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'A V E
) {ait la viGon : mais je crois qu'on ponrroit próli–
.. ter autant, enqueíl:ionnant un
ayeugü
de bon fens...
»
Si l'on vouloit donner quelque certimde
a
ces ex–
" périences, il faudroit du moins que le (¡Ijet ñlt
»
préparé
de
longue-main,
&
peut-etre qu'on le
,) rendlt philofophe.... Il feroit tres-a-propos de ne
" commencer les obfervations que long-tems apd;:s
)1
I'opération : pour cet effet il faudroit traiter le
" malade dans l'obfcurité ,
&
s'afIlirer bien que fa
" blefI'ure
ell:
guérie,
&
que les yeux (ont fains. Je
" ne voudrois point qu'on l'expoCatd'abord au grand
" jour.... Enlin ce (eroít encore un point fort délicat
" que de tirer paru d'un fujet ainfi préparé ,
&
de
" l'interroger avec affez de fineffe pour qu'il ne dlt
" préciIément que ce qui (e paffe en lui... Les plus
" habiles gens,
&
les meilleurs e(prits , ne (ont pas
" trop bons pour une expérience fi philofophique
&
" fi délicate. ,/
Finiffons cet article avec l'auteur de la
lOltre
,
par
la
fameu(e queíl:ion de M. Molineux. On fuppo(e un
aveug!e
né , qui ait appris par le toucher
a
difringuer
un globe d'un cube ; on demande fi , quand on lui
aura refritué la TIle, il difringuera d'abord le globe
du cube fans les toucher
?
M. Molineux croit que
non,
&
M. Locke efr de (on avis; parce que l'aveu–
gle ne peut (avoir que l'angle avancé dll cube , qui
preffe (a main d'une maniere inégale , doit paro'ltre
a
fes yeux , tel qu'il parolt dans le cube.
L'auteur de la
lOltrefur les aveugles,
fondé fur l'ex–
périence de Che(elden , croit avec raifon que
l'avw–
gle
né yerra d'abord tout cOflfufément,
&
que bien-
10m de diftinguer d'abord le globe du cube, il ne
yerra pas meme diilinaement deux figures différen–
tes: il croit pourtant qu'a la longue,
&
(ans le fe–
cours du toucher ,
il
parviendra
a
voir diftinaement
les dellx figures: la raifon' qu'il en apporte ,
&
a
la–
~uelle
il nOlls parolt difficile de répondre, c'efr que
1
ayeugle
n'ayant pas be(oin de toucher pour diftin–
guer les collleurs les unes des autres, les limites des
couleurs lui fuffiront
a
la longue pour difcerner la fi–
gure ou le contonr des objets.
11
yerra donc un globe
&
un cube , ou, fi 1'0n veut, un cercle
&
un quarré:
mais le (ens du toucher n'ayant aucun rappon
a
celui
de la vlie , il ne devinera point que l'un de ces deux
corps efr celui qu'il appelle
glohe,
&
l'autre celui
qu'il appelle
cuhe;
&
la vifion ne lui rappellera en
aucune maniere la fen(ation qu'il a res:lie par le tou–
cher. Suppofons pré(entementqu'on lui diCe que l'un
de ces deux corps efr celui qu'il (entoit globe par le
toucher,
&
l'autre celui qu'il fentoit cube ; (aura-t-il
les difringuer
?
L'auteur répond d'abord qu'un hom–
me groffier
&
fans connoiffance prononcera au ha–
fard; qu'un métaphyficien, fur-tout , s'il efr géo–
metre, comme Saundenon, examinera ces figu–
res; qu'en y (uppo(ant de certaines lignes tirées, il
yerra qu'il peut démontrer de l'une tomes les pro–
priétés du cercle que le tOllcher lui a fait connoltre ;
&
qu'il peut démontrer d l'alltre figure tOllteli les
propriétés du (/uarré.
Il
(era done bien tenté de con–
durre :
voilti !e cuele, voila le quarré
:
cependant, s'il
efr prndent, il {¡úpendra encore (on jugement ; cal',
pourroit-il dite : " pem-etre que ql.land j'appliquerai
" mes mains fur ces deux figures, elles (e transforme–
~)
ront l'une dans l'autre ; de maniere que la meme
fi–
" aure pourroit me fervir a démontrer aux
aveug!es
~)
les propriétés du cerde,
&
a celDC qui voyent , les
" propriétés du quarré ? Mais non, auroit dit Saun–
" denon , je me trompe; ceux
a
qui je démontrois les
"propriétés du eercle
&
du quarré,
&
en qui la
" vlie
&
le toucher étoient parfaitement d'accord,
" m'emendoient fort bien, quoiqu'ils ne touchafI'ent
" pas les figures (ur lefquelles je faifois mes démonf–
»
trauons ,
&
qu'ils fe contentaffent de les voir. Ils
" ne voyoient done
pas
un quarré quand je (entois
Tom,
l.
