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CAL

de Vafquez Cornero firent dans les quartiers de

Cicuic vers l'ouefi jufqu'a Quivira, pour lrouver

ce roí Tataraxus, fur les richeífes duquel on leur en

avoir

1i

forc impofé,

&

dir :. ((

tou~

le chemin e,fi:.

C:O;t–

~'

vert de fable,

&

le pays maudtt par fa

ft

nht ,

, fouvent pendant cent lieues, on ne trou ve pas une

>>

{e

ule pierre , ni une herbe ,

ni

un arbre

>>.

Quoi

de plus naturel que de croire que depuis deux

ce~s

ans (ce voyage s'étant fait en

15 40 ) ,

la mer an

pu gagner fur ces plaines fablonnenfes, fans

~ierres,

{ans

montagnes quelconques? Quelle merveille, fi,

-d.is-

je , denx cens ans apres, la terre ferme fe trou–

v

oit re<:ulée du huitieme a

u

dixieme d égr

1

?

Le voyage de Moncacht

A

pé le confirme.

M:

le

Page

du

Praz, dit,

«

qu'un homme Yafou de nat10n

»

avoit aí'furé, qu'étant jeune, il avoit connu un

>t

homme tres-vieux qui avoit

V\}

cette. terre.

av~nt

»

que la grande eau l'eut mangee, qm allo1t ?Ie.n

>>

loin ;

&

que dans le terns que la grande eau eto1t

~'

balfe'

il

paroir dans l'eau des rochers

a

la place ou

' étoit cette rerre "·

Quoi de plus fimple qu'un pareil événement, foit

qu'un tremblement de terre en foit caufe, foit que

lamer y ait gagn' peu-a-peu? Nous voyons de pa–

reils changemens , arrivés en grand nombre fur

notre globe , ainfi celui·ci ne doit point paroitre

incroyable' ni meme fort furprenant.

.

Une annonce datée de Pétersbourg le

21

mars

176

5 '

vient encere

a

l'agpui de cette conjeéture :

"

n a découvert que la mer qui

íi'

pare le Kamt–

" fe atka de l'Amérique,efi remplie de petites iles

&

»

de bas-fonds ,

&

que la pointe de cette prefqu'ile

, n'eíl: éloignée de la cote de l'Amérique que de

" deux dégrés

&

demi ''·

Une autre refation confirme tout ceci. Le cheva-

, valier de G. favant curieux,

qui

s'efl: informé de

plufieurs particularités

a

Pétersbourg, m'a rapporté

-que tous ceux qui ont été vers ces cotes, ont affuré

qu'elles font prefque inabordables; qu'il

y

a quantité

de rochers, de bas-fonds, pays noyés,

~c.

Tout

ceci concourt admirablement pour forttfier mes

conjeétures: il n'y a que des recherches

poíl:érie~res

&

exaétes qui nous en puiffent donner une enuere

certitude.

Nous ·avons deux éditions originales dn voyage

de Drake, l'une qui provient de

~ui

meme,

&

l'autre imprimée

a

Paris, chez Golfehn, en

r6r 3,

<lonnée par

F.

de Louvencourt, fieur de Vauchel–

les, dédiée au fei

gneur de

Courtomer , paree

que c'efi d'un de fes vaífa.ux, quj avoit éré de ce

voyage qu'il la tenoit..

Les deux relarions ne different que clans des arti–

cles de petite importance; le point du

d

'part n'efi

pas indiqué. Les Anglois avoient pillé la petite viHe

Guatierca, dans

le

contineny que je ne trouve pas ,

non plus que l'ile de Canon, oü ils font arrivés peu

de jours apr'

s;

voulant en partir, ils virent un vaif–

fean auquel ils donnerent la chaífe,

fe

prirent,

&

y

trouverent un gouverneur Efpagnol qui alloit aux

iles Philippines ; c'efi fur toutes ces circonfiances

qu'on peut alreoir fes conjeétures.

Les voila 'loignés de quelques jours de la terre

ferme,

a

une lle hors du voifinage des Efpag ols,

puifque Drake y fit radouber fon vaiífeau : cette

.rencontre du

0

ouverneur des iles Philippines doit

faire conjeéturer qu'elle fe fit déja aírez

a

vant dans la

,mer. Je ne trouve ríen de relfemblant au nom

&

a

1a

fituation de cette ile, que fuivant ks cartes an–

ciennes

e

nous donnons

carte

1V

dans ce

Supplément,

un extrait de celle de Vifcher) les Cazones, qu'uo.

