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XllJ

des preuves. Perfonne n'eíl: moins avide que nous du bien éles aurres,

&

n'applaudit avec

plus de plaiíir a leurs travaux

&

a leur fu cces. Au défaut

d'au~res

qualités, nous racherons

de mériter le fuffrage du Public, par le foin que nous aurons de chercher la vérité, plus chere

pour nous que norre ouvrage,

&

bien plus que notre fortune; de la dire tour

a

la fois avec la

févérité qu'elle exige,

&

avec la moderation que nous nous devons a nous memes; de n'ou•

trager jamais perfonne, mais de ne refpeél:er auíli que deux chofes, la Religion

&

les Loix- ;

( nous ne parlons point de l'autorité, car elle n'en eíl: poim différente,

&

n'eíl: fondée que fur

elles); de rendre au:x: ennemis meme de l'Ency clopédie la juíl:ice la plus exaél:e; de donner

fans affeél:ation

~

fans malig;nité aux aureurs médiocres, meme les

plu~

vanrés, la place que

leur aílignenr de¡ a les bons ¡uges ,

&

que nos defcendans leur deíl:ment ; de diíl:inguer,

c omme nous le devons, ceux qui fervenr la république des Lemes fans la juger, de ceux

qui la jugent fans la fervir ; mais fur- tour de célebrer en toure occaíion les hommes vrai–

rnent illuíl:res de notre íiecle, auxquels l'Encyclopédie fe doit par préférence. Elle tacnera

de leur rendre d'avance ce tribut

fi

juíle , qu'ils. ne re¡;oivent prefque jamais de leurs con–

temporains fans mélancre

&

fans amertume, qu'ds attendent de la génération fuivante

&

donr l'efpoir les

fourien~

&

les confole ; foible reífource fans dome ( puifqu'ils ne

com~en·

cent proprement a vivre que quand ils ne font plus) mais la feule que le malheur de

l'humaniré leur permette. L'Encyclopéclie n'a qu'une chofe a regretrer, c'eíl: que notre fuf·

frage ne foit pas d'u.n aífez,

gra.nd

prix pour les

dé~ommager

de ce

~u'ils

Ont a fouffrir,

&

que nous nous bormons a e

rre mn

ocens de leurs pemes, fans pouv01r les foulager. Mais ce

foible monument que nous cherchons a leur confacrer de leur vivant meme , pe4 néceífaire

a

ceux quien font l'objet, eíl: honorable a ceux qui l'élevent. Les íiecles futurs , s'il par–

viene jufqu'a eux , rendront

a

nos fentimens

&

a notre courage la meme juíl:ice que nous

aurons rendue au génie , a la vertu ,

&

aux talens ;

&

nous croyons pouvoir nous appli–

quer ce mor de Cremurius Cordus a Tibere : , , Non- feulement on fe fouviendra de Brutus

;, &

de Caílius, on fe fouviendra encere de nous. ,

L'ufage íi ordinaire

&

íi méprifable de décrier fes contemporains

&

fes compatriotes,

ne nous empechera pas de prouver par le détail eles faits , que l'avancage n'a pas été en

tour genre du coté de nos ancerres ;

&

que les Etrangers onr peur - erre plus a nous en–

vier , que nous a eux. Enfin nous nous attacherons autant qu'il fe ra poílible , a infpirer aux

g ens de Lem es cet efprit de liberté

&

d'union, qui fans les rendre dangereux, les rend eíl:i–

mables ; qui en fe monrrant dans leurs ouvrages , peur mettre notre íiecle a couvert du re–

proche que faifoi r Brurus a l'éloquence de Cicéron , d'erre

fans reins

&

fans vigueur;

qu~

femble , nous le difons avec joie, faire de jour en jour de nouveaux progres parmi nous;

que néanmoins certains Mecenes voudroiem faire paífer pour cynique ,

&

qui le fera íi l'on

veur , pourvu qu'on n'arrache a ce terme aucune idée de révolre ou de licence. Cette ma–

t1iere de penfer , il eíl: vrai , n'eíl: le chemin ni de l'ambition , ni de la fonune. Mais la mé–

cliocrité des deíirs eíl: la forrune du Philofophe;

&

l'indépendance de tout, excepté des de–

voirs, eíl: fon ambirion. Seníibles a l'honneur de la république des Lemes, dont nous faifons

rnoins partie par nos talens que par notre attachement pour elle , nous avons réfolu de

réunir toures nos forces, pour éloigner d'elle , autant qu'il eíl: en nous , les périls , le dé–

périífement

&

la dégradation dont nous la voyons menacée; qu'imporr·e de quelle voix elle

fe ferve , pourvu que fes vrais inrérets foient connus de ceux qui la compofent?

DE S E

D

1

TE U

R S.

Malgré ces difpoíitions nous n'efpérons pas a beaucoup pres réunir tous les fuffrages ;

rnais devons nous le deíirer? Un ouvrage tel que l'Encyclopédie a befoin de cenfeurs,

&

meme d'ennemis. Il eíl: vrai qu'elle a jufqu'ici l'avantage de ne compter parmi eux au–

cun des Ecrivains célebres qui éc\airent la Narion

&

qui l'honorent ;

&

ce qu'on pour–

roir faire peut-erre de plus glorieux pour elle, ce feroir la liíl:e de fes parrifans

&

de fes ad–

v erfaires. Elle doit néanmoins a ces derniers plus qu'il5 ne penfent, nous n'ofons dire qu'ils

ne voudrdient. Elle leur doit les efforts

&

l'émulation des Auteurs ; elle leur doit l'indul–

gence du Public, qui finit roujours

&

commence quelquefois par erre juíl:e,

&

que l'ani–

moíité bleífe encere plus que la facyre n'amufe. S'il a favorifé l'exécution de cer ouvrage •

ce n'eíl: pas que les défaucs luí en ayent échappé ,

&

comment l'auroient-ils pu ? Mais il

a fenri que le v rai moyen d'¡mimer les Auteurs ,

&

de concribuer ainíi par fon fuffrage a1.1

bien

&

a la perfeél:ion de ce Diél:ionnaire , étoit de ne pas ufer envers nous de cette févé–

rité qu'il montre quelquefois ,

&

que le deíir de luí plaire nous eur fa

ir

fupporter avec cou-

rage.

.

.

L'Encyclopédie a done des obligacions tres - réelles au mal qu'on a voulu lUl fa1re. Elle

ne peut manquer fur-touc d'inréreífer en général tous les gens de Lettres', qui,n'ont ni pré–

jugés a fouteni r, ni Libraires a protéger , ni compilations paífées , préfenres , ou

f~tures

.a

faire valoir. C'eíl: auíli a eux que nous nous adreífons, en demandant

po.ur

la dermere f01s

!eurs 1umieres

&

leur fecours. Nous les conjurons de nouveau de fe ré

umr a

vec QOUS pour