![Show Menu](styles/mobile-menu.png)
![Page Background](./../common/page-substrates/page0869.jpg)
ATH
res. L'ob[ervation que nous venons de faire a
paro
ii
vraie a quelques auteurs, qu'ils n'ont pas héíité
de regarder I'idée d'un Dieu comme une idée innée
&
naturelle a I'homme :
&
dela ils concluent qu'il n'y
a eu jamais aucune niltion, quelque féroce
&
quel–
que Ümvage qu'on la [uppo[e, qui n'ait reconnu ud–
Dieu. Ainfi, {don eux, Strabon ne mérite aUCLIne
créance ;
&
les relations de quelques voyageurs mo–
CIernes, qui rapportent qu'il y a dans le nOllveau
monde des nations c¡ui n'ont aUClme teinture de re–
ligion, doivent etre tenues pour [ulpeaes ,
&
meme
pour fauíres. En effet, les voyageurs touchent en
paírant une cote, ils y trouvent des peuples incon–
nus ; s'i1s leur voyent faire quelques cérémonies , ils
leur dOllnent une interprétation arbitraire ;
&
íi au
~ontraire
ils ne voyent aucune cérémonie , ils con–
cluent qu'ils n'ont point de religion. Mais comment
peut-on favoir les fentimens de gens dont on ne voit
pas la pratique,
&
dont on n'entend point la langue
?
Si l'on en croit les voyageurs , les peuples de la Flo–
l"ide ne reconnoiíl"oient point de Dieu,
&
vivoient
Ül11S
religion: cependant un auteur Anglois , qui a
vécu dix ans parmi eux, aírllre qu'il n'y a que la
religion révélée qui ait effacé la beauté de leurs prin–
cipes; que les Socrates
&
les Platons rougiroient de
fe
voir Úlrpaírer par des peuples d'ailleurs íi igno–
rans.
11
eíl: vrai qu'ils n'ont ni idoles , ni temples,
ni 3ucun culte extérieur: mais ils [ont vivement per–
{uadés d'une vie a venir, d'un bonheur nltur pour
récompenfer la vertu,
&
de fouffrances éternelles
pour punir le crime. Que favons-nous , ajoftte-t-il ,
ii
les Hottentots,
&
tels autres peuples qu'on nousre–
préfente comme
atl¡¿'es,font
tels c¡u 'ils nous paroiírent?
S'il n'eíl: pas certaill que ces derniers reconnoiírent un
Dieu , du moins eíl: - il ftlr par leur cOllduite qu'ils
reconnoiírent une équité,
&
qu'ils en {ont pénétrés.
La Difcription du Cap de bon/le
EJPeraTlce ,
par M.
Kolbe, prouve bien que les Hottentots les plus barba–
res n'agiírent pas{ans raifon,
&
qu'ils favent le droit
des gens & de la nature. Ainíi, pour juger s'il ya en
des nations fauvages, fans-aucune teinture de divini–
té & de religion, attendons
a
en etr.e mieuxinformés
que par les relations de quelqlles voyageurs.
La feconde fource d'athéifine, c'eíl: la débauche
&
la corruption des mowrs. On trouve des gens qtú,
a
force de vices & de déreglemens, ont prelqu'éteint
leurs lumieres naturelles,& corrompuleur
raifon.Aulieu de s'appliquera la recherche de la vérité d'une
maniere impartiale ,
&
de s'informer avec {oin des
regles ou des devoirs que la nature prefcrit , ils s'ac–
COlüllment a enfanter des objeilions contre la reli–
gion, a leur preter plus deforce qtl'elles n'en ont,
&
a
les [olttenir opiniatrément. lis ne font pas pel{uadés
<lu'il n'y a point de Dieu : mais ils vivent comme s'ils
l'étoient,
&
tachentd'effacer de leur efprit toutes les
notions qui tendent a leur prouver une divinité. L'e–
~ill:ence
d'unDieu les incommode dansla joiiiírance
deleurs plaifrrs criminels:c'eíl:pourqtlOi ilsvoudroient
crbire qn'il
n'y
a point de Dieu, & ils s'efforcent
d'y parvenir. En effet il pellt arriver quelquefois qu'ils
réuffiírent a s'étolrrdir & a endorrnir leur confcience :
mais elle {e réveille de tems en tems ;
&
ils
ne peu–
vent arracher encierement le traít qt,i les déchire.
. Il
'1
a divers degrés d'athéifllle pratique; & il
faut etre extremement circonfpea fur ce
{uj~t.
Tout
homme qui commet des crimes contraires a I'idée
d'unDieu
&
qui perfévere meme quelqt,e tems , ne
{auroit et:e déclaré auffi-tot
atMe
de pratiqtle. Da–
vid, par exemple , en joignant le meurtre
a
l'adulte–
re, fembla oublier D ieu: mais on ne fauroit pour
cela le ranger au nombre des
ath¿es
de pratique ; ce
caratl:ere ne convient qtl
'¡\
ceux qui vi
v~nt ~ans 1'h~binlde du crime, & dont toute la condillte ne paron
temlre qu'a nier l'e,,"¡(len(;e de
Dieu.
