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S PI

mal

&

rau1Tement,

a

moins qu'ils n'entendent,

Dim

modifié m

All~mand,

a trté Diert modifié m dix milit

'] 11

rcs;

& ainli routes les phrafes par lefquelles on

exprime ce que font les hommes les uns contre les

nutres, n'ont point d'autre fens véritablc que celui–

ci,

Dieuft bait lt<i-mime, it

ft

demand~

des g racu

A

tui méme,

&

fl

tu rifi!fe,

il

fl

P•rflcrete, il

ft

tu~,

il

Ji

m1nge, ilje

calomni~.

it s'envoie

for

l'icbafaut.

Cela feroit moins inconcevable, li

Spimifñ

.s'étoit re–

préfencé Dieu commc un a!femblage de plufieurs par–

ties diflinéles ; mais il l'a réduic

a

la plus parfaite lim–

plicité'

¡¡

l' unité de fubflance'

a

l'indivillbiliré .

[J

debite dona les plus inqmes

&

les plus furieufes ex–

rravagances ,

&

inliniment plus ridicules que celles

d es poetes couchanc

~~~ d~eux

du paganifme.

1

s

0 •

En~or<:

de_ux ob¡eélwns. ll _y a eu des J?hilo–

fophes aflez 1mp1es pour nter qu'JI y eilt un l)ieu ,

rnais ils n'onr point poullé leur extravagance jufqu'a

di

re, que s'il exifloit, il ne feroir · point une 'nature

parfaitemenc heureule . Les plus grands Saeptiques

de l'antiquit!! ont dit que tous les hommes ont une

idée de Uicu, felon !aquella il efl une natu•e vivan–

re, heureufe, incorruptible, parfaitc daos la félicité,

&

nullement fuCoeptible de

m~ux .

C'étoit fa ns doute

une extra vagance qui cenoit de la folie, qua dt! ne

pas réunir daos fa nature divine Jlimmortalit<l

&

le

bonheu r . Plucarque réfute eres-bien cette abfurdité

des Sroi'qucs: mais quelque folle que file cette

r~ve­

J'ic des Stoi'ciens, elle n'oroit point aux dieux leur

b ouheur pendant la vie . Les Spinofifles font

p~ut­

etre les feu ls qui aianc réduir la divinicá

~

la mifere '

Or, qllelle mifere? Quelquefois li grande, qu'il fe

jcne daos le defefpoir, & qu'i 1 s'anéanriroic s'il le

pouvoit; il y dehe,

il

s'llte tour ae qu'il peuc

s'ót~r

¡

ti

fe pend, il fe précipite ne pouvant plus fupporter

la triflefle afrreuf11 qui le dévorc. Ce ne font poinr

ici

des déclamations, c'efl un langage exaé\

&

phi–

lofophique; car li l'homme n'efl qu'une modificacion,

il ne faic

ricn: ce feroit une phrafe impertinente,

boufonne,

burlefqu~

que de dire,

l• joie

e/1

gnie, /4

trifleffi

tjf

trifle.

C'efl une lemblable phrdfe dans le

fyflerne de

·~einofo

que d'affirmer,

f

homme 'mfe,

l 'homme l11jj1rge,

1

bomm1

(e

pcnd,

&c. Toutes ces

f.

r.opolitions doivent erre dices de la fubflance done

homme n'efl que le mod!! . Comment a r-on pu s'ima–

giuer qu'une nature indépendante qui exifle par eqe–

rneme

&

qui po!fede des perfeélions infinies, foir fu–

jetre

a

tous les malheurs du genre humain? Si quel–

qu'aurre narure la contraignoit

a

fe donner du cha–

grín,

a

fentir de la douleur, on ne trouveroit pas

f1

ctrange qu'elie employat fon aélivir-é

a

fe rendre mal–

heureufe ;

011

diroi·· '

il

f~ut

bien qu'elle obéi!fe

a

une

force majeure: c'ell apparemmeat pour éviter u

11

plus grand mal, qu'elle

(e

donne la grave! le, ia co–

ligue, la

li~vre ch~ude ,

la ra<>e. Mais el re efl fe ule

dans

l'unt~<ers,

rien

n~

l11i

co~1mat•de ,

ríen ne l'ex–

horcc, rien ne la prie .

1

:•ef! fa pmpre nacure, dit

Spimlj4,

qui la porte

a

