![Show Menu](styles/mobile-menu.png)
![Page Background](./../common/page-substrates/page0886.jpg)
ferment la raifon de lem exifience dans leur eJfen–
ce , ce font des &tres abfolument néceJfaires ,
&
il
impliqueroitcontradiélion qu'ils n'exillalrent paso Le
'lnonde n'a point en de commencement , il n'aura
point de fin; il efi éternel ,
&
fufli{ant a lui-meme
pour fa confervation. Les miracles font impoíllbles,
&
I'ordre de la nature ell: inaltérable. Les lois du
mouvement, les évenemens naturels., l'enchalne–
ment des chofes, font autant d'effets d'une nécell'ité
abfolue' l'ame n'a point de liberté. L'unlvers eíl: fans
bornes'
~11le
fatalité abfolt'le tient lieu de Providence.
(Voye¿Wolf, Tldolog. nato tomo IJ.fia. JI.cltap.j.)
C'elt-la, & non dans le fyíl:eme des théiíl:es, qu'il
faut chercher les contracüél:ions; toat en fourmille.
Peut-on dire que le monde, confidéré en lui-meme ,
ait des caraéleres d'éternité qui ne fe puilrent pas
frouver dans un &tre intelligent ? Peut-on foíhenir
<¡u'il eíl: plus facile de comprendre que la matiere fe
roeut d'elle-meme ,
&
qtl'elle a formé par h.afa·rd &
fans .delrein le monde tel Cjll'il eíl:, que de concevoir
qu'une
intellig~nce
a imprimé le mOllvement
a
la
matiere, &en a tout fait dans certaines vues? Pour–
roir-on dire que ron comprend comment tout ce
<¡ui exiíl:e a été formé par un mouvement purement
mécharriqtle & nécefraire de la matiere , fans projet
&fans deifem d'aucune intelligence qtIÍ l'ait condui–
te; & qu'on ne comprend pas cornrnent une intelli–
gence l'auroit pll faire ?
JI
n'y a a1rluément perfon–
be
qui , s'il veut au moins parler avec fincérité ,
!I'avoue qtre le fecond eíl: infiniment plus facile a
comprendre que le premier. 11 s'enfuit de-la que les
mhées ont des hypothefes beaucoup plus difficiles a
concevoir que celles qu'ils rejettent; & qll'ils s'éloi–
gnent des fentimens communs pllltot pour fe diíl:in–
guer, que paTce qtle les difficultés leur font de la pei–
ne; autrement ils n'embrafreroient pas des fyíl:emes
tout-a-fait incompréhenfibles , fous prétexte qll'ils
n'entendent pas les opinions généralement re<;ues.
30.
L'at/Zée
ne fauroit éviterles abfurdités du pro–
gres a l'infini. Il y a un progres qtl'on appeUe
rea¡–
¡igne,
& un progres qu'on appelle
circulaire.
Suivant
le premier , en remontant de l'effet
a
la caufe"
&
de
cette caufe a une autre , comme de I'ceuE a la ponle ,
& de la poule a l'ceuf, on ne tronve jamais le bbut ;
& cetre chaine d'&tres vifiblementcontingens, forme
un tout nécelraire, éternel , in6ni. L'impoífillilité
d'ttne telle fllppofition ea fi manifeae , que les phi–
lofophes payens l'avoient abandonnée , pour fe re–
trancher dans le progres cireulaire. Celui-cí confúl:e
dans certaines révolutions périodiques extremement
longlles , au bout defqllelles les memes chofes fe re–
trouvent
a
la meme place; & l'état de I'llnivers ea
préciféll1ent tel qn'il étoit au m&me moment de la pé–
rjode précédente. J'ai déja écrjt une innnité de fois
ce que j'écris
a
préfent, & je l'écrirai encore une in–
finité de foís dans la fuite des tévollltions éternelles
de l'univers. Mais la meme abfurdité qui détruit le
progres reéliligne , revient iei contre le progres cir–
culaire. Comtne dans le premier cas on cherche
inutilement , tantot dans l'renf, tantot dans la pou–
le, fans jamais s'arreter, la raifon fuffifante de cette
chalne d'etres ; de meme dans celui-ci une révolu–
tion eíl: liée
11
l'autre: mais on ne voit point comment
une révolution prodllit l'autre , & quel eíl: le principe
de cette fnccell'ion infinie. Que l'on mette des mil–
lions d'années pom les révolutions univerfeLles , on
desjours ,desheures, des minutes, pour l'exiíl:encede
petits infeéles éphémeres, dont l'un produit I'autre
fans nn, c'eíl: la meme chofe; ce font tOlljOurS des effets
enchalnés lesuns ameautres,fans qll'on pnilre all'igner
une
~anfe
, un príncipe, une raifon fuffifante qui les
exp~qu.e.
