Table of Contents Table of Contents
Previous Page  404 / 824 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 404 / 824 Next Page
Page Background

)

\

394

S P I

que tour cela: l'idée de h

m~riere

demeure roojours

c elle d'un erre compofé, celle d' un amas de plofieurs

fubllances. Voicí de quoi bien prouver cela.

.

Les modalírés fonc des erres qui ne peuvenr ex•f- ,

t er fans la fubflJnce qu'elles modifienr, il faut done

q ue la fubflance fe rrouve par-tour ou il y a des mo–

cülités' il faÚr meme qu'elle fe multiplie

a

propor–

tion que les modilicarions incompatibles entre elles

fe mulriplienc. ll efl évidenr, nul fpinofifle ne )e peur

n ier , que la

fi~ure

quarrée,

&

la figure c•rcula•.re,

fon r incompatil>les daos le

m~mc

morceau de c¡r;,;

il faur done néceffairemenc que la fubflaoce modlfiée

p ar la figure quarrée ne foir pas la

m~me

fubflance

que celle qoi ell modiliée par la figura ronde : au–

tremenc la figure quarrée

&

la lig:ure ronde fe

tr.ou

veroienr en méme rems daos un ieul

&

m~me

fu¡et:

or cela efl impolfible.

2°.

S'il efl abfurde de faire Dieu éréndu, paree

que c'ell tui Orer la fimplicité ,

&

le compofer d'un

nombre inlini de parries, que dirons- nous, qua m!

nous fongerons que c'cfl le reduire a la condi1ion•de

la nacure la pl us

vil

e, en le faifanr marériel, lama–

tiere éranr le théarre de roures les corruprions

&

de

rous les changemens ? Les fpinqíifles

fopci~nnenr

popr–

tant qu'elle ne fouffre nulle divifion, mais

ils fou–

t iennenc cela par la plus frivole,

&

par la plus froi–

de chicanerie yui puiffe fe voir. Afin que la matie–

re

fUe

divllee ,

difenc- ils, il F.1udroit que 1' une de

fes porrions m r féparée des autres par des efpaces

vu ides: ce qui n'arrive jamais ; mús e' efl tres-mal

délinir la divifion. Nous fommes auifi réellement fe–

parés ele nos arnis, lorfque l'intervalle qui nous

(é–

pdre efl occupé par d'autres hommes rangés de lile,

que s'il éwit plein de terre . On renverfe í:lonc

&

les

--idées

&

le langage , quand on nous fo urienr que la

mariere redui re en cendres

&

en fumée, ne fouffre

poinr de (épararion?

· 3°. Nous allous voir des abfurdités encore plus

monflrueufes, en confidéranr le dieu de

Spi11ofo,

comme le fujet de toures les modificarions de la pen–

fée: c'efl déja une grande ditli.culré que de concilier

l'érendue & la penfée dans une feul e fubflance; & il

ne s'agit poinc ici d'un alliage comme celui des mé–

raux, ou comme celuí de l'ea u

&

du vin · cela ue

demande que la

juxta-pofition:

mais

l'alliage de la

1

penfée

&

<ie l'érendue doir erre une

identitf.

Je fuis

fUr que ti

Spino{a

avo1t rrouvé un re! embarras daos

u ne au rre feéle, il l'auroir jugée indigne de fon at–

tencion ; mais il ne s'en efl pas fait une affaire dans fa

propre ca ufe : ranr

il

efl vrai que ceux qui' cenfurent

1~

plus dédaigneufemenr les peufées des amres, (ont

forr indulgens envers eux-m<!mcs . ll fe moquoit fans

doure du myflere de la Triniré,

&

il

admiroit

u' une

inlinicé Je geus ofaffe•¡t psrl"r d'une narure formée

de rrois hypollafes . luí ' qui

a

proprernenr p2rler'

donne

a

la narure divine aurant de perfonnes qu'il

y

a de gens fur l:1 rerre;

il

regardoir comme J es fous

ceux q ui

~dmerran r

la cranfubflanriarion, difenr qu'un

homme peur érre rouc-a-la-fois en l)lufieurs lieux ,

vi–

vre

a

P~ ris ,

erre more

a

Rome,

&c.

tui qui fou cient

que la lubflance écendue , unic¡ue,

&.

indivifible, cfl

cour-a-la-fois par-rour, ici froide, ailleurs chaude,

ici rrifle, ailleurs gaie,

&c.