fe donner elle-m<!me eri oer–

taines CJrconflances un gra nd chagrín ,

&

une dou,

Jeur tres-vive . Mais, fui

répondrai-je, ne, trouvez–

vous pas quelque chofe de mo11flrueux

&

d'inconce–

vable daos une telle fatalité

l

Les raifoqs eres-forres qui combattent 13 doélrine

"lue nos ames fonc une porrion de Dieu, onc encare

plus de folidité COil[(e

Spinofa .

On objeéle

a

Pyrha–

goras dans un ou vraa-e de C tcéron, qu'il réfulte de

cette doélrine trois f:;u!fecés évidemes;

1°.

que la na–

rore

divin~

feroir déchirée en pieces;

1.9.

qu'elle fe–

roit malheoreufé aurant de fois que les hommes; 3"'·

que l'efprit

hum~in

n'ignoreroit aucun" ehofe,

puif~

qu'il feroit Dieu .

6".

Je voudrois fa voir

a

qoi il en veut, quand

il

rej~tte

cenai nes doélrines,

&

qu'il en propofe d'au–

trcs. Veut-il apprendre des vérités? Veut-il réfurer.

des erreurs? Mais efl-il en droir de dire qu'il y a des

erreurs? Les penfées

des

philofophes ordinaires, eel–

les des Ju ifs , celles des chréciens ne fonl'-elles pas

des modes de

l'~tre

inlini, aulli-bien que

ce

!les de fon

'thique

¡

Ne font elles pas des céalités auffi

néce!fai~

res

a

la perfeélion de l'univers que cauces les fpécu–

Jacions

¡

N'émanent-dles pas de la caufe nécefl aire?

Comm~nr

done ofe-t-il précendre. qu'il y a la

que!~

que chofe

a

reélilien En fecond lieo, ne prétend-il

pas que la narure dont elles font les modalirés, a,gir,

nécellairemenc, qu'elle va coujours fon grand chemm ;

qu'elle ne peur ni fe décaurner, ni s'arnher, ni qul

étanc unique dans l'univers, aucune caufe extérieure

¡¡e l'arretera

jam~is,

ni le redre!lera? ll n'y a

don~

"(om~

xr.

S P I

39) .

rien de plus inurile que les le'ions de ce philofophe

~

C'efl bien

a

fui qui n'efl qu'une moditicdtion de fub-

1lance

a

prefcrire

a

l'Etre infini, ce qu'il fauc faire .

Cet erre l'emendra-t-il ? Et s'il l'entendoic, pourroit-il

en profiter ?

l

'agic-il pas coujours fe lon cauce l'éten–

due de fes forces, fans lavoir ni oi) il va, ni ce qu'il

fait? Un homme, comme

Spinofa,

le tiendroir en re–

pCJJ, s'il raifonnoit bien . S

JI

efl poffibl e qu•un

tel

dogme s'ét,tbli!fe, diroit-il,

la

nécellité de la nature

l'écablira fans muo ouvrage; s'il n'efl pas pollible, tous

mes écrics n'y feront ríen .

Le fyfleme de

Spi!Jo(a

choque li vifibl emem la rai–

fon, que fes plus grands admiraceurs reconnoi!fenc

que s'il· avoit enfeigné les dogmcs done on l'accufe

il féroit digne d'exécracion; mais !ls préte 0 ciem qu•o,;

ne l'a pas entendu. 4eurs ap logtes , Iom de le dif–

culper , fonr voir alairemel)t que les adverlalres de

Spinofo

l'ont rellement conf,m tlu

&

abyfmé, qu'il ne

leur refle d'autre muyen de leur répl iquer que cel ut

done les Janfénifles fe font fervis conrre les

Jéfui~es,

qui <tll de dire que fo n lentiment n'efl p1s te! qu'oiJ

le fuppofe:

voW\

a

quoi fe réduifent fes apologilles .

J\fin done qu'on voie que perlonne ne fau roit difpu–

ter

a

fes adverfaires l'honneur du triomphe' il fuffie

de confidérer qu'il a enfeigné cff eélivement ce qu'o11

lui impute,

&

qu'il s'ell: concrec.lit grollieremenc

&

n'a

fu ce qu'il vnuloi t. On luí faic un arime d'avoir dit

que caus les erres parciculiers foot des modilicarions

de D!eu . ll efl manifefle qt]e c'ofl fa doélrine, puit:..