4°·
On
pe~t
auffi attaquer
l'atMifme
par fes confé–
<¡trences, qtll , en fappant la religion, renverfent
ATH
du
ll1~me
conp les fondell1ens de la morale
&
oe l
politique. En effet l'
atMifme
avilit & dégrade la na–
tme humaine, en niant qu'il y ait en elle les
moin~
dres principes de morale, de politiqtle , d'équité
&
d'humanité : tonte la charité des hommes , (ilÍvant
cet abfurde fyíl:eme , toute leur bienveillance , ne
viennent que de lcm crajnte , de leur foibleífe, & du
befoin qu'ilsont les uns des autres. L'lItilité & ledefir
de parvenir , l'envie des plaifirs ,des honnelfrs, des
richeífes , font les tUlÍqtles regles de ce qtli eíl: bon.
La jllíl:ice & le gouvernement civil ne font des cho–
fes ni bonnes, ni defttables parelles-m&mes j'cat elles
ne fervent qtl'a tenir dans les fers la liberté de I'hom–
me: mais on les a établies comme un
rf\.~indré
mal,
& pOllr obvier
a
l'état de guerre ; dans lec¡nel nous
naiírons. Ainfi les hommes ne font juíl:es que malfíré
eux; car ils voudrbient bien qtl'il fllt poffible de n
0-
béir
a
aucunes lois. Enfin ( car ce n'eíl: ici qu'un
échantillon des principes moraux & politiques de l'
(l–
tMifme
)
enfin les fouverains ont trne autorité pro–
portionnée
a
léuiS forces ,
&
fi elles font illimitées ,
ils ont Un droit illlmité de commander
i
en ferte que
la vOlOllté de cehri qui commande tienne líen de juf–
tice aux {iljets , & les oblige d'obéir , de quelqtle
nature que foient les ordres.
.
Je conviens que les idées de l'honnéte & du des–
honneie fubfiíl:ent avec
l'atlléifme.
Ces idées étant
dans le fOPlds & dans l'elrence de la nature hllmaine,
l'at
/z.Je\le fauroit les rejetter. Il ne peut méconnoitre
la différence morale des awons; paree qlle qtland
meme il n'y auroit point de divinité, les aélions qui
tendent
a
détériorer notre corps
&
notre ame feroient
toCtjours également contraires ame obligations natu–
relles. La vertu purement philofophic¡ue, qu'on ne
fauroit lui refufer , en tant qu'il peut fe conformer
aux obligations naturelles, dont il trouve l'emprein–
te dans fa nature ; cette vertll, dis-je , a tres-pell de
force,
&
ne fauroit guere tenir contre les
moúfs
de
la crainte , de l'intéret & des pall'ions. Pour réfif–
ter, fur-tout lorfqu'il en coúte d'etre vertueux, il
faut &tre rempli de l'idée d'un Dieu , qui
VOlt
tout ,
&
qui conduit tout. L'
atltéifme
ne fournit rien, & fe
trouve fans relrource ; des que la vertu eíl: malheu–
reufe, il eíl: réduit a l'exclamation de Btutus:
¡7mu,
JNrile
'VUtlt
,
de
'llloi
ni'
as-tufirvi?
Au contraire, celuí
qui croit fortement qu'il y a un Dieu, que ce Dieu eíl:
bon, & que to'ut ce qu'il a fait
&
'fu'iJ permet, abou–
tira enlin au bien de fes créahlres; un tel homme
peut conferver fa verhl & fon intégrité meme dans
la condition la plus dure. 11 eíl: vrai qu'il fallt pour
cet e/fet admettre I'idée des récompenfes
&
des pei–
nes a venir.
Il rélillte de-Ul que l'
at/zl.ifme
publiqtlement profcífé
cíl: puniífable fuivant le droit naturel. On ne peut
que defapprouver hautement qtlanrité de procé–
dures barbares & d'exécutions inhumaines, que le
fimple foupc;on ou le prétexte
d'atldifine
ont occa–
fionnées. Mais d'un autre coté l'homme le plus tolé–
rant ne difconviendra pas, que le magifuat n'ajt
droit de réprirner ceux 'lui orent ptofelrer l'
atlléif–
me,
& de les faire périr m&me , s'il ne peut
autre~
ment en délivrer la fociété. Perfonne ne révoqlle en
doute , que le magiftrat ne foit pleinement autorifé
a
punir ce qui eíl: mallvais
&
vicieux, & a
récom~
penfer ce qui eíl: bon & vertueux. S'il pellt punir
cewe
'fui font du tort a une feuJe perfonne,
ü
a fans doute
autant de droit de punir ceux qtiÍ en font
a
toute une'
fociété , en niant qu'il
y
ait un Dieu, ou c¡u'il fe m&le
de la conduite du genre hllmain , pOllr récoll1pen–
fer' ceux qui travaillent au bien commun,
&
pour
chatier cellX qui l'attaquent. On peut regarder un
homme de cette forte comme l'ennemi de tous les
autres , pUllqtl'il renverfe tOllS les fondemens fur
lefquels leur (,;onfervation
&
leur félicité font prin-
cipalement