ATH
l..'athéiCme du cceur a conduir le p"líls fouyent
a
ce–
lui de l'efprit. A force de defu'er qu'une chofe foit
vraie, on vient enlin
a
fe perfuader qu'elle eíl: telle:
l'e{prit devient la dupe du cceur ; les vérités les
plus évidentes ont toíljours un coté obfcur & téné–
breux, par oill'on peut les attaquer.
Il
fllffit qtl'une
vérité nOlls incommode & qu'dle contrarie nos pa[–
íions: I'efprit agiírant alors de concert avec le cceur,
découvrira hientot des endroits foibles allxcluels il
s'attache; on s'accoutnme infeníiblement
a
regarder
comme faux ce qlli avant la dépravation du cceur
brilloit
a
l'efprit de la plus vive lumiere: il ne fam pas
moins que la viQlence des paffions pour étouffer une–
notion auffi évidente c
:p.lecelle de la divinité. Le mon–
de, la cour & lesarmees fourmillent de ces fortes d'
a–
eMes.
Quand ils auroicnt renverfé Dieu de
defii.lsCon
throne, ils ne [e donneroient pas plus de liccnce
&
de hardietle. Les uns nc cherchant qu'a fe diíl:inguer
par les exd:s de leurs débauches, y mettent le com–
ble en fe moquant de la religion ; ils veulent fau'e
parler d'eux , & leur vanité ne feroit pas fatisfaite
s'ils ne jouiíroient hautement & fans bornes de la ré–
putation d 'iQ'lpies: cette réputation dangereufe ell: le
hut de leurs louhaits, & ils feroient mécontens de
leurs expreffions íi elles n" toÍent extraordinairement
odieufes. Les railleries , les profanations ,
&
les blaf–
phemes de cette [orte d'impies, ne font point lme mar–
que qu'en effet ils croyent qu'il n'y a point de divi–
nité: ils ne parlent de la {orte, que pour faire dire
Cjll'ils enchériírent fUI" les déballchés ordinaires; leur
athéifllle n'ell: rien moins que raifonné, il n'eíl: pas
mellle la caufe de leurs débauehes ; il en ell: plllto! la
fruit & l'dfet, & pour ainíi dire , le plus hant degr¿;
Les autres, tels qne les grands qui font le plus [oup,
c;onnés d'athéifme, trop pareffellx pour décider en
lem efprit que Dieu n'eíl: pas, fe repofent mollement
dans le fein des délices.
1<.
Leur indolence , dit la
" Bruyere, va jufqll'a
le~
rendre fi:oids & indiffé–
»
rens fur cet artic!e íi capital, comllle fm la namre
" de Icur ame, &fur les'eoméquences d'une vraie re·
" ligion: ils ne nient ces chofes, ni ne les accordent;
" ils n'y penfent point '" Cette efpece d'athéiúne ell:
la plus commune , & elle eíl: allffi connlle parmi les
TUTes qtle parrni les Chrétiens. M. Ricaut, fecrétaire
de
M.
le comte de Winchel[ey, ambaifadeur d'An..
gleterre
a
Coníl:antinople , rapporte que les
atMes
ont formé une feae nombrellfe en TlIrquie, <¡lIi efl:
compofée pour la plupart de
Cadis,
&
de perfonnes–
favantes dans les livres Arabes ;
&
de Chrériens re–
négats, qui pour éviter les remords qu'iis fentent de
leur apoíl:aíie , s'efforcent de fe perfllader qu'il n'y
a.
rien a craindre ni a e!pérer apres la mort.
Il
ajoute
que cctte dofuine contagieu[e s'eíl: inlinllée jufque
dans le [érail,
&
qu'elle a infeaé l'appartement des
femmes
&
des eunuques ;
~u'elle
s'ett auffi introduite
chez les bachas;
&
qu'apres les avoir empoifonnés •
elle a répandu fon venin [ur toute leur COUT; que le
fultan Amurat favorifoit fort cette opinion dans fa
COUT
&
dans fon armée.
11
y a enlin des
atMes
de fpéculation & de raifon–
nemen!', qlli [e fondant fllT des principes de Philo[o–
phie, [olttiennent qtle les argumens
c~Jntre
l'exiíl:en.
ce & les attributs de Diell, leur paro,ffent plus forts
&
plus.concluans 911e cellx
qu
'on employe pour éta–
blir ces grandes verités. Ces (ortes
d'athées
s'appel.
lent des
atMes tJzeoriques.
Parmi les anciens on comp–
te Protagoras, Démocrite , Diag?ras , Théodore.
Nicanor. Hippon '. E
vh~mere,
Eplcure &
~es
[eaa–
tellrs Lucrece, Pline le ¡eune,
{,·c.
&
parmlles mo–
dern~
Averroes, Calderinus, Politien, Pompona–
ce, Pi:rre Bembus, Card<ln, Crefalpin, Tallrellus,
Crémonin, Bérigord, Viviani, Thomas Hobbe , Be–
nolt Spinofa, le marquis de Boulainvilliers,
&c.
Je
ne peme pas qtl'on doi·ve leur aírocier ces
homme~