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SEN

ter qu'ils doutent s'ils exiítent: ce feroit perdre le

tems que de s'amufer

a

leur fau·e fentir leur folie,

&

de

1

ur dire que s'ils doutent de tout , il eft donc

rai qu'ils

exiílen~,

puifqu'on ne

pe~t

douter fans

exiíler.

II

fera

tOUJour~

en

l.em

pouvolr de fe retran–

cher dans un verbiage ridicule,

&

011

il feroit égale–

ment fidicllle d'entreprendre de les fo rcer.

Quoiqu'on ne donne pas de nos jonrs dans un

pyrrhonifme Ú univerfel ,

&

de la Ú extravagant,

J>ui~qu'il

va

jll~qu'a ,ét~indre

toutes le.s

lumi.er:

s de

l~

J

ailon,

&

a

mer

1

eXlílence

duJwllmel1t lntime

qUl

n Oll

pénetre, on pellt dire néanmoins qu'on ne s'eft

jamais plu,s approché de leur opinion. Certains phi–

lofophes de notre tems n'ont excepté du doute uni–

verfel , dans lequel ils ont fait périr toutes leurs con–

noiíTa-nces , que cette p>remiere regle ou fource de

vérité qui fe tire de

notrefentinunt

intime;

ils n'ont

pas daigné Feconnoitre oi admettre d'autres genres

de vérité

&

d'évidence. Ainú quand on leur deman–

de s'il eíl évidemment certain qu

'ji

y ait des corps ,

&

qu~

n'Ous en recevions les impreffions , ils répon–

d ent neftement que noo,

&

que nous n'avons la-def–

flls allcune eertitude évidel'lte, Fuifque nOlls n'avons

point Ges connoiffances par

leJeruiment intime

de no–

tre propre exp ,rience , ni par aucune conféqllence

néceífalrc

qui.

en foit tirée. C'eft ce qu'lln philofophe

anglols n'a poiat fait diffi culté de publier.

D'ailleurs on ne peut foupc;onner quelle autre

certitude évidente admettroient ces philofophes. Se–

roit ce le témoignage des fens , la révélation divi–

ne, l'autorité humaine? Seroit-ce enfin l'impreffio n

immidiate de Dieu (ur nous? Le témoignage des

fens étant corporel, il ne fauroit etre admis parmi

ceux qüi par avant e n'admettent pas l'exiílence des

corps.

L3.

révélation divine

&.

l'autorité humaine ne

fom encore impreffion fur nous que par le témoigna-'

ge des fens ; c'eft-a-dire, ou de nos yeux qui ont vn

les mirades du T0ut-puiffant, OLí de nos oreilles

qui ont entendll les diicours des hommes qni nous

parlent de la part de Dieu. Enlin l'impreffion immé–

ciiate ele D ieu fllppofe un Dieu,

&

un etre ditférent

de moi. Mais íi le

fmtimmt

intime

d.e ce qui fe paít

en

moi eíl la feule chofe évidente, tout ce qui ne

fera pas formellement

ICe

ftntimenl intime,

ne fera

fbint évident pour moi.

.

D e ce principe, que

le

fentiment

intime

eíl la feule

regle de vérité, il s'enfuit

10.

que nOLls n'avons nulle

e::ertitude évidente de l'exiftence des corps, pas me–

me

dtl

notre propre; car enfin un efprit, une ame

telle que)a n ' tre , relIent I:ien l'impreilion que

le corr's -'

&

le íien en particulier, font ftir elle;

.mais corr:me au fond fen ccrps efl: tres-dífringué

de cette impreffion,

&

que d'ailleurs cette im–

preffion pourroir abfolument fe faire éprouver

dans notre ame fans l'exifl:ence des corps

7

il s'enfllir.

auffi que notre

fintiment intime

ne nOllS donne au–

cune convi&ion de l'exiftence d'auclln corps.

. 2°.

Une antre conféquence tout allffi naturelle,

eíl que nous n'avons mtlle certit\lde évidente de ce

qu'hier il nous arríva ou ne nous arriva pas, ni me–

me íi nons exiílions ou nous n'exiílions paso Car fe–

Ion cet abfurde fyíleme, je ne puis avolr d'évidence

que par une pe-rception intime qui efr toujours ac–

tuelle. Or aétuellement j'ai bien la perception du fou–

venir de ce qui m'arriva hier ; mais ce fouvenir n'eíl:

.€{u'lIne perception imime de ce que je penfe préfen–

tement, c'eil-a-dire , d'une penfée aétuelle , laquelle

n'eft pas la meme chofe que ce qui fe paíTa hier,

&

t¡ui n'eíl plus aujourd'hui. Par la meme raifon, jd

ferai encore·moins 1:ertain íi je ne fuis pasen ce mon–

de depuis deux ou trois mille ans. Qui m'empechera

de pou!rer cette réflc)(ion j\l{qu'a I'éternité meme ,

Imi{que nous pourrions avoir toujours exiílé, fans

que nous nous en re1fouvenions? Que

fi.

on nous re-

SEN

préfente

que

nous avons été produits , nous

pOllt; .

rons répondre gue nous n'en avons point de certitu

de évidente. Car avoir été produit eH une chofe pa{

fée ,

&

n'eft pas la perception ni le

ft ntiment

intime

de ce qui fe paíTe aétuellement en nous. Je n'ai que

la percep ion aa ueHe de la penfée , par laquelle je

croís avoir exifré avant le mome

lt

0'1

je me !rouve

préfentement.

