ADU
ADUL
TE,
f. m.
en Anatomie,
fe dit des corps
:;mimés, dont toutes les parties font parvenues
a
leur
dernier état de perfefuon.
On peut conftdérer tout ce qtú eft relarifaux corps
animés, eu dans un fujet
adulte,
ou dans un corps
qui ne cornmence qu'a fe former. Tout ce que nous
avons de connoi/fances fur le fretus, nous le devons
a
I'analogie, ou
a
la coml?araifon qtl
7
nous a:vons
faite des vifceres
&
des vai/feaux des ¡eunes fu¡ets ,
avec les parties de
I'aáulte.
(L)
ADULTE,
\Jurijprud.)
efi une perfonne arrivée
a
l'age de diecretion, ou
a
l'age d'adolefcence, &
qui
~ft
a/fezgrande
&
aifez agée pour avoirdes fentimens
&
du difcernement.
Voye{
AGE (/ PUBERTÉ.
Ce mot eft formé du participe du verbe latín
ado–
leJcere,
cr.oItre. C'eft corrune qtú diroit
crú. Voye{
:ADOLESCENCE.
(H)
11
Y
a bien de la différence entre les proportions
a'un enfant
&
celles d'un
adulte.
Un homme fait com–
me un fretus , feroit un monftre,
&
n'auroit preeque
pas figure humaine, comme l'a obfervé M. Dodart.
Jl'oy'{
Farrus
&
EMBRYON.
Les Anabaptiftes ne donnent le baptl!me qu'aux
o4ldultes. Vf'fe{
BAPTEME
&
ANABAPTISTE.
/.
ADULTÉRATION,
f.
f.
terme de DroÍt,
eft l'ac-
lion de dépraver & gater quelque chofe qtÚ eft pur ,
en y ml!lant d'autres chofes
qui
ne le font pas. Ce
mot vient du latín
adulterare
qtlÍ ftgnilie la ml!me
chofe. Ce n'eft pas un mot re<;\¡ dans le langage or–
runaire : on dit pllltot
alttfration.
Il y a deslois qtri défendent l'
adultération
du calfé,
an thé, du tabac, foit en bout, foit en poudre; du
vin, d la cire , de la poudre
a
poudrer les cheveux.
C'eft un crime capital dans tous les pays
d'adul–
térer
la monnoie courante. Les Anciens le puniífoient
avec une grande févérité : les Egyptiens faifoient
couper les deux mains anx coupables; le Droit ci–
vil les condamnoit
a
I!tre expofés aux bl!tes ; l'Em–
perem Tacite ordonna qu'ils feroient plmis de mort;
&
Conftantin, qu'ils feroient réputés criminels de
lefe-Majefié. Parmi nous,
I'aduldration
des monnoies
dl:
un cas pendable.
Voye{
MONNOIE , ESPECE.
(H)
ADULTÉRATION,
(Pharmacie)
efrl'aaion defaHi–
fier un médicament, en y ajolltant qt,elque chofe
'luí en diminue la vertu, on en le ml!lant avec quel–
qu'autre qtti, ayant la ml!me couleur, n'ell: pas auffi
chere. Les poudres font fujettes
a
adultération
par la
difficulré qtle l'on a
a
s'en appercevoir
a
I'inepeaion.
Il ell: d'une conféquence inlinie pour les malades
de ne point acheter les médicamens des coureurs de
pays, qtú les vendent adultérés. (
N)
AD U L T
Ii.
RE, eft I'ínlidélité d'une perfonne
rnariée, qtú au mépris de la foi conjugale qu'elle
ª
jurée, a un commerce charnel avee qtlelqu'autre
Cjue fon époufe ou fon époux; oule crime d'une per–
[onne libre avec une autre qui ell: mariée.
Voye{
FORNICATION, MARIAGE.
(H)
t
AD
U
LTERE,
(Morale.)
Je ne mettrai pas ici en
quell:ion ft
l'adultere
eft un crime,
&
s'il
défigure la
fociété. II n'y a perforll1e qui ne fente en fa confcien–
ce qlle ce n'ell: pas
la
une quell:ion
a
faire, s'il n'af–
feae de s'etourdir par des raifonnemens qui ne font
autres qtle les fubtilités de l'amour propre. Mais lme
autrl! quell:ion bien digne d'etre difcutee , & dont la
fOlution emporte auffi celle de la précédente, feroit
de favoir lequel des deux fait le plus de tort
a
la fo–
ciété,
011
de celui qui débauche la femme d'autrui,
ou de celui qtli voit une perfonne libre, & qui évite
~'aífí'trer
l'érat des enfans par un engagement régu–
ller.
