CAL
ée
cÓup qui frappoit tant de tetes
gróilit
le nom–
bre des méc0fltens ; les trois
califes
flétris étoient
leur ouvrage ; Aiesha , qui avoit contribué
a
Ieur
élévarion' fe crut intéreífée
a
venger leur mémoire'
elle calomnie Ali
&
lui impute le meurtre d'Othman:
elle écrit
a
tous les gouverneurs;
&
les invite
a
fe
joindre a la mere des croyans , qui n'efr armée qu.e
pour p-unir des facrileges.
Ses
Iettres firent des im–
pre.ffions dífférentes. Les uns en
s
recevant fe prof–
ternererit
a
terre '
&
promirent de verfer leur fang
pour elle; d'autres, retenus par
leur~
ferrilens, s'af–
fermirent dans l'obéiífance au
calife.
C'étoit
a
la
Meque que le feu de la rébellion étoit le plus aliu–
mé.
Thela , amant de cette f'emme artificieufe ,
y
porte la tunique enfanglantée d'Othman qu'il ex·
pofe dans le temple ,
&
cette tunique devient
l'é–
tendatt de la révolte. Aiesha,
a
la
tete d'une armée,
fort de la Meque
&
pénerre dans l'Irack, oü Thela
avoit de nombreux partifans. Ali ufe de la plus
grande aétiv.lté pour arreter fes progres;
il
la joint'
&
voulant prévenir l'effufion du fang Mufulman,
il
aime mieux négocier que combattre; mais la fiere
Aiesha preífentant qu'il faudroit fe fournettre
a
des
conditions trop dures, fe détermina
a
tenter le fort du
combat. Alors on vit les deux armées embrafées du
m
eme fanatifme' engager une aétion fi meurtriere,qu'il
fembloit que la viétoire dépend1t de l'extinétion d'un
es deux partis. Aiesha montée fur un chameau ,
pGtrcourt les rangs ,
&
faifant retentir le camp du
nom de Mahomet , elle infpire
a
tous le mépris des
dangers
&
de la mort. Les homrnes ne font jamais ·
plus intrépides que quand ils cornhattent fous les
ordres d'une femme.
I1
feroit honteux de
lni
céder
en courage ;
&
alors tout foldat
e.ll: héros. Thela
percé de coups, tombe expirant
a
fes pieds. Sa
mort la rend plus furieufe ; elle fe précipite daos la
melée' ou fon charneau percé de dards' la lai!fe au
pouvoir du vainqueur. Ali, pénétré de refpeB: pour
une ennernie qui éroit la veuve du prophete, fe
contenta de lui oter le pouvoir de nuire. lila fit con–
duire fous une forte efcorte
a
Medine '
Oll
elle fit
fon entrée rnoins comme une captive, que comme
une fouveraine qui vient prendre poífeffion de fes
états. Mais elle
fi.ttcondamnée
a
languir enfermée
le relle de fa vie ;
&
les vains honnevrs qu'on luí
rendir, ne purent
la
confoler de l'impuiífanc:e de
former des nuages
&
des temperes; fon malheur
lui
fut
d'autant plus fenfilile , qu'elle avoit toujours
été heuteufe.
Le fang répandu dans cette bataille n'étouffa pas
la femence de la révolte. Moavie , fameux par fes
viétoires , étoit
a
1a rete de l'armée de Syrie , dont
les
foldats aífociés
a
fa gloire ' étoient refolus de
partager fa f01·tune. Ali , pour prévénir de nouvelles
fcenes de carnage,
luí
offre des conditions avanta–
geufes, qui font rejetrées ávec mépris. Moavie fe
fait proclarner
calife
a
Damas,
&
expofe fur la chaire
de la Mofqnée la tunique d'Othman, qu'on avoit
fauvée de la défaite d' A1esha: cet ambitieux , fous
]>rétexte de le venger , n'a d>autte deífein que de
le
templacer. Les deux armées reíl:erent pendant plu..
fieurs mois en préfence,
&
tour fe paífa en efcar–
mouches fanglantes , oi:t les troupes
d'
Ali eurent
toujours l'avantage. Apres bien des négociations
in•
fruB:ueufe5 '
il
fallut fe refoudre
a
terrniner la que..
relle par les armes.
Le
cornbat s'engage a ve
e
fureur;
les Syri'ens qui n'avoienr que du courage , ne purent
foutenir l'impétuofité des
A
lides animés du fanatifine;
ils comrnen<;oient
a
plier, lorfque Moa
vi
e ordonne aux
foldats d'appliquer fur leur efromac, les exemplaires
de l'Alcoran. Les fuperfritieux qui faífoient le plus
grand nombre dctns l'armée d'Ali, fe firent un fcru•
pule de rnaífacrer des hommes couverts de ce
bott–
'lier
facré.
Cette rufe
arracha
la
viaoire
des
main~
CAL
.
'
.
