere la feconde ligne;
ou re plus pres que vous pourrez du centre de
l'armée.
XV.
Etabliífez l'hopital ambulant derriere le
camp
,
&
dans un lieu commode.
XVI.
Obfervez de vous camper de maniere que
vous puiiliez vous porter en une marche au
camp
que vous devrez prendre enfuite;
&
faites enforte
d'y arriver de bonne heure , afin de prévenir le
défordre, la confufidn,
&
les embarras que peut
caufer la nuit; que les troupes aient le tems de fe
pourvoir de tou t ce qui leur fera néceffaire ,
&
de
prendre du repos.
CAJ\1;P
de raj{emblement.
On aífemble \me armée au
commencement d'une guerre' ou
a
l'ouverture d'une
campagne;
&
cette aífem.blée fe fait en entier ou
par parties féparées.
Lorfqu'on doit agir offenfivement, dans quelque
pays que ce foit' on eft loin ' ou plus ou moins
a
portée de l'ennemi.
Dans le premier cas , comme on n'a ríen
a
crain–
dre ,_ou ne doit chercher dans un
camp
de
ra.f!emble~
ment
que la commodité de l'armée. On la campe
enfemble' ou par petits corps'
a
portée des maga–
fins,
&
en tout de la maniere qu'on l'a dit ci-devant.
Quelquefois on attend dans un
camp
de cette ef..,
pece, que les herbes foient venues. Alors il faut y
etre tres-attentif aux premiers mouvemens de l'en...
nemi, pour qti'il ne vous prévienne pas, en quelque
point o\1 vous ayez deífein de vous porter. Il efi:
eífentiel d'y exercer fouvent les troupes,
&
de leur
faire obferver la plus grande difdpline. Ils ne doi–
vent pas etre d'une grande garde' afin de ne point
fatiguer l'armée fans raifon.
n
n'y a prefque pas de
guerres qui ne fourniífent des exemples de ces
for~
tes de
camps.
11
n'en eft pas de meme dans
le
fecond cas : du.
choix des premiers
camps
dépendent prefque tou..
jours les fucces 1d'une campagne.
Le~
uns ont pour
objet l'entrée du pays ennemi; quelquefois meme
, de l'ouvrir
tout~d'un-coup
: les autres de donner
jalouíie de quelque coté ' ou d'y contenir un corps
ennemi, pendant qu'on pénetre de l'autre: ceux-ci
de fe mettre
a
portée d'attaquer l'armée ennemie,
ou ele la faire reculer : ceux-la de faire le fiege ou le
blocus d'une place.
11
ne fuffit pas alors que les
troupes aient leurs commodités' il faut en meme
tems qu'elles foient campées , fni vant des max-imes
particulieres
a
chaque deifein qu'on peut avoir.
Quel que foit l'objet d'un
camp de raf{emblement,
·
on commence par difpofer les quartiers de l'arrnée;
on envoie aux troupes des ordres pour leur mar·
che,au rendez-vous général,ou aux rendez-vous par–
ticuliers qui ont été déterminés, obfervant qn'elles
y arrivent toutes le meme jour' fuivant qu'il fera
néceifaire ou poffible. Il faur que l'arrnée ait
a
fa
fuite toutes les ,bofes dont elle a befoin pour entrer