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TAC

vouloir toucher

&

prendre exallement

qu~lque cl¡of~

au bour du doigr. MJis ailleurs le meme

Malpi~rhi

oe

paroilfan r pas bien cercain de ce qu'il avoir

v~,

ré–

voque prefque en cloure cerre expérience.

11

cll pro–

bable cependanr que ces houppes s'élevenr, comry1e

il arrive dans le bout du reton , qui s'éreud par le

charouillernenr . Q uand on préfenre des fu creries

a

uo

enfant qui les aime,

6{.

qu'on luí fa ir rirer la langue

devam un miroir, on y voir tfe roures pares s'élever

de perirs rubercules . Le

lima~on

en le pro•nenanr fait

forrir fes cornes,

ii

Ja

poi nr~

áe!quclles fonr fes yeux ·,

qui

n'apper~oivenr

jamais de corps durs, fiws que le

c raiflrif animal n'enrre dans fa coquille .

f'!os

houppes

en peric forrenr comme les cornes du limac;on en

gra nd; ainfi, l'imprdlion que les corps fonr fur les

liouppes de la pea

u,

c!>nllirue le

t11El,

qui con(ille en

ce que l'exrrémiré du doigr éranr appliquée

~

l'objet

qu'on

veur

roucher, les houpes

préfc~renr

teur furfa.

ce

a

cer

obje~,

&

le frocrenr doucemenr.

·

J e dis d'abord qul! l'extrémité des doigrs doit erre

appliquée

a

l'objet qu'on VCUt tOUCher ; j'entens

ÍCÍ

les

doi!¡_tS de la mam plurór

que

du pié ; cependanr le

'aél

fe .reroir prefque aulli .bien .avec te pié qu'avec la

ma

m,

(j

tes dmgrs du p1é éro•enr plus

~exibles

1

plus

féparés, plus exercés,

&

s'ils n'éroienr pas encore

racornj~

par

1~

marcher,

le poiJs du corps

&

la

chauflure . J'a¡our'e, que

l~s

houppes préfentenr· leur

furfac~

a l'ob¡et . paree qu'en quelque fqrre. fem–

btables

ii

ces animaux qui dreflent

J 'oreill~

pour é–

courer , elles s'élevent comme pour jugl!r de l'objet

q u'eltes rouchenr . Je dis enfin que ces houppes fro t•

rent doucemenr leur furfacc conrre celle de l'objet,

paree que le

II!El

ell la

réfilhnce du corps qu'on

touchc . Si

c~ue

re!illan'ce ell •nédiocri!,

le

1o11cber

~n

<!ll clair

&

dillincl; ú el) e nous heurre vivemenr,

on fen r de la doul.eur fans i:oucher,

ii

proprement

parler: c'ell ain!i que lorfq4e te doigr ell excorié

1

nous ne ditlinguons point les qualités du corps, nqus

fo uffrous de Jeur arrouchemenr: or, fuivanr la na–

t ure de cet arrouchemenc,

il

fe communiqqe

a

ces

houppes

nerveufe~

un cerrain monvement done t•effer

pro, agé

jufqu'au fl'!forilllll comm11ne,

eY.cire l'idée ele

c hauJ, de froi cl,

Je

rietfe , J 'humide, de fec, de mql ,

de dur , de poli, de raboteux, de figuré, d'u11 corps

m

O

ou en repos, proche o

u

éloiuné·. L'idée de cha–

touillcmenr, de démangeaifqn,

&

te plai!ir naiflent

d'un ébranl ement teger ; la douleur d'qn tiraillement,

d'u n d<!chiremenr des hQuppes.

L'vbjer du

to11cher

ell done de tour cqr¡>s qui a af–

fez

de con!illance

&

de fotidité pour éhranlec la fur–

face

d~

IIOtre peau;

&

alors le feos qui en procede

nous Jé ouvre

l~s

qualiJ:és de ce corps, c'efl-3-dire

fa figure,

fa

dureré, fa mollelfe, fon mouvemenr, fa

dillanee , le chN d, le froid, te riede,

1$!

fec, l'hu–

miJe , le flnide,

1~

folide,

&c.

