37 S
S
o
~a
•
,
apprend que
les
archíyes de Pr nene
pO~Olent,q\l u~
bomme ¿.:s plus.
conúdérable~
de la vllle, nomro
Numerius-SuffuclUS, fut avertl par
plu~eurs
fon ges
réitérés
&
menas:ans , d alter entr'<?uvnr un rocher
J ans un c rtain lieu; qu'il y alIa " br.lfa ce
ro~l:..!r
,
&
qu'il en {ortit pluúeurs
fort~
;
c'~to:t
de p.etlts m?r–
ceaux de bois de rouvre bIen tal11es
&
bIen polts
~
(ur lefquels étoient é.crits des ¡:rédicrions en caracr
7-
res antiques; on mlt ceS petlts morceaux de b01S
<lans un coifre d'olivier. Pour les confulter , on ou–
vroit ce coifre , on
f~ifoit ,?e~er enfemb~~
t?US
c~s
flrtS ,
par un enfant ,
tI
en tlr01t un ,
&
c etolt la re–
pon~e
que l:o;acle donn?it au;
C~)Ofl~lt~ns:
Ce coifre
contlOUe Clceron, eíl: aUJourd hUI
r~bgleuleme~t gar:
dé,
a
caufe de Jupiter enfant,
q~u
y eíl:
repréfent~
avec Junon, tous deux dans le fel11 de la fortllne qUl
leur donne la mamelle ,
&
toutes les bonnes meres
y
ont une grande dévotion.
.
Plmarque prétend qu'ol1 tiroít pluíleurs petlts mor:
ceaux de bois dbl coifre ,
&
9ue les
car~éteres
gra–
vés fur chacun étant raífembles compofOlent l.a pro.–
phétie ; milis outre que Cíceron dit
l~ con~ra1fe
,
11
paro]t c1airement par un paa:age de TlteJLlve" gue
chacun de ces
forts
contenOlt toute la prophetle ;
voici Jes propres termes de
l~hiíl:orien, at~
c<;>mmen–
cement du liv.
xxn.
FaLeri/s caLumfe;ndt "ijllm ve- ,
l/tt magno hiatrt qunque patueritJngens
Lu!n~n ej!~l/ifo,
jOl
tlS
júa/ponte attenuatas
,
llnamque eX'cldi.ffe uaJcrzp–
tam Mars teLum flmm concutit.
))
On \vit a
F
aleres
»
1:
ciel fe fendre
&
s'entrouvrir,
&
u.e grande lu–
" miere remplír ce grarid vuide. Les
fom
diminue- ,
~)
rent
&
s'appetiíferent d'eux-memes,
&
ü
~n
tom–
}) ba un Ot1 étoient écrites cet paroles,
Mars pr Ipare
" fes armes.
"
Les pretres fe fervirent habilement de ces
fOrlS
pour
fe procurer du proflt
&
du crédito
Tata
r~s.efl
invent.a
f aLLaciis
,
aut ad quceflul/l
,
aut ad fuperflwonem
,
dIt
Ciceron.
Mais que ílgniflent ces
memesforts
dont parle Ti–
te- Live , qui diminuerent
&
s'appetÍíferent d'eux–
memes
,jortes fuá/ponte at.tenuatas
?Peut-e;.re que
ces
jores
étoient doubles , Je veux dlre, qu
Il
y en
avoit de grands
&
de petits , touS femblables ,
&
que
les pretres faifoient tirer les uns olIles atltres,
fe~on
qu'ils vouloient effi'ayer ou encourager les eonílll–
tans.
Il
efi certain qll'en matiere rAe prodiges, on
prenoit
a
bonne augure les chofes qui paroiíloient
plus (Yrande_s
q~e d~
coutume;
&
au
e.ontrai.re'. on
tenoit
a
mauvalS prefage les chofes qUl par01ífQlent
plus petites qu'elles ne font naturellement , eomme
Saumaife l'a prouvé dans fes, commentaires fur So–
lino II fuit de-la que les
forts
appetiífés
,fortes exte–
nuateE,
pronofiiquoient par eux-memes un événe–
ment ílniíl:re; mais j'aime
a
vOlr ce que les Philofo–
phes penfoient
desforts
en général,
&
ce que devin–
rent ceux de Préneíl:e en particulier ; Ciceron m'en
éc1aircit lui-meme.
•
Q'eíl:-ce
a
votre avis, que
lesforts,
difoit-il a,un
fiolcien? C'efi a-peu-pres, eomme de jouer au nom–
bre, en hauífant
&
en fermant les doigts, ou de jou&r
aux oífelets
&
aux dez ; en quoi le hafard ,
&
peut–
etre une mauvaife fubtilité, penvent avoir quelque
part, mais ou la fageffe
&
la raifon n'en ont aucune.
