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S P I
que tour cela: l'idée de h
m~riere
demeure roojours
c elle d'un erre compofé, celle d' un amas de plofieurs
fubllances. Voicí de quoi bien prouver cela.
.
Les modalírés fonc des erres qui ne peuvenr ex•f- ,
t er fans la fubflJnce qu'elles modifienr, il faut done
q ue la fubflance fe rrouve par-tour ou il y a des mo–
cülités' il faÚr meme qu'elle fe multiplie
a
propor–
tion que les modilicarions incompatibles entre elles
fe mulriplienc. ll efl évidenr, nul fpinofifle ne )e peur
n ier , que la
fi~ure
quarrée,
&
la figure c•rcula•.re,
fon r incompatil>les daos le
m~mc
morceau de c¡r;,;
il faur done néceffairemenc que la fubflaoce modlfiée
p ar la figure quarrée ne foir pas la
m~me
fubflance
que celle qoi ell modiliée par la figura ronde : au–
tremenc la figure quarrée
&
la lig:ure ronde fe
tr.ou–
veroienr en méme rems daos un ieul
&
m~me
fu¡et:or cela efl impolfible.
2°.
S'il efl abfurde de faire Dieu éréndu, paree
que c'ell tui Orer la fimplicité ,
&
le compofer d'un
nombre inlini de parries, que dirons- nous, qua m!
nous fongerons que c'cfl le reduire a la condi1ion•de
la nacure la pl us
vil
e, en le faifanr marériel, lama–
tiere éranr le théarre de roures les corruprions
&
de
rous les changemens ? Les fpinqíifles
fopci~nnenr
popr–
tant qu'elle ne fouffre nulle divifion, mais
ils fou–
t iennenc cela par la plus frivole,
&
par la plus froi–
de chicanerie yui puiffe fe voir. Afin que la matie–
re
fUe
divllee ,
difenc- ils, il F.1udroit que 1' une de
fes porrions m r féparée des autres par des efpaces
vu ides: ce qui n'arrive jamais ; mús e' efl tres-mal
délinir la divifion. Nous fommes auifi réellement fe–
parés ele nos arnis, lorfque l'intervalle qui nous
(é–
pdre efl occupé par d'autres hommes rangés de lile,
que s'il éwit plein de terre . On renverfe í:lonc
&
les
--idées
&
le langage , quand on nous fo urienr que la
mariere redui re en cendres
&
en fumée, ne fouffre
poinr de (épararion?
· 3°. Nous allous voir des abfurdités encore plus
monflrueufes, en confidéranr le dieu de
Spi11ofo,
comme le fujet de toures les modificarions de la pen–
fée: c'efl déja une grande ditli.culré que de concilier
l'érendue & la penfée dans une feul e fubflance; & il
ne s'agit poinc ici d'un alliage comme celui des mé–
raux, ou comme celuí de l'ea u
&
du vin · cela ue
demande que la
juxta-pofition:
mais
l'alliage de la
1
penfée
&
<ie l'érendue doir erre une
identitf.
Je fuis
fUr que ti
Spino{a
avo1t rrouvé un re! embarras daos
u ne au rre feéle, il l'auroir jugée indigne de fon at–
tencion ; mais il ne s'en efl pas fait une affaire dans fa
propre ca ufe : ranr
il
efl vrai que ceux qui' cenfurent
1~
plus dédaigneufemenr les peufées des amres, (ont
forr indulgens envers eux-m<!mcs . ll fe moquoit fans
doure du myflere de la Triniré,
&
il
admiroit
e¡
u' une
inlinicé Je geus ofaffe•¡t psrl"r d'une narure formée
de rrois hypollafes . luí ' qui
a
proprernenr p2rler'
donne
a
la narure divine aurant de perfonnes qu'il
y
a de gens fur l:1 rerre;
il
regardoir comme J es fous
ceux q ui
~dmerran r
la cranfubflanriarion, difenr qu'un
homme peur érre rouc-a-la-fois en l)lufieurs lieux ,
vi–
vre
a
P~ ris ,
erre more
a
Rome,
&c.
tui qui fou cient
que la lubflance écendue , unic¡ue,
&.
indivifible, cfl
cour-a-la-fois par-rour, ici froide, ailleurs chaude,
ici rrifle, ailleurs gaie,
&c.