Ce (ens Jillingue avec facilité te mouve01enr des

corp~, p~rce q~e

ce nwuvemenr u'ell qu'un chan–

gemen¡ de furface,

&

c'ell par cene raifqn qu'il

s'apper<,;Qit du poli, du raboreúx,

&

aurres qegrés

d'iné¡:~lfté

des corps.

11

¡uge

~utli d~

leur dillanee; bonne

&

belle ob–

ferv¡¡cion de Delcarres! Ce philofophe parle d'un

aveugle,.

o~

de <¡uelqu' un mis dans un lieu forr obf–

cur ,

~u 1

d•fl•nguoJt les corps proches ou éloignés,

pourvu qu'il eQr les. mains

~rmées

de deux bacons en

croix, done les po1ptes répondilfent

a

u corps qu'on

lui préfen roir.

·

L'hommc ell né ce fembte, avec quelque

~rpece

.:te rrigonomécrie . On peur regarder le corps de cer

avedgle, comme la ba(e du rriang le , les

b~rons

com·

me (es có rés ,

&

fon efprit,

comm~

pouvant con–

c¡ure du grand angle du fommer,

i\

la

pro•imir~

du

corps;

&

de fon éloignemenr,par

la

peti¡e!le du

me–

m~

angle. Cela n'ell pas fu rprenanr aux yeux de ces

géomerres, qui maniant la fub lime géqmérrie avec

u ne extreme facilité,

favent mefurer les efforrs des

fauts, la force de l'allion des muretes.

les degrés

d~

la voix ,

&

tes

tafls

des inllrumens de mu!ique .

En/in te

(ens

du

toucbcr

difcerne parfaitemenr le

chaud, le froid

&

te ciede .

'ous appellons

ti(d(,Ce

q Qi n'a pas plus de chaleur que le corps humain,

réfervant le (\Om de

cba11d

~

de

froid,

a ce qui ell

plus OJl moins chaud que

IUJ .

Q,uoique rouc le corps humain fen te la chateur ,

ce tenrimenr fe fai t mieux par-tour ou il y a plus

de houppes

&

de nerfs , comme

a

la poinre de la

langue

&

des doigcs.

La fenfation du chaud ou de la chaleur ell une

Tvmt

XV.

TAC

force d'éilranlement léger des parries nerveufes,

&

uu épaoouiflement de nos fotides

&

de nos

f!uiJes

produit par l'aélion modérée d'une médiocre quanciré

ele la matiere, qui compo(e le feu ou le prínci pe de

Ja cbaleur , foit naturelte , foil artJficietle . Quand

cetre maciere ell en plus grande quanrité, ou plus

agitée; alors au lieu d'epa nnuir nos fo lides

&

nos

ti–

queurs , el le (es brife, ll's diflour,

&

cecee allion

vio–

lente fai t la brulure .

La fen fa tion

el

u froid au conrraire, ell une efpece

de reflerremenr dans les mamel ons nerveux,

&

en

général dans rous nos folides,

&

une conden(ation

ou défaut de mouvemeor dans

nos

fluid es, caufé ou

par l'attquchemenr d'un corps froid, ou par quel–

qu'aurre aacident qui fuppri me )e mouvement de no–

rre propre feu narurcl. Oo

con~oir

que nos fluides

érant fixés ou ralenris par quelqu'u ne de ces deux

caufes, tes m!mclons nerveux goivenr fe reflerer ;

& .

c•en ce rell erremenr , qui ell te príncipe de tous les

effers du froid fur le corps hun¡ain ,

Le fens du

toucbu

nous donne aufli les feufations

différenres du lluide

&

du [olide. Un flu ide diff'ere

d'un folide, paree qu' il n'a aucune partie aflez grofle

pour que nous puilfions la fa i!ir

&

la roucher, par

différens có tés

a

la foi¡ ; c'e!l ce qui fait que les fluí–

des loor liquides; les parricules qui les compo(cnr ne

peuvent

~ere

couchées par les parricules voil¡nes, que

dans un poinr, ou dans un ú pecit nomhre de points,

qu'aucune parrie ne peur avoir d'adhérence avec une

autre parrie . Les cqrps fotides réduirs en pqudre,

ll)ais impalpable, ne perdent pas ablolument leur

fotidité, paree que

tes parties fe wuchanr de plu–

!ieurs

cótés, c

onfervent de l'adl¡érence enrr' elles.