S'il

y

a c¡uelque chofe de cerrain

&

d'inconreflable

dans

les

connoiffan.:es humaines , .c'efl cene propofi–

rion-ci :

on

tle

peut u.flirmer v hitRhlemeJJt d'tm mitn(

jil–

jet,

PtiX

mimes égards,

&

m méme tems, dmx termu

qui,fo.tJt opf!ofh; par ex emp_le, o11 _ne p

ellt

pas dire.fatJs

melitir, P:en·e /(

porte

bw¡, Prerre

e.fl

fort

malade .

Les fp inoGfles ru inene cetre idée,

&

la

juflilient de

telle Jorre, qu'on ne fait plus ou ils.pourronr prendre

le caraélere de la vémé: car fi de "telles prop0firions

tlroient fauffes,

il

n'y en a point qu'on p'ílt g'Jranrir

pour vraies . Montrons que cet axiome efl tres-faux

daos leur f}!fleme,

&.

pofons d'abord pour maxime

inconreflable que tous les titres que l'on dunne

a

ce

fujer ; pour fig nifiet, bu tout ce qu'il Fdit, oll rout ce

qu'i l fo uffre, conviellnent propremenr

&

phyGque–

ment

a

la fubflance,

&

non pas a fes accidens . Quand

nbus difons le fer efl dur, le fer efl: pefanr, il s'en-

- (once daos l'eau; •nous ue prérendons point dire que

fa

duren~

efl dure., que fa peíanreur efl pefante,

&c.

ce langage feroi t rnh-impctcinenr; •nous

voulons

di–

re que. la fubflance

~tendue

'C)Ui

le compofe, réfifle,

qu\elle pe(e, qu'elle defcend fous l'eau. De méme

glland nous dilons qu'un homme nie , arlirmo, fe

fil–

che, careffe, lobe,

&c.

notls faifons comber. tous ces

~rtributs

fur la , fubflaóce merne de fon ame,

&

non

'

(

S PI

pas íur fes penfées , encane qu'elles font des

acci–

dens o u des modificacions . S'il étoit done vrai, com–

me le prétend

Spinofo ,

que les hommes fufl ent des

modalités de D ieu, on parleroit fauffement quand

on cliroir, P ierre nie ceci, il veut ceci, il veur cela •

il aflirme une telle chofe: car réellement , felon ce

fyfleme, c'efl Dieu qui nie, qu¡ veut, gui aflirme,

&

par conféc¡uent touces les dénominations qui réfi•l–

tent de touces les penfées des hommcs, tombent prn–

prement

&

phyfiquemen r fur la fubflance de D icu:

d'oii il s'en[uit que D ieu hait

&

aime, nie

&

atli.rme

les memes chofes' en meme tems'

fe ton toures

les condi tions requi[es, pour faire que la regle que

nous

avons

rapporrée rouchant les

termes oppofés ,

íoit faufl e: car on ne tauroir nier que feton toures

ces

condirions prifes en toure rigueur, cerrains hommes

n'aimenr

&

n'aflirment , ce que d'aurres hommes haiT–

fenr

&

nienr. Palfons plus avaQt: les termes conrra–

dilloires vouloir,

&

ne vouloir

~as ,

conviennent,

[elon

toures ces condirions, en meme tems,

a

diffé–

rens hommes;

il

faut done que dans le fyfleme de

Spiuofo ,

ils conviennenr

a

cecee fubflance unique

&

ind1vilible qu'on nomme D ieu . C'efl done Oieu qui

forme en

m~me

tems l'alle de vouloir,

&

qui ne le

forme pas

a

l'égard d'un m@me objet . On vérilie

done de luí deux termes contradiéloires , ce qui cfl:

le renveríemenr des premiers príncipes de la méra–

phyfique : un cercle -quarré n'efl pas plus une con–

rradiélion, qu'une fubflan ce qui aime

&

hair en

me–

me cems le m@me· objet : voila ce que c'efl que 1:1.