Lesforts
fent done pleins de tromperie,
&
c'efi une
invention, ou de la fuperfiition, ou de l'avidité,du
.gain. La divination par les
farts
eft déformais entie–
rement déeriée. La beauté
&
l'antiquité dtI temple
de Préneíl:e a véritablement confervé le nom des
fOris
de Preneíl:e, mais parmi le peuple uniquement;
car y a-t-il quelque magiíl:rat, quelqu'homme un peu
~onfidérable
qlJi
y
ait le moindre reconrs? Par-tout
ailleurs on n'en parle plus,
&
c'efi ce qui faifoit dire
a
Carnéade, qu'il n 'avoit jamais
vu
la fortune plus
!~munée
q1.1'a
Prénefre.
50.R
Ccpe'l1da'l1t, il s en faUut peu C¡u'ils ne
teviníf~bt
en
crédit du tems de Tibere. Sl!étone
n~)Us
apprend,
que cet emperem
~yant
forme le proJet de ruiner
tons les orac1es vOJílns de Rome , ceux d'Antium
de Creres , de Tibur
&
de Préneíl:e , en fut détourn6
par
la
majeíl:é de ces derniers , ca'r s'étant fait remet–
tre
le
coifre bien formé
&
bien ca cheté , les
farts
ne
s'y trOl1verent point, mais ce c<i>ifre ne fut pas pluto!
reporté dans le temple de Prénefie
~
que les
fons
s'y
trouverent eomme de coutume.
.
Il
n'e:íl: pas difficile de reconnOltre ici l'adreífe des
pretres, qui voulurent relever le crédit de leur an...
cien oracle; mais ion tems étoit paífé, penonne
ne
fe
rendit {ur les lieux pour y avoir recours;
&
ce
qu'il y a de bien íinguliM, les
joris
de Virgile-n'ayant
pour eux aucun apparat de religion, emporterent
la
balance,
&
fuccéderent
a
ceux de Préne:íl:e.
Voye{
SORTS
DE VmGILE.
(D.
J.)
S~R~~
DE
VI.R? rL~,
(Dfvinat.du.Paganif.)for_
tes Vlrg/üame
,
dlVll1atlOn qUl coníifiOlt
a
ouvrir les
reuvres de Virgile,
&
a
en tirer,
a
l'infpeétion de la
page que le haiard offroit, des préfages des événe–
mens futurs.
Le tems ayant ínfenúblement donné de l'autorité
aux poéfies \de Virgile, les Latins s'accoutumerent
de meme
él
les confulter dans
~es
occaíions ou illeur
étoit important de connoltre la volonté du cieloL'hif–
toire des empereurs Romains , fur-tout depuis Tra–
jan, en fournit pluíletirs exemples. Le premier dont
nous ayons connoiífance efi celui d'Adrien ; inquiet
de favoir qnels étoient les difp0útions de Trajan
a
ron égard,
&
s'ille déúgneroit pou!' ron fucceífeur
a
l'empire, il prit l'Enéide de Virgile, l'ouvrít au
ha.
fard,
&
Y
lut ces vers du VI. livre.
Qrtis procul ille autem ramis infignis oLivtt
Sacrafirens! noJco crines incanaque menta
Regis Romani; primlls qui legibus urbem
Fllndabit
,
curjbus paryis
t)
paupere terra
MiJ{us in imperium magnum
. ••• •
Comme on ne fe rend pas difficile fur les chofes
qui flattent les deíirs , quelques legeres to,?-venances
qu 'Adrien trouva dans ces vers avec fon caraétere,
fes inclinations, le go(it qu'il avoit pour la philofo–
phie
&
pour les cérémonies religieufes
~
le raífure–
rent;
&
íi l'on ajoute foi
a
Spartien , le fortiflerent
dans l'efpérance qu'il avoit de parvenir
a
l'empíre.
Lampride rapporte qu'Alexandre Severe qui de–
voit pour lors etre tres-jeune, puifqu'il n'avoit que
treize ans lorfqu'il filt nommé empereur' , s'appli–
quant avec ardeul'
a
l'étllde de la Philofophie
&
de
la Mufique; Mammée fa mere lui confeilla de faire
plutot fon occupation des Arts
&
des Sciences né–
ceífaires
a
ceux qui [ont de:íl:inés
a
gouverner les
hommes,
&
qu'Alexanru-e fe conforma d'autant plus–
volontiers
a
cet avis, qu'ayant eonfulté Virgile [ur
le
flrt
qui lui étoit réfervé, il cmt
y
trouver un pré–
fage aífuré de fon élévatíon
a
l'empire dans ees fa–
meux vers:
E xcudent alii fpirantia molLius ara,
Credo eqzúdem
,
& c.
Tu regere imperiQ'I'0puLos
,
Rormtne ,memento;
H~
tibi entnt artes.
Claude le Gothique voulant favoir quelle feroit
la
durée de fon regne, cOQ.fulta Virgile
a
l'ouverture
du livre,
&
lut ce verso
Tercia dum latio regnantem viderit eeflas.
alors ii tira la conc1uíion, <¡u'il n'avoit au plus que
trois ans
a
vivre; l'auteur qui nous a confervé ce
fait, aífure que Claude ne furvécut en effet que deux:
ans
a
cette e[peee de prédiétion;
&
que celles qu'il
cmt
d~ 1.UeIJ1.~
avoir trouvée,s dans Virgile fur ce
qll;'
•