Aufli

peuc.on

en faire des perites mall es,

&

les fer–

rer pour en palper une plus grande qu'anrité a-l a-fois.

Or

p~r

le

taél

on difcer

0

e parfaircmenr les efpeces

qu'oq peuc réunir, ferrer, ma

0

ier J 'avec les au rres ;

ainú le

tafl

dillinguc par ce moyen les fotides des

ftuides, la gtace de l'eau .

M ais ce n'efl pas rour-d'un-coup qu'on parvient

a

ce difce rnement . Le fens du

taucber

ne fe développe

qu'infen!iblement\

&

par des habitudes réitérées.

Nous

~pprenons

a

toucber,

comme nou¡ apprenoqs

a

voir, a encendre, a goucer . D'abord nous cher–

chons

a

couch~r

tour ce que nous voyons ; nous

vou~

lons roucher

ie

folei l; nous érendons nos bras pour

embrafler l'horifon; nous ne crouvoos que te vuide

des airs. Peu-a-peu nos yeux guidenr nos mains;

&

apres une in fi nité d'épreuves, nous acquérons la COfl–

noilfance des qualirés des corps

1

c'etl-a-d•re , la con–

noilfance de leur figure, de leur qureré, de leur mol–

lefl e ,

&c.

Enfin le feos du

to11cber

peut fa ire quelquefois ,

pour ain!i dire, la fonétion des yeux, en jugean r des

di llanees,

&

réparant

a

cer égard en quelque

fa~on

chez

d~s

av eugles, la pcrre de leur vue . Mais

il

ne

fa ut pas

s'

irpaginer que

1'

are du

to11c/Jer

s' écendó'

jufqu'au dit'c:ernement des cuuleurs , comme o

u

le

ropporre dans la république des lemes ·(Juin

r6Sí )

d'un cercain organille hulla dois ;

&

comme Barrho–

lin daos les

nfln

111edica

Hn(nim(ia , am1o

I67í,

le

raconre d'un autre arrifan

aveu~le ,

qui, dit·il, di f–

cernoir roures les couleurs au teul

tafl.

On l1t en–

care dans Atdrovandi, qu' un nommé

Ga>libojitu,

nacif de Volrerre

&

bon fcu lpteur, éranr devenq

aveugle :\ I'Age de

20

ans ,

s'avi(a,

apres un repos

de ro années, d'ell'ayel' ce qu'il pourroir produire

daos fon are,

&

qu'il fir

a

Rome une llarue de pla–

tre qui reflembloic parfairemenr

a

Urbain

VIII.

Mai~

il n' ell pas poflibte a un aveugle, quetque vive

que foi r fon

imagination, quelque délicar qu'il ait

le

tafl.

quelque foin qu•¡t fe donne

a

fentir avec fes

doigrs les inégalités d'un vifage , de fe former une

idée julle de la figure de l'ol:ijer,

&

d'exécurer en"

fu ire la rell'emb :a nce de !'original.

Apres avoir établi que! ell l'oraane du

toucber,

la cexrure de cer orga ne, fqn mé'chanifme, l'objet

de ce feos,

(on

éten~due,

&

fes bornes,

il

nous

fer~

fa cite d'expliquer les fai rs fu ivans.

1

°.

P-ourquoi l'alliqn du

touclur

ell douloureufe,

quond

t'épiderme ell ratill'ée, macérée ou brQtée:

c'ell ce qu'qn éprouve apres la chute des ongleS',

apres celle de l'épiderme

caut~e

par des fievres ar–

denres, par la bríll ure,

&

dJns le gerfe des levres ,

done ell enlevé l'épithélion , fuivanr f'exprellíon de

R uyfch . T out cela doit arriver, paree qu'alors les

nerfs érant rrop

a

découverr,

&

par conféquem rrop

fen!ibles, le

taél

fe fait avec rrop do; force .

Cl

,Pa,

T

tct

ro1~