fa ufle délicareffe. Nocre humme ne p<>uvoit fouffrir

te, moindres obícurirés , ni du périparérifme, ni du

juda'iline, ni du chrillianifme,

&

il embrafloit de

couc fon cceur une hypothefe qui allie enfemble deux

termes aufli oppofés que la tigure

quarr~e

&

la cir–

culaire,

&

qui fa ir qu'une infinité d'arrriburs difcor–

dans

&

incomparibles,

&

toure la variéré

&

l'anri–

parhie des

penf~es

du genre humain fe cerrilient cout–

a-la-fois ' d'lme íeule

&

mt!me fubflance

rres-fimp.le

&

indiviíible . On dir

ordinairem~nr,

q11o

t capita, tot

jetifits;

mdis

íelon

StitJofo,

tous les femimens de

cous les hommcs fonc dans une '1eule

t~te

. Rappor–

ter fimpl ement de

t~lles

chofes, c'efl les réfuter .

4"· .¡y1ais ti c'efl phyfiquemenr parlant, une abfur–

dité prodigieufe , qu' un fujet limpie

&

U,!!ique foit

modifié en

m~me-rem~

par les penfées de cous les

hommes ; c'efl une abominarían exécrable quand

OIJ

confidere ceci du cOté de la morale.

Quoi done! !'erre inti•\i, l'erre néceffaire, r,uve–

rainement parfair, ne fera point ferme, conflanr,

&

immuable? que dis-je, immuable

1

il oe (era pas un

momene le

m~me;

fes peníées fe fuccéderonc les

unes aux autre.s, fans fin

&

fans ce!fe ; la

m~me·

bi·

(!;arr\Jre de paflions

&

de feotimens ne fe, ver"l pas

éfeux fois : cela efl dur ;\ digérer.

Voici

bien pis:

cerre mobiliré contirmell e gardera beancoup d'uoi–

formirés en ce feos, que roujours pour ¡me. l>onne

pení~e ,

l'erre inlini en a.ura de mille forres ,

d'exrra~

vag

ame>, d'impures , d'Jbominables; il produira en

l.ui-

1,11éme roures les folies, toures les

r~veries,

tou–

res

les falerés, toures t·es ioiquirés du genre humain;

il en fera non-feulemenr la ca4fe etli.ciente, mais aufli

le .fujet palfif;

il

fe joindra avec elles-, par l'union 1:1.

plus imime que l'on puiffe

concevoir:

car c'efl une

uuion pénérrable, ou plurOt c'e,fl une vraie iqcnrhé,

J;?Wfque le mode n'efl ppint lliflinél réellemenr de 1:1.

(Ubflance modifiée. Plufieurs gr2nds philofophes ne

pouvant compreodre qu'il Joit compatible avee

l'~rr.e.

ionverainement bon, de i(ouffrir que l'homme foit

Ti

méchanc

&

fi malheureux,, ont fuppofé deux prínci–

pe~,

!'un bon ,

&

1'a4tre mauyajs:

&

vqici pn phi–

lp fo'phe qui rrouve ben que Dieu íoit bien

luí-m~- ·

me

&

l'~genr

&

le

p~tient

de tous les crimes ,

&

de coutes les miferes de l'homme . Que les ho(llmes

re

hai'flenc les uns les autres' qu'ils

s'enrr'allafliner~t

au c0in d'un bois , qu'ils s'aflemblent en corps d'ar–

mée pour s' enrreruer, que les vainqueurs

~angent

quelquefois

les

vaincus :

cela fe comprend, paree

qu'ils font diflinlls

l«lS

uns des autres; mais que les

hommes, n'éraot que 'la modification du meme erre.·.

n'y ayant par

conl~quent

que D ieu qui agifle_,

&

le

me¡¡¡e D ieu en

nombre~

qui fe tJ10dilie en cure, en

fe modifiant en hongrejs, il y 2ir des ggerres

~

¡les

barailles; c' efl ce qur f\lrpaffe tou' les .monflres

&

tous les

déreglemen~

chimériques des plus foll es

r~tes qu'on ait jamais enferrnées dans les perites-mai–

fons. A iníi daos le fyfleme

d~

Spinofo,

tous ceux qui

.difent,

les Allmw:ds

1111t

1116

dilf

"ulle

TtlrU,

parlent

mal