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492

COM

La

comldie

efl: beaucoup plus propre que la

trag~dic

a

donner des fcenes infl:ruCl:ives. Les evenemens

tragiques font hors. du cours ordina_ire de la nature,,

au lieu qu'il fe prefente tous

Jes 3ours des cqs ou

l'heureux fucces depend du bon fens , de la prudence ,

de la moderation, de la connoilfance du inonde ; de

la droiture ou qe quelque

va tu

particul iere ,

&

oll

l'oppofe de

c~s

qualires produit le defordrc

~

l'em–

barras. II

n'y

a point d'homme qui, par fes liaifong

civiles

&

morales, ne puilfe

a

tout moment

fe

trou–

ver dans des conjonCl:ures ou fon precede envers Jes

l!Utres,

&

fa

fa\'.on <le perifer en general, aient uno

influence fenfible fur fon

fort. Si notrt: curps di: ch<1-

que jour expofe

a

divers accidcns , nocre ecac moral

pe

l'e!l pas moiris. Pouvons-nous un feu l moment nous

promecm: de n'avoir ni proces, ni infulces, ni difpu–

tes , de ne nous point faire d'ennemis , ou de n'emi–

pas la duppe d'aucrui

?

Tanroc pour noqs epargner

des embarras

&

des chagrins, la prudence exige quo

nous fachions plier, tantot que nous ayons unefer–

picre convenable ,

&

que nous fachions memc confro–

carrer des perfonnes que nous n'ofons ni ne voulons of–

fenf r. Tancoc ii s'agit da nous calmer nom-memes,

tancoc de calmer les autres ; ici c'efl:

a

nom

a

faire en–

tendre raifon

a

une perfonne prcoccupee'

Ht

c'efl:

a

nou~

a

ecouter Jes avis d'autrui ,

&

a

Jes pefrr avec impar–

tialite ; .un jour nous Commes appd!es

a

pacifier. Jes

_HUPrelles des aurres ;

le

lendemain

n~us

cjevons nou5

Jailfer reconcilier.

f/eniam dare

petereq"'e

vici/Jim ,

~'c{t

Iii

plus freq4ente occupation de la vio

fo~i;ile.

~1i

feroit l'hommc alfez depourvu de raifori, on

pourroir dire alfez brutal , pour ne pas ddi rer d'avoir

fous Jes yeux des modtles exacts

&

bien deffine , 9ui

".Jui indi9uent d'une maniere ·lumineufe ce qui lui con–

vienc de faire

&

d'eviter en mille ronconrres cl'ell de–

pendent

fa

rranquilli~e ,

fon honneur, fouvent tour le

bonhcur de fa vie ? Cc feroic vaincn1·nt qu'il voudroic

confuher Jes traices de morale; ces ouvrages,, quel–

que excel\ens qu'i ls foien c, s'6noncent d'une

mani

.;r~

trop genhale

1

l'applicatian de kur$ precepres , au c.is

.pariiculier qui

fr

prefonre , n'dl: ni ft1re ni

faci~e.

lJ

n'y

a quc le

chea~rn corniqu~

qui , po\lr

totlte~ le~

fccoes de la vie humaine , puif\e fqurn ir les

vrai~

mo–

-~:ltles

clt1

bon

&

du mauvais; d'un procede rdifonna,ble

~

d'µn procede fou ; d'a'llnir

le<

cas

y

font deccrmi–

n6.< par des circqnllances fi pr.:cifes , q "" -le fpcCl:atc;tlt

p'y

apprenq pas fim

lemenr ce qu'il doir fqire,

m~iJ>

e,ncore con1ment ii doit

le

faire; la

comfdie

ne fe b0rne

pas.~

un jugcment

lpeculmf, ellc joint

le

jug~me

c

p ranque, qui dt

le

frul utile dans la vie.

_ Perfonne ne

douc~ra

que ccs imporraos objecs door

.nous venons de p<1rler, ne

foient les vericabics fujec-s

donr la

comidif,

<levroit s'occupcr. C'cfl:

~

l'intclligc,nce

~

a\l genie du poere com•que

:.

lcs rraicer de ma01c:–

re qu'ils dev1ennenc cres-infhuetifs,

&

par confequent

.Jre~

intertlT.

n.~

pour tout homme qui aime a reflechir;

{11a1s comrn,e d'apres ceue notion la

com.Edie

ne feroit

que la philofophie prarique mife en aCliun , ii ell clair

que pollr y travailler avec iucce

, lcs tJlens du poen:

<loivem fare accompagnes des connoi!fances du

vrai

p hilofophc moral ; c'ell:

i~i

9u'on peuc dire avec f!orace;

• '. . :

Neque

~nim

co11cl1idere ver/um

1Jzxents ejje fqtu

.....

·

Le genie poerique denuc d'autres focours

feroic

d'une foible rdfource, fi

l'auceur ne fait pas 'embraf–

fer d'un coup d'reil l'enfemble de la vie civde s'il n'a

pas a(fez <1ppprofondi la nature: hum.iine , s'il

~econ:

noic pas tous les replis du ere r de l'hom ne , s'il n'a

pas k don <l'apprecier la

fag~lI'c

, la

v

·rcu ,

l'honne–

!ete , fous

q~el9u~

form_e qu'd les paroilfenr ;

&

s'il n'a

pas encore demele

lcs lources morales

&

pfycholoai–

ques d'ol\ decoulent le. craver< , les folies

&

les 16c.

tifcs des fiommes, il ne !era jamill.S un excellent poe-

~i;

comiq

ue!

