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49'0

C 0

M

.

des feenes ·<letachees pour en former une

eomidie.

I..:e

poi!te peche toujours contrc l'unice d'aCl:ion, des qu'il

fopp!)fe des evenemens qui ne font pas une fuite na–

turelle de la po!ition des chofes clans l'aC\:ion principa:

le, quoiquc ces evenemens repondent 'exaClement au

caraCtere de fes

perfonnag~s;

.car c'efh:carter le fpeCl:a.

teur de l'aetion qui feule doit l'occuper. Ain!i clans

l'Eu–

·nt1q11e

de Terence, la premiere fcene du troilieme aCl:e

a ce defaut ; die c!l rres-propre

bicq carat.l:erifer

Thrafon, mais elle ne tient point

a

l'a'Clion.

Le but des

comedies

de caraCl:ere pcut etre'

OU

!im–

plement d'amufer par

la

bifarrerie du caraCl:ere , ou

d'infpirer du mepris

&

de l'averflon pour les caraCtc–

res ha'ilTables , ou de montrer ceux qui fon t bons

&

nobles, fous un jour propre

a

les faire aimer.

II

ell:

done aife de voir que cecre premiere efpece de

comidie

'cft fufceptible d'uryc grande variete.

La feconde·efpece ell: la

comidie

des mreurs. Elle a

pour objet de mettre fous les yeux du fpeCl:ateur On

t ableau frappant

&

vrai des ufages du du genre de

vie particulier, que Jes hom111es d'un Certain etat

OU

condition ont generalemenc adopt'es. Ce fera, par exem–

ple; le tableau de la cour, celui des mreurs des gens

·opulens·, celui d'une nation entiere. Les ·

comedies

de

tomes Jes efpeces rc:prefentent

·a

la verite des mreurs;

mais cette ef13ece particuliere faic fon objet prin•ipal

de ttacer les m<?:urs d'un genre de vie determine. C'eft

'ainli que Gay , dans fon opera des

Beggars ,

<iu des

G11utx,

qui a eti cant de fucces en Angletem:, donne

le

tableau des mreurs de l'etat le plus vii clans la fo.

ciete, celui des mendians. I:.es fpeClacles faryriques des

Grecs etoient des

comldie.r

de ce genre: on y

rnpr~fen-

to.it

les mc:eurs des fatyres.

·

·

Cette efpect

'd~

comidie

admet une grimde variete de

caratleres ,

&

elle ell:

fufc~~tible

de beaucoup d'agre–

mens. Les mreurs des diverfes nations ,

&

des dilfe–

ren

s et

ats de la vie civile font un des plus agreables

&

cl.es

plus intereffans objets de nos

reflexions. II

y

a -des mceurs ridicules , ii

y

en a de detdtablcs; mais

ii y tn a aum d'i.ngenues

&

d'aimables:

ii .

y

c:n a

merne dont

la defcription enchante. On peut, fans

fair~

de grands efforts d'efprit ,

imaginer um: 'acbon

propre

a

bien peindre Its mceurs qu'on fe propofe de

reprefen~cr.

I I

n'eft pas befoin de detailler i<:i. l'avan–

tage quc de pareils tableaux peuvent produire , inde- .

pendamment du plaifir qu'ils donnent. Chacun . font,

pnur ·ne cicer· que ce feul exemple, de quelle utilite

ii feroit de reprefenter fur

la fccne

Jes mceurs

&

le

fore de certe claffc de perfonnes perdues, que H ogarth

a

.(i

bie:n deffi nees clans fes eftampes , connues fous le

nom de

Harlof's-Progrejf.

T erence ·avoit deja fenti cet

avantage ,

&

l'a adm1rablement bien cxprime dans ks

vers que nous croyons devoir rap.peller ici.

Id

vero

e.ft

,

quod ego

rnihi puto palmarium

M e rep

eriff

e,

quomo4o adolefw1t11lt1s

Meretricrms ingmia

&

mores poffet 110/arc :

Mature ut eam cognorit, perpettto oderit

!f<gtl!

dum Joris funt

,

nihil videtttr mundius,

Nee 111agis C011ipojit11111 quidquam' nee magis elegmu

fll~

cum amatore fuo cum c1E11a11t

,

ligttriunt.

Harum videre ingluviem , fardes

,

inopiam,

f12.!.iam

iahonejld! fold!

jint

domi , atque avidte cibi;

!fluo patio ex jur1 hejter1111, panem atrum verrent :

Nolfe omnia hrec , Caius eft adolefcentulis.

Eunuch.

at/..

Tl.

Jc.

4.

Mais pour retirer cet important avantage de la

c11-

midie,

ii faudroic fans douce que le poece

&

les atlrn rs

excellalfent egalement clans l'art de peindre; clans cette

fop polition , on croit pouvoir dire que de

tous les

fpectacles dramatiques , la

comidie

des mc:eurs feroit la

p l. s utile.

Une

tl'oi!iem~

efpece de

comidie

feroit celle qui s'at–

tacheroic

a

reprffenta une licuacion parciculiere

&

in.

terelTante. Celle d'un pere malheureux , d'un homn_ie

C 0 M

Ceduit·

a

}'indigeflce ,'

OU

auffi Ja ficuation plus parti.

