CAL
f(!s uns (ur les autres, les anathemes de la religion
&
les toudres de la guerre.
Dans
ces círconfrances
~
un hornrne fans talent
&
fans lumiere, mais tout britlant de zele, demande
au
caltfi
des miffionnaires pour l'aider
a
convertir
a
l'j{]amifme' des peuples épars daos les déferts de
l'
Afrique.
Ces
apotres ignorans font des conquetes
capides ;
&
enorgueillis par leurs fucces , ils fe
croyoient des intelligences pures dont le foufle du
fiecle pourroit corrompre la fainteté. Ces pieux in–
fenfés forment une confédération ;
&
fous le titre
infidieux de réformateurs, ils deviennent rebelles.
On les pourfuit avec févérité,
&
ils favent mourir
avec coofiance : leur fang devient la femence fé–
conde d'oh nait un peuple de fanatiques. Leur chef
ceint fon front du bandea
u
royal ; pontife
&
roi,
íous le nom de Miramolin,
il
fonde un empire qui
rnenace d'englontir tous les autres daos fon fein.
Motamafem
~
hu.icieme
calife
Abbaffide , fe défiant
'rle fes fujets ' avoit confié
fa
garde
a
des étrangers.
Un pe
u
pie forri des bords de lamer Cafpi "nne, qui
n'avoit d'aurre m
1
tier que la guerre,
&
d'autre
vertLt qu'un courage féroce, s'étoit emparé d'une
province de l'Afie méridionale; ce furent ces Tur–
comans que les
califis
de Bagdat choiíirent pour erre
les foutiens de leur trone. Leurs chefs, d'abord fans
ambition, raffermirent l'empire ébranlé; leur valeur
&
leurs fervices frayerent
a
leurs chefs le chemin
at
X
premie res dignités ; accoutum
' S
a foutepÍr le
trone, ils fe crurent bientot
d~gnes
d'y monter. Ce
n~eíl:
point ordinairement la milice qui jette la fe–
menee des troubles, mais
c~eft
elle qui en fait pro–
fiter pour fixer le defiin des états. Sous Moétader ,
dix-huitieme
califi,
lareligion Mufulmane comptoit
trois chefs qui fe foudroyoient réciproquement par
des anathemes ; quatorze fouverains indépendans
avoient reíferré le
califi
!rabe daos quelques pro–
vinces orientales , qui refpeétoient fa dignité fans
lui
montrer plus d'obéiífance : les Turcs combat–
toient pour luí pendant qn'il languiífoit dans les
délices de fon férail: ils fe laíferent enfin de répan–
dre leur fang pour défendre un empire gouverné
par des femmes
&
des eunuques. Moétader eíl: dé–
pofé ,
&
les rebelles l'immolent a leur sureté. Son
frere Kader prend le fce.ptre qu'il eft indigne de por–
ter :
fes cruautés
&
fes
p~rfidies
le rendent odieux;
&
les Turcs qui l'avoient élevé rougiífant de leur
ouvrage, le renferment daos une prifon d'oi1
il
ne
{ortit que pour demander l'aumone
a
la porte
d'une mofquée.
Sous le regne de Rhadi, fon fucceífeur, le califat
ne
fut qu'une ombre fans réalité :
les
gouverneurs
devenus indépendans, n'envoyerent plus
a
Bagdat
les triburs de leurs provinces : les intérets du trone
ceíferent d'etre confondus avec ceux de l'autel. La
puiífance du fucceífeur de Mahomet fut reíferrée
dan l'enceinte dLt temple ; les arbitres des nations
ne déciderent plus que de la doétrine : les Turcs
furent arm
1
s du pou voir,
&
les
califis
n'eurent que
l'exlérieur du refpeé\:: il s'éleve une foule de petits
tyrans, qui fous le nom d'émirs
&
de foudans, pour
ne pas heurter les préjugés fuperfiitieux, deman–
dent l'inveíl:itme au chef de la religian, trop foible
pour les refufer;
&
quoiqu'ils fe proíl:ernent devant
lui
&
qu~ils
le réverent comme le minifire de Dieu
{ur la terre, ils le dépofent ou ils l'immolent fans
remords. Depuis cette révolutioq neuf
califis
mon–
rerent fúr la chaire de Bagdat, mais ils ne fe mele–
rent plus des fonétions de l'empire. Le petit-fils de
Gengis , en fe rendant maitre de cette ville , fit
mourir l<::
califi
~
dont le titre fut aboli l'an
12.58
de
Jefus-Chriíl:. Cette dignit ' fubG.fia plus long-teros en
Egypte , o\t Selim qui en fit la conquete, prononc;ra
fon e 'tinélion en
1
5
17
de notre ere;
&
toute
la
.Torne
JI.