·

CO M

Faut-il s'etonner

~pre<

cela que ce

tJlcpt

foit·

Ii

ra:

re ? II

n'y

a que les meilleures retes de la nation qui

puilfent excellcr <lans

cc

genre.

rous ne parlons

pa~:

ici du genie, car le genie feu l , fans unc grande ex.

periencc du monde , ne fauroir donner

tout

ce que le·

theatre comique exige

1

ii demande des <;onnoilfances

qu'an o'acquiert point dans la recraice d'un qbinet.

four les acquerir , il fauc avoi r vu les hommcs fous

leurs diverfos

relations mucuelles , avoir obfcrve lrnrs

aCl:ions

&

leurs mouvemcns en

"lie renconrres ,

&

avoir ere foi-1nen1e aeteur avcc eux : fans cecce rccon.

noilf3nce praciqqe , on auroic ecuE113 touce

la .vi;, les

regles du theatre, qu'on ne pourroit pas compofcr unQ

fcene vrairnenc bonne. Les

regle9 nc font utiks qu'a

~elui

qui a fa rrcivifion de maceriaux,

&

q11i

n'~(k

plus occupe qu'a leur donner une forme r' guliere.

A pres cc que nous avons die juf(lu'ici fur la natu .

ro de la

(omidie,

ii feroit tres-foprrflu de trairer au

long de fon ucilice. II en evident qu'e!le ne lo cede

Ct)

importance

a

aucun autre genre de pofjfie. Si la

coniir/io

1,1'ell: encore nulie part tout ce qu'ellr:

dev,roi~

ecre ,,pa

ne peut l'amibuer qu'a la neglig,.;ire de ceux 9ui ont

en leur main

le fort des b•aux am,

~

qur ne

fenti! nt pas alfez !'importance de cem: heureufe

in~en­

tion pour egayer

&

inOru1re les homrne<. On env1fage

le

thearrn comme un amufernenc: cr n ell: un ;

fa

cha–

fe eO hors do ,doure ;

m~i pui fq u<'tf~n~

rie(\ <limihll.U

sle l'arnufeiner.t qp'il prnc.urc,

ii

pp~moit

avoir pne

puilfante

influen~e

fur

\es maittrs, <jU'il

ferv irgit;

a

~tendre

l'r;rnpire de la raifoo ,

&

le§

r~ncimcns

qe l'ho.n:–

n~tete,

a reprimer les

fo.lie~ ,

a corriger les

vi~,

?e~

hommes , ne pas en

t~re(

un _p0rri

n.

u~i!c:;, i:·~

1m1ter cec ernpereur roroam , q:.11 m_eno1c a granc&

frais unc:

bell~

armee dans

les Gaules pour ne l'OC'•

cuper qu'a rarn.alfer des coqqili.ages .

r · , o.

~ant

a l'origine de

111

G.Pmidie

,

on n'a pas der_d.1·

tion bien fUres du liou

&

du rems de cecce 1nvenr1on.

Les"Ath 'niens fe l'attribuoient; rnais Arrltore a

a€jii

obferve qu'on n'avo1c

p~<

de<

rn~m~ires ~u(Jj

rerroios

fur l'originc: de

la

co111tdi~ ,

qu'on en avu1t

~

l'egard

de la crngedj.;_, II nous apprend qu'Epicharme

&

Phor•

mys .

TO\l!I

deux Sicili<'nS ' avoienc cte \es

premitrs .;~

inero_duire dans la

comedie

une atlion fu iv1e

&

d6cec•

.minee. C'eft

a

leur imica,tion que

C rar~

Arhenien , qui

n'a precede Ariil:ophanc que de qud ques anne 5,

COID·

pofa des pieces. .comiques d'unc forme regulicrc.

Juf.

qu'alors ce n'av•>it 61e apparemmcnc qu'un fimple di·

verciffemen t clc feces Bacchanal.:< , comme prd que rous

les peuples librcs c:n ant

tU

dan< rous ks rems.

JI

eft

vrailen1bJablc: que ces divercilfcmens dans lefquels on

fe permeuoit , •cornme on

le fai r encore aujourd'hui

en divers heux , d'auaquer par des bracards

&

des

injures cous

le< paffans ; ant donne. la pmniere idee

de la

comidie.

C'efl:

dU

m ins la plus ancicnne formr:

fous laquelle el

le

parut

a

A1henes ; Ari!lophane

re·

proche aux poeres comiqucs qui l'avoicnr precede,

&

meme

a

fos cancemporains dd

faire confifl:er kui'$

comtdieJ

en pure bouffonneries ,

&

en farces propres

a

faire rire !es enfans.

11

fe peut encore

qu~

la

comidi~

tire

fa

premiere origine des feces que

le

pcuple

f

i!oit

apres la recoltc de l.i moilfon'

&

des faryres pedon–

nelles qu'on

y

toleroir , pour lailfer un cours

libre

a

la gaicce groffiere des rpor[onneurs 9ui fouvent

n'c~

pargnoienc pas lcurs propre_s

maitre~.

.

La

fOtnidie

proprernenr dire euc lucceffivement tro1s

formes differences

a

Athe·ncs. J.,'anciennc

comEdie

s'y

introduifit vers la quarre-vingt-dcuxieme olympiade.

fforact ne no!ls nomme que rrois paeces qui fe foienc

dj!lingucs dan' cc genre, Eupolis , C:ratinus,

&

Ari•

ftophane. II ne nous re!le que des pieces de ce der•

nier ,

&

en petit nombre; mais elks fuffifeot pour

donner une idee de ce premier genre, L'aCl:ion y roule

fur des evenemens reels, arrives clans

le

terns rneme.

Jes perfoonages y fo'nt defignes par leur veritable nom,

&

ks mafquc:s imitoient meme leurs traits , aum exa.

Cl:ement que la

~hofe

pO\lvoit fe fore, On

y

jouoit

~