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ferment la raifon de lem exifience dans leur eJfen–

ce , ce font des &tres abfolument néceJfaires ,

&

il

impliqueroitcontradiélion qu'ils n'exillalrent paso Le

'lnonde n'a point en de commencement , il n'aura

point de fin; il efi éternel ,

&

fufli{ant a lui-meme

pour fa confervation. Les miracles font impoíllbles,

&

I'ordre de la nature ell: inaltérable. Les lois du

mouvement, les évenemens naturels., l'enchalne–

ment des chofes, font autant d'effets d'une nécell'ité

abfolue' l'ame n'a point de liberté. L'unlvers eíl: fans

bornes'

~11le

fatalité abfolt'le tient lieu de Providence.

(Voye¿Wolf, Tldolog. nato tomo IJ.fia. JI.cltap.j.)

C'elt-la, & non dans le fyíl:eme des théiíl:es, qu'il

faut chercher les contracüél:ions; toat en fourmille.

Peut-on dire que le monde, confidéré en lui-meme ,

ait des caraéleres d'éternité qui ne fe puilrent pas

frouver dans un &tre intelligent ? Peut-on foíhenir

<¡u'il eíl: plus facile de comprendre que la matiere fe

roeut d'elle-meme ,

&

qtl'elle a formé par h.afa·rd &

fans .delrein le monde tel Cjll'il eíl:, que de concevoir

qu'une

intellig~nce

a imprimé le mOllvement

a

la

matiere, &en a tout fait dans certaines vues? Pour–

roir-on dire que ron comprend comment tout ce

<¡ui exiíl:e a été formé par un mouvement purement

mécharriqtle & nécefraire de la matiere , fans projet

&fans deifem d'aucune intelligence qtIÍ l'ait condui–

te; & qu'on ne comprend pas cornrnent une intelli–

gence l'auroit pll faire ?

JI

n'y a a1rluément perfon–

be

qui , s'il veut au moins parler avec fincérité ,

!I'avoue qtre le fecond eíl: infiniment plus facile a

comprendre que le premier. 11 s'enfuit de-la que les

mhées ont des hypothefes beaucoup plus difficiles a

concevoir que celles qu'ils rejettent; & qll'ils s'éloi–

gnent des fentimens communs pllltot pour fe diíl:in–

guer, que paTce qtle les difficultés leur font de la pei–

ne; autrement ils n'embrafreroient pas des fyíl:emes

tout-a-fait incompréhenfibles , fous prétexte qll'ils

n'entendent pas les opinions généralement re<;ues.

30.

L'at/Zée

ne fauroit éviterles abfurdités du pro–

gres a l'infini. Il y a un progres qtl'on appeUe

rea¡–

¡igne,

& un progres qu'on appelle

circulaire.

Suivant

le premier , en remontant de l'effet

a

la caufe"

&

de

cette caufe a une autre , comme de I'ceuE a la ponle ,

& de la poule a l'ceuf, on ne tronve jamais le bbut ;

& cetre chaine d'&tres vifiblementcontingens, forme

un tout nécelraire, éternel , in6ni. L'impoífillilité

d'ttne telle fllppofition ea fi manifeae , que les phi–

lofophes payens l'avoient abandonnée , pour fe re–

trancher dans le progres cireulaire. Celui-cí confúl:e

dans certaines révolutions périodiques extremement

longlles , au bout defqllelles les memes chofes fe re–

trouvent

a

la meme place; & l'état de I'llnivers ea

préciféll1ent tel qn'il étoit au m&me moment de la pé–

rjode précédente. J'ai déja écrjt une innnité de fois

ce que j'écris

a

préfent, & je l'écrirai encore une in–

finité de foís dans la fuite des tévollltions éternelles

de l'univers. Mais la meme abfurdité qui détruit le

progres reéliligne , revient iei contre le progres cir–

culaire. Comtne dans le premier cas on cherche

inutilement , tantot dans l'renf, tantot dans la pou–

le, fans jamais s'arreter, la raifon fuffifante de cette

chalne d'etres ; de meme dans celui-ci une révolu–

tion eíl: liée

11

l'autre: mais on ne voit point comment

une révolution prodllit l'autre , & quel eíl: le principe

de cette fnccell'ion infinie. Que l'on mette des mil–

lions d'années pom les révolutions univerfeLles , on

desjours ,desheures, des minutes, pour l'exiíl:encede

petits infeéles éphémeres, dont l'un produit I'autre

fans nn, c'eíl: la meme chofe; ce font tOlljOurS des effets

enchalnés lesuns ameautres,fans qll'on pnilre all'igner

une

~anfe

, un príncipe, une raifon fuffifante qui les

exp~qu.e.