Frans:ois a bien pu changer en Canon. Ces iles

font placées vers le cap d Engano, au deux cent

cinquante-deuxieme dégré de longimde

&

vingt-

n

uf

de

latitude,

,

e

L

Drake vou anta ors entreprendre fon ·oyage du

re tour, aífembla la florre po tr délib 'rer

!i

tr la rou–

te , favojr, fi on la

t;

roit par le détroit del agellan,

ou par la vafre mer du

ud ;

&

en cecas

fi

ce

feroit

vers les

foluques

&

le cap de Bonne-Efp 'rance,

ou bien le long du royaume de la

hine

&

de

la

Tartaríe par le détroit d'Anian, pour ·enir defcen–

dre en Angleterre par la mer Glaciale , doublant

le

promontoire Tabin

&

les cotes de la Norvege.

Faifant r 'flexion que par les deux premiere routes,

foit

le

long des cotes de

1

Amérique

~

de la domina–

tion Efpagnole

&

par le d ' troit de Magellan, foit

depuis le cap de Bonne-Efpérance, en cotoyant

l'Efpagne, ils rifquoient de perdre trop leurs tréfors;

la relation Frans:oife dit de Drake:

u

il a done conclu

>>

qu'il falloir plutot prendre la route du Japon

&

du

" royaurne de la Chine ,

&c.

il a réfolu que nous

" retournerions par la fufdite mer du Nord. Cette

'' opinion étant fuivie le

16

d'avril

1

579,

nous a vons

,

mis

a

la voile'

&

a

ons cinglé

&

fillonné fur

"l'échine de cette mer jnfqu'a fix cens lieues de

>>

1ongitude "·

Le

5

juin ils furent

a

quarante-deux dégr

1

S

du coté

du pole arétique _,

&

trouveren t l'air fi freid, qu'ils

fonr revenus a

u

trente-hnitieme dégré de la ligne ,

ott ils trouverent un pays que Drake nomma

nou–

veLle Albion;

Drake n'ofa pas fuivre fon premier

deífein de paífer par le nord ; apr'

s

a voir fuffifam–

ment féjourné en ce pays, eíl:-il dit, fans indiquer

combien de tems, ils prirent la route vers la ligne,

&

furent de retour apres deux ans

&

onze mois.

La reine Elifabeth, dont le génie fupérieur

&

la

pénétration ne font mis en doute par perfonne ,

&

qui

avoit une efiime particuliere pour Drake, eut

la curiofité de voir ce vaiífeau,

qui

avoit fait le pre–

mier

~

apres Magellan,

le

tour du monde; Drake,

en lui faifant la relation du voyage, dit, qu'a qua–

rante- denx dégrés

e

d'autres difent quarante·

trois ) ,

il fut

a

l'entrée du détroit d' Anian;

elle eut peine

a

le croire,

&

fans la véracité recon–

nue de ce favori, appuyée du témoignage de

1'

'qui–

page de tous ces vailfeaux, on en auroit pu douter

aiors. Auffi le

e

a)

rédaéteur de l'Hifioire générale des

voyages ne veut pas croire que Drake ait jamais en

delfein de Ealfer par le Nord. Quelle raifon en donna–

t-il?

1°.

paree qu'il eíl: dit qu'il vouloit y aller de

la

Chine;

2

°.

que le détroit d'Anian n'a jamais ét' bien

connu. Ces deux raifons fortifient plutot e tte cer–

titude qu'ils ne la diminuent.

1°.

Alors la Géographie fe fondoit fur des faits

réels, fur les anciennes relations

&

cartes des Efpa–

gnols, qui indiquoient ce d 'troit entre

1'

Amérique

&

l.'extremité orientale de

l'

Afie; par con{;' quent

la

Tartarie , contigue

a

fon fud

a

la Chine ; comment

done Drake pouvoir-il mieux indiquer la rente qu'il

vouioit teni.r , que par les pays les plus voiúns,

&

les feuls connus de !'Afie, la Chine

&

le Japon?

2

°.

Si ce détroit n'a jamais été bien connu ,

011

peut dire qu'on en avoit plus de connoiífance alors

que depuis ce tems , oit on avoit tout défiguré. Sup·

pofons que non;

Mag~Uan,

peu auparavant, n'a-t-il

pas paífé par le d ' rroit de fon nom, quoique celui–

ci n'etn jamais été connu du tour,

&

que meme on

eC1t a peine un foups:on qu'il en exiítat de pareils ,

an lieu que

perfo~ne

ne

dot~toit

de celui d' Anian

t

Un héros un

mann~

un artural, des plus experts,

des plus

c~lebres'

ne devoit-il pas chercher

a

au~menter fa gloire en y ajoutant celle d'avoir pafie

le

premier ce détroit , pour retourner en Anglererre

?

On voit d'aillem:s quelles raifons importantes

luí

ont

infpiré cette réfolution.

C'efi done d'apres ce voyage

&

cette relation

de

(a)

T. XLI,

p.

12,

idit.

t:z,