~ous
jugeons avec raifon, & conformément au
fenum;nt d.e .tolltes les Nations, que l'
adultere
ell:,
apres 1homlclde, le plus puni/fable de tous les cri–
mes, paree qu'il ell: de tous les vol
s
le plus cruel,
ADU
&
un outrage capable d'occafionner les meurtres
&
les exces les plus déplorables.
L'autre efpece de conjonaion illégitime ne don–
ne pas lieu communément aux ml!mes éclats que l'a–
dultere.
Les maux qtt'elle fait
a
la fociété ne font
pas ft apparens : mais ils ne font ras moins réels.
&' quoique dans un moindre degre d'énorrnité, ils
font peut-I!tre beaucoup plus grands par leurs fuites.
L'adultere,
il ell: vrai, ell: l'union de deux creurs
corrompus
&
pleins d'injuftice, qtli devroient I!tre
un objet d'horreur l'un pour I'autre, par la raifon
qtle deux voleurs s'eftiment d'autant moins, qu'ils fe
connoiífent rnieux. L'
adultero
peut extremement nui–
re aux enfans qui en provic,nnent, paree
qu'il
ne faut
attendre pour eux, ni les elfets de la tendrelfe ma–
ternelle, de la part d'une femme qui ne voit en eux
que des fujets d'inquiéh,de, ou des reproches d'in–
fidélité; ni aucune vigilance fur leurs mreurs, de la
part d'une mere qui n'a plus de mreurs, & qui a
perdu le gOllt de I'innocence. Mais quoique ce foient–
la de grands défordres , tant qtle le mal eft fecret, la
fociété en foufITe peu en apparence : les enfans font
nourrÍs, & re<;oivent meme tme forte d'éducation
honnl!te. Il n'en ell: pas de meme de I'union paífage–
re des perfonnes qui font fans engagement.
Les plaifrrs que Dieu a voulu attacher
a
la
focié~
conjugale, tendent
a
faire croItre le genre humain ;
&
l'effet fuit l'inftitution de la Providence, quand
ces plaifu's font alfujettis
a
une regle: mais la ruine
de la fécondité
&
l'opprobre de la fociété font les
fuites infaillibles des liaifons irrégulieres.
D'abord elles font la mine de la fécondité : le.
femmes qtti ne connoi/fent point de devoirs , aiment
peu la qtlalité de mere, & s'y trouvent trop expo–
Ú~es;
ou fi elles le deviennent, elles ne redoutent
rien tant que le fruit de leur commerce. On ne voit
qtl'avec dépit ces malheureux enfans arriver
a
la
lumiere; il femble qu'ils n'y aient point de droit,
& I'on prévientleur nailfance par des remedes mem–
triers; ou on les hle apres qu'ils ont vu le jour , ou
l'on s'en délivre en les expofant. 11 fe forme de cet
amas d'enfans difperfés
a
l'aventure, une vile popu–
lace fans éducation, fans biens, fans profeffion. L'ex–
treme liberté dans laqt,elle ils ont toujours vécu , les
lai/fe néceífairs:ment fans principe , fans regle
&
fans retenue. Souvent le depit & la rage les faif¡{–
fent, & pour fe vanger de l'abandon
011
ils
Ce
voyent,
ils
fe portent aux exces les
plu~
funell:es ..
Le moindre des maux que pui/fent caufer ces
amoms illégitimes, c'eft de couvrir la terre de ei–
toyens infortunés, qtÚ périlfent fans pouvoir s'allier,
&
qtÚ
n'o~t ca~¡{é
que
~u ~al
a
cette fociété , on on
ne [es a vus qu avec mepns.
Rien n'ell: done plus contraire
a
I'accroi/fement
&
au repos de la fociété, que la doarine
&
le célibat
infame de ces faux Philofophes, qtt'on écoute dans
le monde,
&
qui
ne nous parlent que du bien de la
fociété , pendant qu'ils en ruinent en effet les véri–
tables fondemens. D'une autre part, rien de
ii
falu–
taire
a
un Etat, qtle la domine & le ze1e de rEglife,
puifqu'elle n'honore le célibat que dans l'inrention
de voir ceux qui I'embra/fent en devenir plus par–
faits, & plus utiles aux autres; qu'elle s'appliqtle
a.
inculquer alLX granus comme aux perits, la dignité
dtl mariage , pour les lixer tous dans une fainte
&
honorable fociété ; ptwqu'enfin c'eft elle qui travail–
le avec inquien,de
a
recouvrer,
a
nourrir, &
a
inf–
truire ces enfans, qtt'une Philofophie totlte beíl:iale
avoit abandonnés. (
X)
Les anciens Romains n'avoient point de loi [or–
melle contre
l'adultere;
l'accufation & la peine en
étoient arbitraires. L'Empereur Augufte fut le pre–
mier qui en lit une, qt,'il eut le malhem de VOll: exé–
c;uter dans
I~
perfonne de fes propres enfans: ce fut