4°·

On

pe~t

auffi attaquer

l'atMifme

par fes confé–

<¡trences, qtll , en fappant la religion, renverfent

ATH

du

ll1~me

conp les fondell1ens de la morale

&

oe l

politique. En effet l'

atMifme

avilit & dégrade la na–

tme humaine, en niant qu'il y ait en elle les

moin~

dres principes de morale, de politiqtle , d'équité

&

d'humanité : tonte la charité des hommes , (ilÍvant

cet abfurde fyíl:eme , toute leur bienveillance , ne

viennent que de lcm crajnte , de leur foibleífe, & du

befoin qu'ilsont les uns des autres. L'lItilité & ledefir

de parvenir , l'envie des plaifirs ,des honnelfrs, des

richeífes , font les tUlÍqtles regles de ce qtli eíl: bon.

La jllíl:ice & le gouvernement civil ne font des cho–

fes ni bonnes, ni defttables parelles-m&mes j'cat elles

ne fervent qtl'a tenir dans les fers la liberté de I'hom–

me: mais on les a établies comme un

rf\.~indré

mal,

& pOllr obvier

a

l'état de guerre ; dans lec¡nel nous

naiírons. Ainfi les hommes ne font juíl:es que malfíré

eux; car ils voudrbient bien qtl'il fllt poffible de n

0-

béir

a

aucunes lois. Enfin ( car ce n'eíl: ici qu'un

échantillon des principes moraux & politiques de l'

(l–

tMifme

)

enfin les fouverains ont trne autorité pro–

portionnée

a

léuiS forces ,

&

fi elles font illimitées ,

ils ont Un droit illlmité de commander

i

en ferte que

la vOlOllté de cehri qui commande tienne líen de juf–

tice aux {iljets , & les oblige d'obéir , de quelqtle

nature que foient les ordres.

.

Je conviens que les idées de l'honnéte & du des–

honneie fubfiíl:ent avec

l'atlléifme.

Ces idées étant

dans le fOPlds & dans l'elrence de la nature hllmaine,

l'at

/z.Je

\le fauroit les rejetter. Il ne peut méconnoitre

la différence morale des awons; paree qlle qtland

meme il n'y auroit point de divinité, les aélions qui

tendent

a

détériorer notre corps

&

notre ame feroient

toCtjours également contraires ame obligations natu–

relles. La vertu purement philofophic¡ue, qu'on ne

fauroit lui refufer , en tant qu'il peut fe conformer

aux obligations naturelles, dont il trouve l'emprein–

te dans fa nature ; cette vertll, dis-je , a tres-pell de

force,

&

ne fauroit guere tenir contre les

moúfs

de

la crainte , de l'intéret & des pall'ions. Pour réfif–

ter, fur-tout lorfqu'il en coúte d'etre vertueux, il

faut &tre rempli de l'idée d'un Dieu , qui

VOlt

tout ,

&

qui conduit tout. L'

atltéifme

ne fournit rien, & fe

trouve fans relrource ; des que la vertu eíl: malheu–

reufe, il eíl: réduit a l'exclamation de Btutus:

¡7mu,

JNrile

'VUtlt

,

de

'llloi

ni'

as-tufirvi?

Au contraire, celuí

qui croit fortement qu'il y a un Dieu, que ce Dieu eíl:

bon, & que to'ut ce qu'il a fait

&

'fu'iJ permet, abou–

tira enlin au bien de fes créahlres; un tel homme

peut conferver fa verhl & fon intégrité meme dans

la condition la plus dure. 11 eíl: vrai qu'il fallt pour

cet e/fet admettre I'idée des récompenfes

&

des pei–

nes a venir.

Il rélillte de-Ul que l'

at/zl.ifme

publiqtlement profcífé

cíl: puniífable fuivant le droit naturel. On ne peut

que defapprouver hautement qtlanrité de procé–

dures barbares & d'exécutions inhumaines, que le

fimple foupc;on ou le prétexte

d'atldifine

ont occa–

fionnées. Mais d'un autre coté l'homme le plus tolé–

rant ne difconviendra pas, que le magifuat n'ajt

droit de réprirner ceux 'lui orent ptofelrer l'

atlléif–

me,

& de les faire périr m&me , s'il ne peut

autre~

ment en délivrer la fociété. Perfonne ne révoqlle en

doute , que le magiftrat ne foit pleinement autorifé

a

punir ce qui eíl: mallvais

&

vicieux, & a

récom~

penfer ce qui eíl: bon & vertueux. S'il pellt punir

cewe

'fui font du tort a une feuJe perfonne,

ü

a fans doute

autant de droit de punir ceux qtiÍ en font

a

toute une'

fociété , en niant qu'il

y

ait un Dieu, ou c¡u'il fe m&le

de la conduite du genre hllmain , pOllr récoll1pen–

fer' ceux qui travaillent au bien commun,

&

pour

chatier cellX qui l'attaquent. On peut regarder un

homme de cette forte comme l'ennemi de tous les

autres , pUllqtl'il renverfe tOllS les fondemens fur

lefquels leur (,;onfervation

&

leur félicité font prin-

cipalement