AVÉ
)1
un certle , fans quoi nons ne nOlls tnffions jamais
"entendus: mais pui(qu'ils m'entendoienttous, tOU5
.. les hommes voyen! done les pns comme les au–
.. tres: donc je vois qnarré ce qu'ib voyoient
c¡uar~
.. ré ,
&
par conféquent ce que je fentols quarre;
&
" par la meme raifon je vois cerde ce que je {entois
"cerde ".
Nous avons (ubíl:itué ici avee 1'¡lIIteur le cercle
au globe, & le quarré au cube , parce qu'il
y
a beau–
coup d'apparence que celui qui (e (ert de (es y ux
pOllT la premiere fois , ne voit que des furfaces ,
&
ne fait ce que c'efr que faillie; carla faillie.
d'u~
eorps
conftfre en ce que qnelques-uns de (es pOllltS paroi(–
(ent plus voifins de nous que les autres: or c'efr par
l'expérience jointe au toucher,
&
non par la vtle
feule, que nous jugeons des difrances.
De tout ce qui a été dit ju(qu'ici (ur le globe
&
fur le cube , ou fur le cerde
&
le quarré , concluons
avec l'auteur qu'il y a des cas Ol! le rai(onnement
&
I'expérience des autres pcuvent éclairer la vtle (ur
la relation du toucher ,
&
afITtrer, pour ainfi dire ,
['reíl qu'il efr d'accord avee le taa.
La
!ettre
finit par quelques réflexions
Cur
Ce qui ar–
riveroit
a
un homme qui allToit víl des fa naifrance , •
&
qui n'auroit poin.t eu le fens du toucher ;
&
a
un
homme en
'luí
les (ens de la vtle
&
du toucher (e con–
'trediroiellt perpénlcllement. Nous renvoyons nos
leaellrs
a
ces réflexions : elles nous en rappellent une
autre
a
peu pres de
l~
meme efpece , que fait l'au–
teur dans le corps de la
!ettre.
1<
Si un homme , dit-il,
" qui n'auroit vtl que pendant un jour ou deux , fe
"trouvoit confondu chez un peuple
d'aywgüs,
i1
" faudroit qu'il prlt le parti de (e taire , ou celui de
" pafferpour un fou: illeur annonceroit tous les jours
)/ quelque nouveau myfrere, qui n'en (eroit un que
" poul' eux ,
&
que les e(prits forts (e (auroient bon
" gré de ne pas croire. Les défenfeurs de la reliaion
" ne pourroient-ils pas tirer un grand parti
d'un~
in-
" crédulité
fi
opiniatre, fi jufre meme
a
certains
" égards,
&
cependant fi peu fondée? " NOlls termi–
nerons cet artide par ceite réflexion, capable d'en
contrebalancer quelques - aütres qui fe trouvent
ré~
pandues dans l'ouvrage,
&
qui ne font pas tout·a–
fait ft orthodoxes.
(O)
*
AVEUGLES , (
H!Jf. /nodo
)
hommes privés de
la vtle qui forment au Japon un corps de favans fort
confidérés dans le pays. Ces beamc efprits fom bien
venus des grands ; ils fe difunguent fur-tout par la fi.
délité de leur mémoire. Les annales, les hifroires ,
les antiquités, forment un témoignage moins fort
que leur tradition : ils (e tranfinettent les uns aux
au~
tres les évenemens; ils s'exercent
a
les retenir ,
a
les mettre en
vers
&
en chant,
&
a
les racomer avec
agrément. Ils ont des académies Ol! l'on prend des
grades.
Voye{ Barlh. Afta.
&
l'H!Jf. dIt
Japondll
pere
Charlevoix.
A
VEUGLEMENT ,
f.
m.
(Med.)
privation du
t
fentiment de laTIle, occafi0nnée par le dérangement
total de (es organes, ou par la ceífation involontaire
de leurs fonilions.
L'aveuglement
peut avoir plufieurs
CfIufes ; la cataraéle, la goutte fereine,
"&c. Voyer,
CATARACTE, GOUTTE SEREINE,
&c.
On a divers
exemples
d'aveuglement
périodique; quelques per–
(onnes ne s'appercevant du défaut de leut TIle que
dans la nuit, & d'autres que pendant le jour.
L'ayell–
giement
qui empeche de voir pendant la nuit s'ap-
pelle
nyrlalopie.
Celuj qui empeche de voir les objets
durant le jour,
hemeralopie.
e mot
d'aveuglement,
eomme on l'a ob(ervé plus
ham, (e prend tres-rarement dans le (ens littéral.
L'auteur de
l'amhaffade de Garúas de Silva Figue–
roa en
Pufo,
rappone qu'il y a certains lieux dans
ce royaume olll'on trouve un grand nombre
d'aveu~
S S
sss