,

3°.

Ennn, une autre conféqllence auffi léaitime·

que les précédentes,

eft

que nous n'avons nulre cer–

titude c¡u'il exiíle au

mon~e

d'autres

1\

res

q\le

cha–

cun de nous. NOlls avons blen une perceptíon intime

des impreffions rec;ues en nous, dont nous attríbuons

l'occaíion

a

des efprits

&

a

des intelligences qu'on

fuppofe exiíler hors de nous ; mais cette perception

intime ne ponant conviétion que d'dle-meme,

&

étant toute intérieure , elle ne nous donne aucune

certitude évidente d'un etre qui {oit hors de nous.

En effet, felon cette belle philofophie ,l'ame n'eíl

poil~t

évidemment certaine ,

fi

elle n'eíl pas de teIle

nature, c¡u'elle éprouve par elle-meme

&

par fa {eu–

le conílitution , les impreffions dont elle attribue la

caufe

a

des etres qui exiílent hors d'elle. Elle n'a

donc pas de certitude évidente qu'il y ait hors d'elle

-;¡ucun efprit , ni aucun etre que1 .qu'il foit; elle n'a

donc point d'évidence qu'elle n'exiíle pas de toute

éternité, OH méme qu'elle ne foit pas l'unique etre

qui exiíle au monde. Apd:s une conféquence auifi

Únguliere, ce n'eíl pas la peine d'indiquer toutes l s·

alltreS qui fe préfenteroienr en fOllle, pour montrer

que je n'ai nulle évidence, Ú je veille aétuellement ,

on fl je dors; íi j'ai la liberté d'agir ou de ne pas agir,

de vonloir ou de ne pas vouloir

~

&c.

T outes ces

conféquences fantent aux yenx d'elles-memes , fans

qu 'il fQit be[oin de tes marquer plus au long.

Puifque les conCéquences qui s'enCuivent néceffai–

rementde ce principe, favoir qu e le

fentiment

im/llle

de notre pro?re perception eíl l'unique regle de v '–

rité , fom íi bifarres , íi rídicules

&

íi abfu rdes , il faut

néceíTairement qu'il foit lui-meme blCarre, ridicule

&

abfurde, puifqu'il eíl démontré que les confé–

quences

n~

font qu'une meme chofe avec le princi–

pe.

f/oyC{

EVIDENCE

&

SENS COMMUN.

SENTIMENS,

en Pope,

&

particulierement dans

le poeme dramatique,

ion¡

les penfées

qu'exprim~ nt

les différens perfonnages , foit que ces penfées ayent

rapport

a

des matieres

d}opi~ion,

de paffion, d'af–

fai res ou de quelque chofe íemblable.

Yoye{

PEN–

SÉE.

Les mreurrforment l'aétion tragique,

&

les

fln–

timens

l'expofent, en décotlvrant fes cauCes, fes mo–

tífs,

&c.

Les

jf.númens

font aux mreurs ce que les

rnreurs {ont a la fable .

Voye{

M<n:URS.

Dans

lesfentimens

,

il faut avoir égard

a

la nature

&

a la probabilité.

Un

furieux, par· exemple, doir

parler comme un furieux, un 3mant COO1me

UIl

amant

&

un héros comme un héros. Les

fencimens

ferven; beaucoup

a

foutenír les caraéteres.

Yoye{

CARACTERE, DICTION, HÉROS ,

&c.

.

SENTIMENT D'ÉPÉE, SENTIR L'Éf>ÉE, (

Efcrime.)

·oh dit d'un efcrimeur qu'il a le

fintimel1l

délicar ;

lorfqu'en touchant l'épée de l'ennemi avec la {jenne,

il connoít fon attaque

&

la poíition des

ép~es.

Lefentiment

d'épée

doít etre t' l qn'II ne fatigue

pas

le

~ras

de l'ennemi,

&

qu'il ne le contraigne pas

ele

dégager. Mais il

~oit ~tre ~~e~ fen~.ble

¡:>our s'apper–

cevoir íi l'ennemI qllltte

1

epee, sIl falt un coule–

ment d'épée , ou s'il fOTce l'épee.

Voye{

ENGAGE–

MENT.

SENTIMENT,

(Yénerie.

)

lorfqu'un chien

re~oitle

VC:1t

de la voie, OH dit qu'il a du

[entiment.

SENTlü f.

m .

.(Gram.

&

Myt/wlog.)

dieu qui pré–

íi'croit

atout

~e

'luí avoit le fentiment.?n l'invoquoit