CAL
3
puiíTance facerdotal€ fe réunit dans Piman de
l
Meque. Les Mufulmans fe policent,
&
la barbarie
de l'intolérance ne fit plus de martyrs que chez les
Miramolins, moníl:res enfanrés par le fanatifrne,
qui fe fert du pr
1
rexte de la religion pour jufrifier
fes fureurs. Le gou vernement devint mil itaire · chefs
de la rei;gion, les
califis
ne furent plus que des
ftmulacres rnuets
&
fans force ., qui firent mécon–
noitre les fucceífeurs de Mahomet. (
T-N.
)
CALIFORNlE, (
Géogr. Htjl. des dicouvertes.)
"\Vytfl1et ( dit M. Buache, daos fes
Conjidérations
Géographiques, article
111,
page
63
&>
fuiv.)
aífure,
en
1
598
que
1'
Ámérique feptentrionale touche
prefque P-Afte par fon extrémité occidentale ,
&
qu'on avoit cru qu'on pouvoit aller
du
cap d'Engano
a
3d.
fur la cote occidentale de la
Californie~
par
terre aux régions de Sina
&
de Tartarie.
11
y a plus de
180
ans, dit-il , que les meilleurs
gs§ographes de ce tems ont commencé
a
mettre
un
dé~roit
entre l'Aíie
&
1'
Amérique, anquel ils
donnotent le nom
d'Anian,
dont l'entrée méridionale
étoit entre cent quatre-vingt
&
cent quatre-vingt-dix:
dégrés de longitude ,
&
qui s'étendoir depuis le cin–
quante-íix de latitud e jufqu'au-dela du foixante-deux.
On marquolt
a
fon entrée , vers l'efi, un cap
Fortune, jufqu'ou l'on défignoit une longue cote,.
qui venoit du cap Saint-Lucar de la
Californie.
J'ai
exprimé cette cote,
&c.
conformément aux cartes
de
1
~70
d'Ortelius
&
autres, d'apres une ancienne
carte marine Hollandoife qui paroit faite avec foin,
&
dont il donne le titre :
Americce tabula nova multis•
locis tam ex terrejlri peregrinatione, quam recentiori na–
vigatione
,
ab exploratijfimis nancleris
~
&
multo quam
ametl ex_aaior edita.
Il
continue : l'attention qu'on
fit enflllte , fur-tout
a
la
navigation de Franc;ois
Dracke , en
I
579 ,
&c.
fit retrancher la partie la
plus au fud de la longue cote en quefiion ' dont
il
femble néanmoins qu'on auroit du conferver une
idée plus au nord.
Divers écrivains célebres chercherent enfuíte
les fondemens du dérroit · d'Anian;
&
leurs efforts
dayant rien pu produire , ce détroit devint fort
incertain.,
&
peu-a-peu difparut des meilleures car..
tes, quoique les favans convinífent qu'il devoit
y
avoir un
d
'troit au nord de lamer du fud,
&c.
Cependant, avant qu'on en vint jufgu'a retran–
cher entiérement le détroit d'Anjan, retranchement
ql<4i faifoit perdre toute idée du tableau des ancien...
nes connoiífances
~
ce détroit fut tranfporté dans la
carte originale de Texeira en
1649,
du cent quatre–
vingtieme dégré de longitude o
u
il étoit auparavant,
vers le deux-centieme. Dudley
mit
en
1647 ,
le cap
F
ortune, par conféquent le detroit d' Anian, pres du
deux cent-vingtieme , felon
lui
deux cent vingt–
neuvieme. Enfin, ce détroit eft tranfporté pres du
deux cent quarantieme
d~gré
entre les latirudes de
-cinquante-un
a
cinquante-trois par l'écrivain
dt.t
vai!feau la
Califomie
,
&c.
Aujourd'hui nous connoiífons un détroit vers le
nord , pres des cotes de la Tartarie ,
&c.
ne pou–
vons-nous pas di re que c'eft celui augueJ nos anciens
ont donné le nom d'Anian
?
Les reífemblances me
paroiífent a rernarquer;l'un
&!.
l'autre Ont leur entrée
au fud,vers le cent quatre-vingtieme dégré;ils fe trou–
vent entre les cotes orientales d'
~fie
ou de Tartarie
&
celles du nord-oueft de
1'
Amérique; ils s'éten–
dent jufqu'au cercle polaire, apres quoi les terres
tournent dn coté de l'Amérique feprentrionale, au
nord-eft;
&
du coté de la Tartarie,
&c.
au nord–
oueft. Enfin nos anciens marquoient dans leur dé–
troit d' Anian , pres du foixante ou foixante-unieme
dégré de latitude, du coté de l'Amérique, une
grande riviere , nomrnée grande Corrientes, qui
répond
a
la
rivier~
de
Bernarda.
Tout cela ne peut-il
R
ij
.