Culiere

a

laquelle peut Conduire tolle

OU

tdle a tion

bonne ou mauvaife.

II ne femble pa's difficile d'inventer une aetion qui

donne lieu .au poere de mertre clans tout 'fon jour la

ficuatiori qu'il aura choi!ie. Des

comidres

clans cc aot)t

formeroient mi tableau vivant des b1ens

&

des

n~aux

de la vie humaine,

La ·moindre efprce de routes , c'e!l la

comidie

d'in–

trigue; l'atlion n'en eft erablie ni fur k

carat1r~c ,

ni

fur la licuation des perf\mnages; elle n'incerclli:: que

par la fingularite des

~vC:nemens

,

&

le merveilkux de

!'intrigue

&

des incidens, une fuite vari.:e d'avcntu.

res extraordinaires ; inattendues , fou venc romnnefque; ,

qui fe fuccedent coup fur coup ,

&

qui

font croicre

l'cmbarras, font tres-propres

ii

foutenir l'atrrntion .Ju

fpetlateur jufqu'au moment ou l'acbon fe cerm1ne pur

un denouement imprevu. Ce genre 'eft

le plu< tau.e

de tollS;

ii

exige plus d'imagination q mi de

jogcmc.tt

.

II ne faut meme qu'un degre d'imagination affez

m€

.

d iocre, pour crouver urn;. foule d'incii.Jens, qui en

fe

croifant reciproquement' mectent obtlaclt:

a

des def.

feins precs a

s~accomplir,

donnent lieu

a

des inJrigues

bizarres,

&

retardent ainli l'atlion pendant quelques

aCles. Les

comedies

de cene efpece ne font geanmoins

pas

a

rebuter ; elles

fervent

a

l'amufement'

&

a

la

d iverfite ; elles

font d'ailleurs propres

a

fournir de

tres-jolies fcenes

a

tiroir. .

c!=

petit nombre de remarques peut fuffire' pour

montrer quel vatle champ eft ouverc au poece comi–

que,

&

quels font les a-vantages

&

les plai!irs v_aries

qu'on pcm retirer de cctte feule branche d, s beaux arts.

Touces ces remarques ne roulenc encore quc fur le

fujet general de la

comidie.

En examinant la chofe de

plus pres , ii

fe

trouvera· peuc-etre que le pn x de la

comldie

depend moins du fujet, que de la manicre de

le traicer. De la mei,llcurc piece qui aa jamais ece·

mife fur la fcene, on pourroit aifemenc fa ire unc piece

cleceftable fans rien changer. ni au fujet' ni memc

a

l'ordonnance,

&

a

la ph'1parc des

!ituaiions. Tout

comme un traduCl:eur mal-adroit fcroit de I'

l/iade

une

mauffade epopee; ou comme un mau•ais pcintre

fi::–

roit d'un des meilleurs tableaux de Raphael , une co.

pie infupportable aux yeux des connoiffcurs.

II rffulte dela que !'invention , le pl n

&

l'ordon–

nance du fujet ne font encore que Id rnoindre parcie

de l'ouvrage; ce n'elt que la charpente d'une

com/die.

11 lui faut fans doute un corps ,

&

ce corp$ dorc avoir

une fornie agreable,

&

des membres bien proportion-'

l)es. M ais ii lui fa ut principalemerrt de la

vi~, u~e

ame qui penfe,

&

qui aic du fentiment. Or cette vie

fe

manifdl:e par le dialogue , par la maniere done les

perfonnages expriment ce qui le pa!Te en eux, par des

imprellions exaCl:ernent conformes

a

la nature des cir–

conftances. Un fpeCl:ateur intelligent frequente

le

fpe–

Cl:acle, bien moins pour y voir des evencmen

~ema~quables , ou des. fituations lingulicres qu'i l in'Mgrnero1t

lui -meme en cent manieres tout aum amufances, que

pour obferver l'effet q ue .ces evenemens ou ces !icua–

cions font fur des hommcs d'un certain genie , ou d'un

certain carafure.

II

fe plalt

a

remarquer

l'atticude,

les gell:es , la phy!ionomi.e , les difi:ours

& .

I~ cont~nance entiere d'une perfonne done l'ame don ecre agt·

· tee par tel le ou ·telle paIlion.

..

D e la nailfent les

princip~les

regles que

le

~ode

comiquc: doit fuiv re dans fon

travail. La

premier~.·

&

la plus importante, c'eft que ces

~erfonnages

fu1-

veot exaCl:ement la nature clans leurs d1fcours

&

.dans

leur' aCl:ions.

II faut que dans. tout

fpeCl:a~le

dra,rna–

tique , le fpetl:ateur puilfe oublter _que ce n.ttl qu

~ne

produCtion de' !'art qu'il a fous ks yeux; 11 ne f Jute

parfaitcrnent le plailir du fpetlacle qu'aut-ant qu

ti

n.e

voit ni le poece , ni l'aCl:eur. Auffi\ot qu'il ai;iper\: 01 t

quelque chofe qui n'rft pas clans l'ordrr: de

la natu–

re

ii fore de foo aareable illufion, ii fe recrouvt au

chJam: ;

le

fpeCl:acle

0

fait place

ii

la criti uc; coutcs