que_fa propofition

I-+<

efl cclle-ci,

pr<Cter D•tmJ nrel/a

rfa,-,

neqlf~

concipi pote(l Ji•bflautin,

&

qu 'il afsílre

daos la

1

se,

quidq11id efl, in Deo e(l,

&

nihil fine De(}

t¡equ~ ~/fe

tJeque co1rcipi potejf.

Ce qu'il prouve par'

la radon que tour efl mode o u fubflance,

&

que les:

modes ne peuvem exifler ni

~tre

con<3us fans la fub–

flance. Quand done un apologifle de

Spinofa

parle

de cecee maniere ,

s'il

étoit vrai que

Spinifrt

eOt en–

feigné que rous les

~tres

particuliers lont des modes

de la fubflance di

vine,

la viéloire de fes adverfaires

feroit aomplette,

&

je ne voudrois pas la leur con–

tefler, jé ne leur contell:<! que le fait, je ne erais pas

q_ue la doélrine qu'ils onr réfutée foit daus fon livrc .

t.¿~and ,

dis-je, un apologiQe parle efe la !orce, que

lú1 mdnque-t-il ? qu'un aveu forme! de la défaice de

fou héros; car cvidemrnent le dogme en queflion efl:

daos la morale de

Spinofo .

11

ne faur pas oublier que cer impie n'a point mé–

c~nnu

.les dépendances inévirables de ron fyfleme,

ca~

11 s_'ell moqué de l'apparition des elprirs,

&

il

n'y a

powc de philofophie qui air moins droit de la nier:–

il

doit reconnoitre que rout penfe dans la narure,

&:

9ue l'homme n'efl poinc la plus éclairée

&

la plus

)Jltelligenre modificacion de l'univers: il doic done ad–

mecrre des démons. Qudnd on fuppofc qu'un efprit

fouverainement

parf~i t

a tiré les créacures du fein d11

nédnt, fans y

~tre

déterminé par

¡;,

n~ture,

mais pac

un

~hoix

libre de ron bon plailir, on peut nier qu'il

Y aJt des anges.. Si vous demandez pourquoi un tel

créateur. n'a poiuc produit d'autres efprits que !'ame

de l'homme, on vous répoudra, tel a été ton bon plai–

lir,Jfat pra rntione 'fiolrmtas :

vous ne pourrez oppo–

fer rien de rdifounablc

a

cette réponfc, ñ-moins qua

vous ne _prouviez I<J fa ir,

c'efl.~-dire

qu'il y a des an–

ges. _Mats quand on fupp.ofe 'lue le Créateur n'a poinc

ag1 llbrement,

&

qu'il a épuifé fans choix ni regle

route l'étendue de fa pui!fa 0 ce,

&

que d'ailleurs la

penfée efll'un de fes attributs, on efl ridicule li l'o11

loutienr qu'il n'y a pas des démons . On doit croire

que la penfée du Créateur s'efl modifiée non-feulemenc

daos le corps des hommes , mais aulli par tour l'uni–

vers,

&

qu'outre les

~nimaux

que nons connoiflons, if

y en a une infinité que nous ne connoi flons pas,

&

qui

nous furpaflent en lumieres

&

en matice, aucanc que

nous fur_paílons,

a

cec égard, les chiens & les bceufs.

Car ce feroit la chofe du monde la moins raifonnable

que d'aller s'imaginer que l'efpri t de l'homme efl la

modificarían la plus parfaite qu'un Erre infini, agi!fanc

feion cauto l'étendue de fes forces, a pu produire. Nous

ne concevons nulle liaifon naturelle emre l'emende–

ment

&

le cerveau' c'efl pourquoi nous devom croire

qu'une créarure fans cerveau efl aulli capable de pen–

fer, qu'une créature organifée comme nous le fommes.

Q u'ell-ce done qui a pu porrer

Spinofo

a

nier ce que

l'on dit des efpritst Pourquoi a-t-il cru qu'il n'y a rtcn

daos le monde qui foit capable d'excicer dans nocre ma–

chine la vue d'un fpeélre, de faire du bruit

dan~

une

chambre,

&

de caufer rous les phénomenes magtques

done !es liyres foot mencion ? Efl-ce qu'il a cru que.•

Ddd

~

l'0\!4'