S'il
y
a c¡uelque chofe de cerrain
&
d'inconreflable
dans
les
connoiffan.:es humaines , .c'efl cene propofi–
rion-ci :
on
tle
peut u.flirmer v hitRhlemeJJt d'tm mitn(
jil–
jet,
PtiX
mimes égards,
&
m méme tems, dmx termu
qui,fo.tJt opf!ofh; par ex emp_le, o11 _ne p
elltpas dire.fatJs
melitir, P:en·e /(
porte
bw¡, Prerre
e.flfort
malade .
Les fp inoGfles ru inene cetre idée,
&
lajuflilient de
telle Jorre, qu'on ne fait plus ou ils.pourronr prendre
le caraélere de la vémé: car fi de "telles prop0firions
tlroient fauffes,
il
n'y en a point qu'on p'ílt g'Jranrir
pour vraies . Montrons que cet axiome efl tres-faux
daos leur f}!fleme,
&.
pofons d'abord pour maxime
inconreflable que tous les titres que l'on dunne
a
ce
fujer ; pour fig nifiet, bu tout ce qu'il Fdit, oll rout ce
qu'i l fo uffre, conviellnent propremenr
&
phyGque–
ment
a
la fubflance,
&
non pas a fes accidens . Quand
nbus difons le fer efl dur, le fer efl: pefanr, il s'en-
- (once daos l'eau; •nous ue prérendons point dire que
fa
duren~
efl dure., que fa peíanreur efl pefante,
&c.
ce langage feroi t rnh-impctcinenr; •nous
voulons
di–
re que. la fubflance
~tendue
'C)Ui
le compofe, réfifle,
qu\elle pe(e, qu'elle defcend fous l'eau. De méme
glland nous dilons qu'un homme nie , arlirmo, fe
fil–
che, careffe, lobe,
&c.
notls faifons comber. tous ces
~rtributs
fur la , fubflaóce merne de fon ame,
&
non
'
(
S PI
pas íur fes penfées , encane qu'elles font des
acci–
dens o u des modificacions . S'il étoit done vrai, com–
me le prétend
Spinofo ,
que les hommes fufl ent des
modalités de D ieu, on parleroit fauffement quand
on cliroir, P ierre nie ceci, il veut ceci, il veur cela •
il aflirme une telle chofe: car réellement , felon ce
fyfleme, c'efl Dieu qui nie, qu¡ veut, gui aflirme,
&
par conféc¡uent touces les dénominations qui réfi•l–
tent de touces les penfées des hommcs, tombent prn–
prement
&
phyfiquemen r fur la fubflance de D icu:
d'oii il s'en[uit que D ieu hait
&
aime, nie
&
atli.rme
les memes chofes' en meme tems'
fe ton toures
les condi tions requi[es, pour faire que la regle que
nous
avons
rapporrée rouchant les
termes oppofés ,
íoit faufl e: car on ne tauroir nier que feton toures
ces
condirions prifes en toure rigueur, cerrains hommes
n'aimenr
&
n'aflirment , ce que d'aurres hommes haiT–
fenr
&
nienr. Palfons plus avaQt: les termes conrra–
dilloires vouloir,
&
ne vouloir
~as ,
conviennent,
[elon
toures ces condirions, en meme tems,
a
diffé–
rens hommes;
il
faut done que dans le fyfleme de
Spiuofo ,
ils conviennenr
a
cecee fubflance unique
&
ind1vilible qu'on nomme D ieu . C'efl done Oieu qui
forme en
m~me
tems l'alle de vouloir,
&
qui ne le
forme pas
a
l'égard d'un m@me objet . On vérilie
done de luí deux termes contradiéloires , ce qui cfl:
le renveríemenr des premiers príncipes de la méra–
phyfique : un cercle -quarré n'efl pas plus une con–
rradiélion, qu'une fubflan ce qui aime
&
hair en
me–
me cems le m@me· objet : voila ce que c'efl que 1:1.