\
;
-
d
Alt, qut fut réduit
a
fo umcttr e aux Ienteurs de
la
négociation , le fort d'une guerre qui eftt été termi–
née par ce feul cornbat. Des arbitres furent nornmés
&
il fut arreté que les deux concurrens fe dépouil–
leroient du.
ca!tf at
~
afin de procéder
a
une no uvelle
éleétion. L'arbitre des Alides ayant fait aífembler la
nation, dit
a
haute voix: Je dépofe Ali, comme j'ote
cet ann eau de mon doigt. L'arbitre Sy rien parle en•
fuite,
&
dit: Mufulmans , vous venez d'entendre
prononcer la dépofition d'Ali;
j'y
foufcris :
&
puif–
que le
califat
eft vacant, j'y nomrne Moa vie , de
la meme fa<;on queje mets cet anneau a mon doigt.
Ce lache artífice rte fit que perpétuer les
haines~
Les Arabes tromp
1
s perfifrerent dans leur obéiffan·
ce ;
&
les Syriens ne reconnurent plus que Moavie
pour maitre, On tecommence la guerre avec
une
fureur nouvelle;
&
l'Arabie efi devafiée par deux
armées ' aéharnées
a
détruire un empire qu'elles
venoient d'élever.
L~
fpeél:acle de tant de calamités affligeoit tous les
Mufulmans. Trois fanari ques gémiífans fur les
mal~
heurs publics , refolurent d'affra nchir leur patrie de
trois tyrans qui déchiroient fon fe ín.
L'
m
fe rend
a
Damas,
Oll
il
frappe Moavie d'un coup de poígnard
dans les reins: la bleffure ne tut p o.int mo rrelle.
L'autre part pour l'Egypte , pour aífaffin er Amru ,
qui paroiífoit vouloir y fo nder un ernpire indépeh–
dant;
il
s'introduit dans la Mofquée ,
Otl
le gou ver..,
neur avoit coutume de faire
la
priere publique:
mais ce jour la il avoit chargé un de fes fubaltern es de
s'~cquitter
de ce devoir;
&
le prépofé
fu
t
facrifié a
u
p1ed de l'autel. Ali fut le feul qui fut affafl10é;
a
l'age
de f?ixante·treize ans, apres un regt.e de quatre ans
&
dtx mois. Quoiqu'il
fflt
zélé mufulrnan,
il
n'eut
pas
~~ zel~
féroce qui caraél:érifa les premiers héros
de l1:!larnifme. Son efprit naturel
&
cul tive , ne de–
mandoit que des tems moins orageux , pour déve–
lopper fes richeffes.
Il
re lacha la rigue ur de la loi,
fous prétexte que plufieurs préceptes feveres avoient
été
pr,efcrit~ ~ar
l'aufiere
A.bu-beckre qui avoit fup·
pofe
1
autorite du prophete , pour aílu¡e ttir
les
au-–
tres
a
fon tempérament chagrín ; il n'admettoit que
les dogmes contenus dans le Koran,
&
r etranchoit
toutes les traditions , comme de (ources fuip eé.tes
&
fufceptibles d'altération. Ses parrifans , qui for–
ment une fe·él:e confid ' rabie, le r egardent comme
le
fucceífeur immédiat de Mahomet :
&
1
s trois autres
ealifes
qui lui ont fuccédé; comme des ufurpateurs,
Il
avoit toutes les qualités qui rendent aimable un
particulier ,
&
tous les
talen ~r qu
on a droit d'exiger
d'ur: homme public. Quelqu'un lui derna ndant pour–
quoiles regnes d'Abu-Bekre
&
d'Omar avotent été
fi
paiiibles,
&
que celui d'Othman
&
le íien
a v oíen~
été
agités par tant de temperes. C'efi:, répondir-il ,
paree que Abu-Bekre
&
Ornar ont été fe r vis pa
Orhman
&
moi; au lieu que hous a'avons
l'un
&
l'autre trouvé que des fujets Hkhes
&
parjures
comtne toi. Quand on le preífa de nommer fon fuc.–
ceífeur, il répondit que Mahomet n'avoi t poi nt
dé..
figné le iien
&
qu'il étoit refolu de fui
vr e
fon exem..
ple. Des qu'il fut expiré , tous les fu tfrages 'e r éuni-s
rent en faveur
d'
Affan fon fils, prince fans ambitwn
1
&
incapable de gouverner les renes d'un empire
.ébranle. Et randis q ue éonfacrant tous fes rnomens
au
mirufiere facré'
xl
infpiroit
a
fes partifans des fen-'
timens pacifiques, Moavie
a
la tete de fon arrn
1
ene
tefpiroit que les cornbats ;
deve~u
plus fi er deptlÍs
que
ion
rival s'éroit rendu méprifable aux Arabes
1
par fon a verfion a répandt•e le fang'
il
parle en vain...
queur a vant d'avoir combattu. Aífan, voyant
qufl!
pour gouverner l'empire
il
faut plus de talens que
de
vertus' préfere l'obfcurité de
Ja
vie pnvée
a
l'éGlat impofreur du tr(me. Son rival qui croit
qu
011
ne
peut
afZhete~
trop cher l'honneur
de
Gom.mander~