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CON

11

ell fort difficile de déterminer d_e que! gem·e '

font les particules frigorifiques,

&

de quelle manie–

·re elles produifent lenr effet: c'eft aulli cette di!fi–

culté qui a fa ir produire plufieurs fylh!mes.

Quelques-uns ont dit que c'étoit J'air commun qui

dans la

congelation

s'introduifoit dans l'e<fu' & qui

s'embarralfoir avec les particules de ce fluide, emp@–

choit leur mouvement,

&

formoit cetfe quantité de

hullesqu'on appers:oit daos la glace; que de cette fa–

<;on il augmentoir le volume de !'eau,

&

¡J¡¡r ce moyen

Jarendoit fpécifiquement plus légere. Mais M. Boyle

a combattucette opinion,en prétendant que l'eau gele

dans les voilfeaux fermés hermériquement,

&

daos

lefquels l'air ne peut aucunemenr s'introduire; ce–

pendant il y a autant de bulles que dans celle qui s'cl):

congelée en plein air : il ajoute que l'huile le con,

denle en fe gelant; d'ou il conclud que l'air ne peut

·point @rre la caufe de fa

congelation.

D 'autres,

&

c'ell le plus grand nombre, veulctrt

q

ue.la

mariere de la

congtlation

foit un fe!, fourenant

qu'un froid exceffif peut bien rendre -les parties de

l'eau immobiles, mais qu'il ne fe formera jamais de

~lace

fa ns fe!. Les particules falines, difenr-ils, dif–

-1outes

&

combinées dans une jufte proporrion , font

l a

qufe principale de la

congdation,

car la

congcla-

1ion

a beaucoup de rapport avec la cryfiallifation.

:Koye{

CRYSTALLISATION.

Ils fuppofent que ce fel ell du genre du nitre,

&

que l'air chargé, comme tout le monde en convient ,

d'une «rande quantité de nitre, fournit ce fe!.

Il eft rres-facile d'expliquer commcnt les particu–

les du nitre peuvent faire penlre

il

l'eau fa fluidi té.

On fuppofe que les particules de ce fe! font des ai–

guilles roides

&

poinrucs ; qu'elles entrent facile–

rnent dans les parties ou globules de l'eau; ces par–

ticu.Ies ainri hérilfées de pointes venant a fe meler'

elles s'embarralfent les unes dans les autres , leur

mouvement diminue peu-a-pen,

&

il fe détruit enfin

totalement.

Cet effet n'efi produit que daos le plus fort de l'hy–

v er: en voici la raifon; c'efi que daos ce tems, les

pointes dn nitre qui agilfent ponr diminuer le mou–

vement ont plus de force que la puilfance ou que le

príncipe qui met les fluides en mouvcment, ou qui

les difpofe a fe mouvoir.

Voy<{

fLUIDE.

L'expérience li connue de la glace artificiellc con–

firme cette opinion. On prend du falpetre commun,

on le mele avec de la neige ou de la glace pilée, on

fait fondre ce melange fur le feu' en plongeant une

houteille pleine d'eau dans ce metange; randis qu'il

fe fond , l'eau contenue dans la boureille

&

conti–

gue

a

ce mi!lange fe COHgelera , quand meme

00

feroit l'expérience dans un air chaud. On con

el

ut

de cctte expérience, que les poinres du fel , par la

pefanteur du m<!lange

&

de l'atmofphere , fonr in–

noduires daos l'eau au-rravers des pores du verre.

JI parolt évident que cet effet ell: uniquement dtt au

fel, puifque nous fommes alflu-és que les particules

d'eau ne peuvent point palfer par les poresdu verre.

D ans les

cong.tations

artificieUes,

a

quelqu'endroit

qu'on appliquc le melange , foir au fond, aux cotés

ou vers la furface de l'eau contenue daos le verre,

il s'y form17ra une perite lame de glace. Ce phéno–

mene' fuit, de ce qu'il y a rotrjours daos rout le m&–

lange une fuffifanre quantité de particules falines,

capable d'empecher l'aB.ion de la matiere ignée, au

lieu que dans les

congelations

naturelles l'eau doit fe

congeler

a

fa furface' puce que les parricu.Ies fali–

n es y font en plus grande quamité.

L'auteur de

la

nouvelle conje8ure pour expliquer la

nature

de la

glace ,

fait plulieurs objeél:ions contre ce

fyll:eme. ll ne paroit point, dit-il , que le nitre entre

daos la compofrtion de la glace ; ca r

ft

cela étoit ,

pn

rendroit dif!icilement raifon des principaux phé-

Torne 111

1

~ñomenes.

