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E DI T E U R S.
xv
abílraétion de notre e[prit, envifagé leurs propriétés générales
&
communes,
&
formé la
Métaphyfique
&
la Géométrie; ce n'eíl: qu'apres un long u[age des premiers fignes. que nous
avons perfeéhonné l'art de ces íignes au point d'en faire une Science; ce n'efl: enfin
~'apres
une longue [uite d'opérations [ur les objets de nos idées, que nous avons par la reflexion
donné efes regles
a
ces opérations meme.
Enfin le [yíteme de nos connoiifances efl: compo[é de
différen~s
branches , dont pluíieurs
ont un meme point de réunion;
&
cornme en partant de ce point il n'eíl: pas pofIible de
s'engager
a
la fois dans tomes les romes, c'efl: la narure des différens e[prits qui détermine
le choix. Auffi eíl:-il aifez rare qu'un meme e[prit en parcoure
a
la fois un grand nombre.
Dans I'érude de la Nature les hommes [e [ont d'abord appliqués tous, comme de concen ,
a
[atisfaire les be[oins les plus preifans; mais quand ils en [ont venus aux connoiírances
rnoins ab[olument néceíraires, ils ont du [e les partager,
&
Y avancer chacun de ron coté
a-peu-pres d'un pas é$al. Ainíi pluíieurs Sciences ont été, pour ainíi dire, comemporaines;
mais dans l'ordre hittorique des progres de l'e[prit, on ne peut les embraírer que [ucce[–
úvement.
Il n'en efl: pas de meme de l'ordre encycIopédique de nos cOIUloiírances. Ce dernier
conGfl:e
a
les raírembler dans le plus petit e[pace pofIible,
&
a
placer, pour ainíi dire, le
Philo[ophe au-deífus de ce vafl:e labyrinthe dans un point de vue fon élevé d'ou il puiíre ap–
percevoir
a
la fois les Sciences
&
les Arts principaux; voir d'un coup d'aúl les objets de [es
fpéculations,
&
les opérations qu'il peut faire [ur ces objets; dillinguer les branches géné–
rales des connoiírances humaines, les points qui les [éparent ou qui les uniírent;
&
entre–
voir meme quelquefois les routes [ecretes qui les rapprochem. C'eft une e[pece de Mappe–
monde qui doit monrrer les principaux pays, leur pofition
&
leur dépendance murueIle,
le chemin en ligne droÍte qu'il y a de l'un
a
l'autre; chemin [ouvent coupé par mille
obfl:acles, qui ne peuvent etre connus dans chaque pays qUflo des habitans ou des voyageurs',
&
qui ne [auroient etre montrés que dans des cartes particulieres fort détaillées. Ces cartes
particulieres [eront les différens articIes de notre Encyclopédie,
&
l'arbre ou [yfl:eme figuré
en [era la mappemonde.
Mais comme dans les cartes générales du globe que nous habitons, les objetS [ont plus
ou moins rapprochés,
&
préfentent un coup d'ceil différent [elon le point de vue ou l'reil
efl: .placé par le Géographe qui confl:ruit la carte, de meme la forme de l'arbre encydo–
pédique dépendra du point de vue ou l'on fe mettra pour envi[ager l'univers littéraire. On
peut donc imaginer autant de [yfl:emes différens de la connoiifance humaine, que de Mappe–
mondes de différentes projeaions;
&
chacun de ces [yfl:ernes pourra meme avoir,
a
l'
exclu–
hon des amres, quelque avantage particulier. Il n'efl: guere de Savarts qui ne placent volon–
tiers au centre de tomes les Sciences ceHe dont ils s'occupent,
a
peu-pres comme les
premiers hommes fe placroient au centre du monde, per[uadés que l'Univers étbit fait pour
eux. La prétention de pluíieurs de ces Savans, envi[agée d'un ceil philo[ophique , trouveroit
peut-etre, meme hors de I'amour propre, d'aírez bonnes raifons pour [e jufl:ifier.
Quoi qu'il en [oit, celui de tous les arbres encycIopédiques quí offriroit le plus
~rand
nombre de liaifons
&
de rapports entre les Sciences, mériteroit fans doute d'etre preféré.
Mais pem- on [e flatter de le [aiíir? La Nature , nous ne faurions trop le répéter, n'efl: com"
pofée que d'individus qui [om l'objet primitif de nos fenfations
&
de nos perceptions di–
reaes. Nous remarquons
a
la vérité dans ces individus, des propriétés communes par
le[queIles nous les comparons,
&
des propriétés diifemblables par le[queIles nous les di[cer–
nons;
&
ces propriétés défignées par des noms abíl:raÍts, nous om conduit
a
former diffé–
rentes cIaifes ou ces objeci ont été placés. Mais [ouvent tel ol'tjet qui par une ou plulieurs
de [es pro priétés a été placé dans une daíre, tient
a
une autre claíre par d'autres propriérés,
&
auroit pu tout aufIi- bien y avoir [a place. 11 refl:e donc néceírairemem de l'arbitraire
dans la divilion générale. L'arrangemem le plus narurel [eroit celui ou les objets [e [uc–
céderoient par les nuat'lces infenfibles qui [ervent tout
a
la fois
a
les féparer
&
a
les unir.
Mais le petit nombre d'etres qui nous [ont connus, ne nous permet pas de marquer ces
nuances. L'Univers n'efl: qu'un vail:e Océan, [ur la [urface duquel nous appercevons quel–
ques Hes plus ou moins grandes, dont la liaiCon avec le continent nous eít cachée.
On pourroit former l'arbre de nos connoifTances en les divifant, [oit en natUrelles
&
en
révélées, [oír en miles
&
agréables, [oit en {péculatives
&
pratiques, {oit en évidenres,
certaines, probables
&
[enfiEles, {oit en connoiifances des cho[es
&
connoiírances des íignes,
&
ainíi
a
l'1nfini. Nous avons choifi une diviíion qui nous a paru fatisfaire tout
a
la fois
le plus qu'il efl: poffible
a
l'ordre encydopédique de nos connoifTances
&
a
leur ordre
généalogique. Nous devons cette diviíion
a
un Auteur célebre dont nous parlerons dans
la fuite de cett'e Préface: nous avons pourtant cru y devoir faire quelques changemens,
clont nous rendrons compte; mais nous Commes trop convaincus de l'arbitraire qui régneró\