fa ufle délicareffe. Nocre humme ne p<>uvoit fouffrir
te, moindres obícurirés , ni du périparérifme, ni du
juda'iline, ni du chrillianifme,
&
il embrafloit de
couc fon cceur une hypothefe qui allie enfemble deux
termes aufli oppofés que la tigure
quarr~e
&
la cir–
culaire,
&
qui fa ir qu'une infinité d'arrriburs difcor–
dans
&
incomparibles,
&
toure la variéré
&
l'anri–
parhie des
penf~es
du genre humain fe cerrilient cout–
a-la-fois ' d'lme íeule
&
mt!me fubflance
rres-fimp.le&
indiviíible . On dir
ordinairem~nr,
q11o
t capita, totjetifits;
mdis
íelon
StitJofo,
tous les femimens de
cous les hommcs fonc dans une '1eule
t~te
. Rappor–
ter fimpl ement de
t~lles
chofes, c'efl les réfuter .
4"· .¡y1ais ti c'efl phyfiquemenr parlant, une abfur–
dité prodigieufe , qu' un fujet limpie
&
U,!!ique foit
modifié en
m~me-rem~
par les penfées de cous les
hommes ; c'efl une abominarían exécrable quand
OIJ
confidere ceci du cOté de la morale.
Quoi done! !'erre inti•\i, l'erre néceffaire, r,uve–
rainement parfair, ne fera point ferme, conflanr,
&
immuable? que dis-je, immuable
1
il oe (era pas un
momene le
m~me;
fes peníées fe fuccéderonc les
unes aux autre.s, fans fin
&
fans ce!fe ; la
m~me·
bi·
(!;arr\Jre de paflions
&
de feotimens ne fe, ver"l pas
éfeux fois : cela efl dur ;\ digérer.
Voici
bien pis:
cerre mobiliré contirmell e gardera beancoup d'uoi–
formirés en ce feos, que roujours pour ¡me. l>onne
pení~e ,
l'erre inlini en a.ura de mille forres ,
d'exrra~
vagame>, d'impures , d'Jbominables; il produira en
l.ui-1,11éme roures les folies, toures les
r~veries,
tou–
resles falerés, toures t·es ioiquirés du genre humain;
il en fera non-feulemenr la ca4fe etli.ciente, mais aufli
le .fujet palfif;
il
fe joindra avec elles-, par l'union 1:1.
plus imime que l'on puiffe
concevoir:
car c'efl une
uuion pénérrable, ou plurOt c'e,fl une vraie iqcnrhé,
J;?Wfque le mode n'efl ppint lliflinél réellemenr de 1:1.
(Ubflance modifiée. Plufieurs gr2nds philofophes ne
pouvant compreodre qu'il Joit compatible avee
l'~rr.e.
ionverainement bon, de i(ouffrir que l'homme foit
Ti
méchanc
&
fi malheureux,, ont fuppofé deux prínci–
pe~,
!'un bon ,
&
1'a4tre mauyajs:
&
vqici pn phi–
lp fo'phe qui rrouve ben que Dieu íoit bien
luí-m~- ·
me
&
l'~genr
&
le
p~tient
de tous les crimes ,
&
de coutes les miferes de l'homme . Que les ho(llmes
re
hai'flenc les uns les autres' qu'ils
s'enrr'allafliner~t
au c0in d'un bois , qu'ils s'aflemblent en corps d'ar–
mée pour s' enrreruer, que les vainqueurs
~angent
quelquefois
les
vaincus :
cela fe comprend, paree
qu'ils font diflinlls
l«lS
uns des autres; mais que les
hommes, n'éraot que 'la modification du meme erre.·.
n'y ayant par
conl~quent
que D ieu qui agifle_,
&
le
me¡¡¡e D ieu en
nombre~
qui fe tJ10dilie en cure, en
fe modifiant en hongrejs, il y 2ir des ggerres
~
¡les
barailles; c' efl ce qur f\lrpaffe tou' les .monflres
&
tous les
déreglemen~
chimériques des plus foll es
r~tes qu'on ait jamais enferrnées dans les perites-mai–
fons. A iníi daos le fyfleme
d~
Spinofo,
tous ceux qui
.difent,
les Allmw:ds
1111t
1116
dilf
"ulle
TtlrU,
parlent
mal