Comment, par exemple les particules

a_u nitre en s'introduifanr_dans les

p~res

de l'eau'

&

':.~

fixant toutes fes partres.' pourroienr-elles aug–

menrer le v olume de ce fllllde

&

le rendre fpecifi–

quement plus Ieger qu'il n'étoit auparavanr ? elles

de~roient

au c_ontraire

~aturellement

augmenter fon

l>O.tds. Gette dtf!iculté' )\}tnte

a

quelqu es autres fait

-fentir·la nécellité d'une nouvelle théorie. L'a.:reur

done propofe la fuivante' qui parolt fatisfaire

a

l'explication des phénomenes d'une

fa~on

qui paroit

-d'abord beaucoup plus facile

&

beaucoup plus lim–

pie : elle ell: indépendante de cette introduB.ion

&

expullion de matieres étra ngeres.

L'eau ne fe. congele que pendam l'hyver, paree

qtt'alors fes parties plus intimement unies enfemble

s'embnrralfent r éciproquemenr l'une

&

l'autre ,

&

perdeht le ineuvement qu'elles avoienr auparavant.

Vair-, ou póur mieux dire l'altération .de Ion élaíli–

cité

&

de (a force, fo nt la caufe de fon union plus

étroite aux pal'ticules de l'eau. L'expérience démon–

tre qti'il y a une quamité prodigieufe d'air grollier

répandu entre les globules de l'eau : on convient que

ohaque particule d'air a une vertu élafiique. L'au–

teur foutienr que les petits relforts de

l'ai r

~roffier

-qui ell: melé avec l'eau' font beaucoup plus torts

&

beaucoup plus tendus daos l'byver que dans rout att•

tre tems. Quand d'un coté ces relforrs vienñent a fe

débander' tandis que de l'autre l'air continue a pe–

fer fur la íurface de l'eau, les parries de l'eau pref–

fées

&

rapprochées les unes "des autres par cette

double force, perdront leur fluidité

&

formeront un

corps folide, qui rellera tel jufqu'a ce que les perits

relforts de l'air, relachés par une augmentation de

chalcur, permettent aux parties du fluide de repren–

dre leurs premieres dimenlions,

&

lailfent alfez d'ef–

pace enrre les globules du fluid e pour qu'ils puilfent

fe mouvoir entr'eux. Mais ce fylleme a

Con

foible,

&

le príncipe fur leqnel il ell fondé peut <!tre démomré

faux. Le froid n'augmente poinr le relfoJ1 ni l'élalli–

cité de l'air, au conrraire il les diminue. L'air fe ra–

réfie par la chaleur,

&

fe condenfe par le froid;

&

il

ell: démontré en Aerométrie, que la force élafiique

de l'air rarélié, cll:

a

la foree de ce meme air, qui efr

daos un état de condenfation , comme fon volume.

quand il ell raréfié, ell a fon volume quana il ell: con-,

denfé.

Voy•{

ÉLASTtCtTÉ

&

AtR.

Je ne fais pas li c'ell rrop la peine de faire mention

de l'hypothefe de quelques auteurs , daos lac¡uelle ils

expliquent d'ou vient l'augmentation du volume

&

la diminution de la gravité fpécifique de l'eau con–

vertie en glace. Ils foutienne nt que les particules de

l'eau daos leur état naturel, approchent de la figu re

cubique,

&

qu'ainli il n'y a que tres-peu d'interllices

entre les parties des fluí des; mais que ces petits cu–

bes fonr changés par la

congelarían.

en autant de fphe–

res, qui lailfent entr'elles beaucoup d'efpace vuide.'

Les particules cubiques font certainemenr beaucoup

moins propres

a

confiituer un fluid e, que les parti–

cules fphériques; de mer:ne que les particules fphé–

riques font bien moins drfpofées

a

former un corps

folide que ne le font les cubiques; c'efr ce que la na–

ture de la fluidité

&

de la fo lidité nous fuggere alfe¡o;

facilement.

Au fo11d, po\1r nous faire une théorie de la

conge:

Lation,

nous devons recourir, foit aux particules

fri·

gorifiques des Philofophes corpufculaires, conftdé–

rées fous le jour

&

avec tous les avantages que leur

a donné la philofophie de Newron , foi t

a

la ma•

tiere fubtile des Cartéliens, avec rous les

corr~;él:ifs

de M. Gauteron, dans les mémoires de J'Académie

royale des Sciences,

année

'70!) -

Nous joindrons ici !'un

&

l'autre fyileme, pour

lailler au leél:eur la liberté du choix. Je commence

par le premier. Lorfqu'unc quantité de panicules

RRq.t;